Beckett (2021) de Ferdinando Cito Filomarino

par Selenie  -  26 Août 2021, 08:59  -  #Critiques de films

Après quelques courts métrages comme "Diarchia" (2010) et "Closing In" (2017) voici donc le premier long métrage du réalisateur italien Ferdinando Cito Filomarino qui est aussi et surtout l'assistant et réalisateur 2nde équipe depuis 2009 de Luca Guadagnino grand réalisateur auprès de qui il a appris notamment sur les films "Amore" (2009), "Call Me By Your Name" (2017) ou dernièrement le remake "Suspiria" (2018). On retrouve logiquement Guadagnino à la production de ce premier film de son poulain. Ce film siglé Netflix est une co-production italo-brésilienne pour une histoire qui se déroule en Grèce, pays en proie à une crise sans précédent depuis quelques années et donc propice au thriller politique. Pour cette histoire le cinéaste a co-écrit le film avec Kevin Rice dont c'est le premier scénario après avoir de temps en temps joué les acteurs notamment dans "Un Amour à New-York" (2002) de Peter Chelsom et "The Woodmsan" (2005) de Nicole Kassell... Beckett et April sont deux touristes américains en Grèce. Malheureusement après un accident de la route April meurt et Beckett se retrouve pourchassé par des tueurs dont un policier. Sans savoir pourquoi on en veut à sa vie il va tenter de rejoindre l'Ambassade des Etats-Unis mais il est poursuivi par des inconnus comme par les autorités dans un pays qu'il ne connaît pas tandis que le pays est sous tension après le kidnapping d'un enfant et quelques jours avant une grande manifestation politique qui doit se dérouler à Athènes...

Le couple de touristes est incarné par Alicia Vikander vue récemment dans "Tomb Raider" (2018) de Roar Uthaug et "L'Oiseau-Tempête" (2019) de Wash Westmoreland, puis John David Washington qui fait son trou malgré un papa prestigieux (Denzel) et après des premiers films réussis avec "Blackkklansman" (2018) de Spike Lee, "Tenet" (2020) de Christopher Nolan et "Malcolm & Marie" (2021) de Sam Levinson. Parmi les gentils citons Vicky Krieps vue cette année dans "Bergman Island" (2021) de Mia Hansen-Love et "Old" (2021) de M. Night Shyamalan, et Maria Votti qui est surtout la scénariste du film remarqué "Digger" (2021) de Georgis Grigorakis. Chez les méchants citons Boyd Holbrook habitué de ce genre de personnages vu notamment dans "Logan" (2017) de James Mangold et dans "The Predator" (2018) de Shane Black, les acteurs grecs Panos Koronis vu dans "Before Midnight" (2013) de Richard Linklater et "Chevalier" (2015) de Athina Rachel Tsangari puis Lena Kitsopoulou connue surtout een Grèce pour des films comme "Terre et Eau" (1999) de Panos Karkavenatos, "Liubi" (2005) de Laya Yourgou et "Pari" (2020) de Siamak Etemadi. Précisons que la musique plutôt bien inspirée est signée Ryuichi Sakamoto, grand compositeur japonais auquel on doit quelques sublimes partitions comme celles de "Furyo" (1983) de Nagisa Oshima, "Le Dernier Empereur" (1987) de Bernardo Bertolucci, "Talons Aiguilles" (1992) de Pedro Almodovar ou encore "The Revenant" (2015) de Alejandro Gonzales Inarritu... Alors qu'on s'attend en toute logique à une sorte de "Jason Bourne" (Vikander a d'ailleurs joué dans celui de 2016) sans espionnage et une pincée de drame politique  on s'aperçoit qu'on est plus dans un téléfilm de luxe en témoigne ce début avec un couple glamour dans un prologue touristique d'un ennui mortel. Ensuite on remarque un détail qui fait tout le sel nanardesque du film, où comment absolument tous les grecs parlent et comprennent l'anglais ; "Vous comprenez ce que je dis ? oui" est un dialogue revenant régulièrement sans que cela interroge à priori les deux scénaristes.

Pourtant l'intrigue est plutôt une idée judicieuse jouant sur l'actualité récente d'un pays déchiré mais à l'instar des dialogues il y a trop d'incohérences et/ou de facilités voir de maladresses. Ainsi on se demande ce qui déclenche l'envie de pousser l'enquête plus loin alors que Beckett/Washington n'a aucun élément probant à la base, surtout qu'il nous est présenté comme peu sûr de lui, ce qui ne l'empêchera pas, c'est vrai, de sauter de plusieurs mètres sans trop d'hésitation (?!), puis on sourit au nom de l'organisation extrêmiste (Sunrise) référence grossière à la vraie "L'Aube Dorée", on s'agace également de voir Beckett/Washington quand il a deux options de fuite et qu'il choisit toujours la plus stupides, d'ailleurs on s'agace aussi quand il se force à pleurer (Washington junior n'est clairement pas son père !)... etc... Le film aurait sans doute gagner en subtilité en donnant plus de place aux personnages féminins, faire mourir un des personnages les plus attachants après être apparue 5mn est clairement une très mauvaise idée, comme celle d'ailleurs de tout focaliser sur les épaules de l'acteur principal. Par contre un apprécie assez le choix de ne pas jouer la carte postale, la Grèce est montrée sans ces vestiges archéologiques, sans ses monuments historiques emblématiques, on est dans une Grèce à la fois contemporaine et presque tiers-mondiste qui colle idéalement à la crise et au propos de fond. Néanmoins tout ça est assez mince, il manque du rythme, un climax plus tendu, moins d'approximation. Au final on se dit que l'acteur n'est pas près de faire oublier son paternel, et que le réalisateur n'a le talent ni de son mentor Guadagino ni d'un Costa Gravas. Un film qui se regarde donc, mais trop inabouti pour rester dans les annales. 

 

Note :            

 

10/20
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