Matrix Resurrection (2021) de Lana Wachowski

par Selenie  -  22 Décembre 2021, 15:27

Près de 20 ans après la trilogie originelle avec le chef d'oeuvre "Matrix" (1999) suivi des suites "Matrix Reloaded" (2003) et "Matrix Revolutions" (2003) voici donc un quatrième épisode plutôt inattendu, mais qui n'est cette fois pas réalisé par les frères Wachowski, mais uniquement par Lana Wachowski en solo. On ne continuer sans rappeler que Lana est en Larry suite à son changement de sexe survenu en 2012, suivi de Lilly ex-Andy lui aussi après  son changement de sexe en 2016. Deux transitions de genre fraternelles donc, mais dont les conséquences pour leur carrière et leur choix, et notamment vis à vis de la franchise "Matrix", ont été bien différentes. En effet, après leur trilogie, les deux frères ont signé "Speed Racer" (2008), puis survint "Cloud Atlas" (2012) crédité avec Lana et Andy Wachowski, puis en tant que soeurs depuis "Jupiter : le Destin de l'Univers" (2015). Après avoir créé la série TV "Sense8" (2015-2018) les Wachowski ont dû affronté la maladie de leurs parents ce qui, semble-t-il, à ouvert deux voies différentes pour les deux soeurs. Lana déclare : "Une nuit, je me suis réveillée en ressentant une douleur extrêmement forte, et tandis que j'éprouvais une grande détresse en pensant à mes parents qui étaient en train de mourir, j'ai eu besoin d'imaginer une histoire qui puisse m'apaiser. C'est ainsi que mon esprit, un soir, a ressuscité ces deux êtres qui venaient de mourir : Neo et Trinity. Cette idée, qui avait surgi dans ma tête en pleine nuit, m'a aussitôt séduite : je me suis installée à mon bureau et j'ai commencé à écrire l'histoire." Mais si Lana a eu besoin de revenir vers ces deux personnages emblématiques suite à son changement d'identité, cela a été tout le contraire pour Lilly qui précise de son côté : "Je n'avais pas envie d'avoir fait cette transition, d'avoir traversé de tels changements dans ma vie, d'avoir conscience d'avoir perdu mes parents et de revenir à quelque chose du passé, de retrouver cette route que j'avais déjà explorée. Ca ne me satisfaisait pas émotionnellement parlant. C'était comme remettre des vieilles chaussures, je ne voulais pas de cela." Ce 4ème opus se fait donc sans Lilly (ni à la production ni à l'écriture), et sans le producteur Joel Silver. Lana Wachowski co-signe le scénario avec Aleksandar Hemon, romancier entre autre de "Le Projet Lazarus" (2010), et surtout avec David Mitchell romancier également et notamment de "Cartographie des Nuages" (2004) qu'il a justement adapté au cinéma avec les Wachowski sous le titre de "Cloud Atlas" (2012)...

