Skin (2019) de Guy Nattiv
Attention, titre assez commun à ne pas confondre avec de nombreux courts métrages, séries ou documentaires, voir avec les longs métrages homonymes (1987) de Guido Henderickx, (2008) de Anthony Fabian ou (2008) de Hanro Smitsman. Mais surtout on notera que Guy Nattiv, le réalisateur des films "Strangers" (2008) co-réalisé avec Erez Tadmor et en solo "Mabul" (2010), signe avec ce troisième long métrage une adaptation de son court métrage homonyme "Skin" (2018) récompensé de l'Oscar du meilleur court métrage 2018. Une reconnaissance qui lui a permis de produire la version longue sur cette histoire vraie de Byron Widner (tout savoir ICI), un skinhead néo-nazi repenti. Outre son court métrage, on ne doute pas que le documentaire "Erasing Hate" (2011) de Bill Brumel a dû servir d'information. Le film se place dans la lignée de quelques films sur le sujet des skinheads néo-nazis comme "Romper Stomper" (1992) de Geoffrey Wright, "Danny Balint" (2001) de Harry Bean, "American History X" (1999) de Tony Kaye, "Made in Britain" (2006) de Alan Clarke, "Guerrière" (2013) de David Wnendt, "R" (2014) de Tobias Lindholm et Michael Noer, "Heart of a Lion" (2014) de Lome Karukoski et le frenchy "Un Français" (2015) de Diastème. Pour cette adaptation en long métrage, Guy Nattiv signe le scénario en solo contrairement au court, et précisons qu'à la production on trouve Jaime Ray Newman, son épouse à la ville qui joue un petit rôle dans le film... Début des années 2000, Bryon Widner est un membre influent du groupe de suprémacistes blancs des Vinlanders Social Club dont le leader est son oncle qu'il considère comme son père adoptif. Un jour il rencontre Julie, ex-adepte qui a quitté le mouvement pour sauvegarder ses filles. Ils tombent amoureux mais elle refuse de continuer si il ne change pas ce qu'il finit par comprendre mais quitter le mouvement n'est pas si aisé. Bryon évolue jusqu'à joindre Daryle Jenkins, un ennemi aux yeux des néo-nazis puisqu'il est le fondateur de One People's Project qui lutte contre les organisations racistes...
Bryon Widner est incarné par Jamie Bell, révélé par "Billy Elliott" (2000) de Stephen Daldry et vu depuis entre autre dans "My Name is Hallam Foe" (2007) de David MacKenzie, "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher ou "Sans Aucun Remords" (2021) de Stefano Sollima. Celle pour qui il change, Julie est jouée par Danielle Macdonald vue dans "Bird Box" (2018) de Susanne Bier, "Dumpin'" (2018) de Anne Fletcher ou "Paradise Hills" (2021) de Alice Waddington. Parmi les autres membres des suprémacistes citons Vera Farmiga essentiellement connue pour son rôle de Lorraine Warren dans la franchise "Conjuring" (2013-2021), Bill Camp vu récemment dans "Joker" (2019) de Todd Phillips, "Clair-Obscur" (2021) de Rebecca Hall, il retrouve d'ailleurs après "Dark Waters" (2020) de Todd Haynes sa partenaire Louisa Krause vue aussi dans "Martha Marcy May Marlene" (2011) de Sean Durkin et "Young Adult" (2011) de Jason Reitman, Daniel Henshall vu dans "Mister Babadook" (2014) de Jennifer Kent, "Ghost in the Shell" (2017) de Rupert Sanders et "Okja" (2017) de Bong Joon-Ho. Le leader noir est incarné par Mike Colter remarqué dans "Million Dollar Baby" (2004) de et avec Clint Eastwood et vu depuis dans "Zero Dark Thirty" (2012) de Kathryn Bigelow ou encore "Black and Blue" (2019) de Deon Taylor, puis enfin une agente du FBI jouée par Mary Stuart Masterson une actrice majeure d'une époque avec "Comme un Chien Enragé" (1986) de James Foley, "Beignets de Tomates Vertes" (1991) de Jon Avnet ou "Benny and Joon" (1993) de Jeremiah S. Chechick mais qui a disparu des radars du Septième Art depuis son second rôle dans "The Sisters" (2005) de Arthur Allan Seidelman... Filmé de façon naturaliste façon docu-fiction, dans un style donc très immersif le film entre dans le vif dès les premières minutes. En quelques instants on a donc une horde de beaufs racistes et une rencontre coup de foudre. On sent alors la volonté de faire un film coup de poing, dense et direct mais on a aussi la sensation que le réalisateur veut sans doute aller trop vite.
L'évolution de ce Bryon Widner se fait rapidement, et les différentes étapes peuvent parfois paraître trop survolées voir même inexploitées. Le choix de devenir plus "vertueux" est rapide mais l'amour menant à tout pourquoi pas ?! Par contre, d'autres passages auraient mérité d'être plus étoffés comme le processus réel de la sortie avec l'association puis avec le FBI ; d'ailleurs sur ces derniers cela se résume à une Mary Stuart Masterson inexploitée en quelques petites minutes. Mais ça passe, car dans les faits effectivement ce fût assez rapide (rencontre + exfiltration et fin de la chirurgie esthétique) en moins de 4-5 ans, et les acteurs sont impressionnants d'investissements dans des décors plus vrais que nature. Mais le film pêche vraiment sur deux autres points. D'abord les flash-forwards (inverse de flash-backs) dévoilent trop de choses durant le récit et finalement ne donnent pas toute la mesure de temps et d'abnégation qu'il a fallu au "héros" pour s'en sortir. Ensuite et surtout l'organisation de Vinlanders