Des années plus tard, Thomas Anderson ne se souvient de rien et est devenu un créateur de jeu vidéo mondialement connu, et vit une vie routinière à San Francisco, et suit régulièrement des séances chez un psychiatre qui lui prescrit des pilules bleues. Mais Thomas continue à faire des rêves étranges, et il commence à penser quand il croise la route de Tiffany avec qui il semble avoir un lien mystérieux. Quand soudain un certain Morpheus lui impose un choix entre sa pilule bleue et une pilule rouge monsieur Anderson doit assumer un passé où il se nommait Néo... On retrouve évidemment le couple phare de la saga, Néo toujours incarné par Keanu Reeves au top en revenant régulièrement avec une autre franchise, "John Wick" (2014-2022) de Chad Stahelski (et David leitch pour le  n°1), puis Trinity alias Carrie-Anne Moss qui n'était pas revenue au cinéma depuis "The Bye Bye Man" (2017) de Stacy Title mais vue à la télévision notamment avec la série TV "Tell Me a Story" (2019-2020). Parmi les retours notons qu'il y a en quelques sortes deux catégories, ceux qui ont vieilli, et ceux qu ine sont plus tout à fait les mêmes (?!). Ainsi on retrouve Niobé incarnée par Jada Pinkett Smith qui n'a pas fait plus de 10 films depuis la trilogie dont "Collateral" (2004) de Michael Mann et "Magic Mike XXL" (2015) de Gregory Jacobs, le Mérovingien toujours joué par notre frenchy Lambert Wilson vu récemment dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, et un certain Agent Johnson toujours interprété par Daniel Bernhardt qui retrouve Keanu Reeves après "John Wick" (2014) du duo Stahelski-Leitch. On s'interroge alors pour l'Agent Smith, qui n'est cette fois pas Hugo Weaving empêché à priori par un planning inadéquate, mais qui fait bien son retour cette fois incarné par le jeune Jonathan Groff vu dans "La Conspiration" (2011) de Robert Redford ou "American Sniper" (2014) de Clint Eastwood. Par là même on retrouve Morpheus sans Lawrence Fishburne, cette fois joué jeune par Yahya Abdul-Mateen II révélation de "Aquaman" (2018) de James Wan et "Les Sept de Chicago" (2021) de Aaron Sorkin et qui confirme après "Candyman" (2021) de Nia DaCosta, puis le retour d'une certaine Sati jouée ici par miss Monde 2000 Priyanka Chopra vue dernièrement dans "Le Tigre Blanc" (2021) de Ramin Bahrani. Chez les nouveaux protagonistes citons les acteurs Toby Onwumere, Max Riemett, Erendira Ibarra et Brian J. Smith qui retrouvent tous Lana Wachowski après la série TV "Sense8", Jessica Henwick remarquée dans "Star Wars VII : le Réveil de la Force" (2015) de J.J. Abrams, vue depuis dans "Underwater" (2020) de William Eubank, "On the Rocks" (2020) de Sofia Coppola et "Love and Monsters" (2021) de Michael Matthews, Chad Stahelski dans un petit rôle retrouvant ainsi Keanu Reeves et Daniel Bernhardt dans un autre contexte que "John Wick", un caméo de la savoureuse Christina Ricci qui retrouve Lana Wachowski après "Speed Racer" (2008), puis enfin et surtout l'analyste incarné par Neil Patrick Harris vu peu souvent sur grand écran n'ayant tourné que 3 films ces 7-8 dernières années avec "Albert à l'Ouest" (2014) de et avec Seth MacFarlane, "Gone Girl" (2014) de David Fincher et "Downsizing" (2017) de Alexander Payne... La première chose qui vient à l'esprit c'est évidemment de la nécessité de faire une suite aussi longtemps après, en solo de surcroît, et après un troisième film très décevant. Lana Wachowski veut surtout se servir d'une franchise mythique pour passer des messages pseudo-philosophiques sur la transidentité plus ou moins subliminaux appuyé par des déclarations à l'emporte-pièce sur le fait que le "Matrix" originel était déjà une déclaration dans ce sens ; bref on ira pas plus loin sur cet opportunisme anachronique. Il faut avouer que Lana Wachowski a des idées assez géniales, en premier lieu l'intrigue du retour est certe un peu facilement amenée mais elle suit ensuite une évolution cohérente 18 ans après (ou plutôt 60 ans après !) avec des décalages "intergénérationnels" aussi intrigants et fascinants que peu compréhensibles en vérité.

Le casting est en cela plus ou moins réussi. Par exemple le nouvel équipage est trop calqué sur la première trilogie mais mené avec la manière par une Jessica Henwick inspirée, on apprécie un Morpheus qui ne copie pas l'orignal, qui assume une jeunesse plus "revigorante", par contre on aurait aimé le retour du "vrai" Smith car si Jonathan Groff assure il est dommage que la réalisatrice n'est pas voulu attendre que Hugo Weaving se libère suite à sa pièce de théâtre (Lana trop pressée ?!). Dommage car si il n'y a pas de Néo sans Trinity, il n'y a pas de Néo sans Smith également. Le plus désolant est le retour de l'emblématique Mérovingien, Lambert Wilson revient pour faire le clown 3-4mn, c'est ridicule que risible offrant ainsi un des 2-3 rires un peu honteux du film. Il semble que la cinéaste a voulu instillé un peu d'humour en effet, mais l'effet est surtout involontaire, si on rit c'est du ridicule des situations. Ensuite on s'aperçoit que la cinéaste use et abuse un peu trop de flash-backs il est ainsi aisé d'en faire un film de 2h28, soit le plus long de la saga mais grâce à de nombreux passages simplement copiés-collés d'après les premiers films. Des flash-backs pour bien rappelés et bien expliqués ce qu'on aurait peut-être pas compris les clins d'oeil ou autre souvenirs lointains. Puis enfin arrive l'autre point faible, la mise en scène qui est cette fois trop nerveuses, trop clippesques surtout dans les scènes d'action dont on ne perçoit rien tant elles sont coupées-découpées au hachoir. On constate d'ailleurs que le style et la chorégraphie n'a pas beaucoup évolué en plusieurs décennies. Le temps a passé, la technologie évolue donc logiquement. Mais, par exemple, on se demande aussi comment l'opérateur de l'équipage peux apparaître façon hologramme dans la Matrice, puis du téléphone on passe donc désormais par un portail qui intrigue toutefois lorsqu'à la fin le couple Néo-Trinity disparaît-réapparaît sans qu'on sache comment ni pourquoi ; d'ailleurs cette scène est à marquer d'une pierre blanche car elle est un twist aussi frappant que éhontement opportuniste qui brise aussi la mythologie originelle de la saga. En conclusion, la force du film réside dans la nostalgie d'un mythe cinématographique, que la ligne directrice du récit est prenante, plusieurs idées autour des personnages sont vraiment bien trouvées mais trop d'incohérences et trop de choix malheureux à côté font que le film reste une déception aux velléités vaines.  

 

Note :      

 

09/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :               

08/20
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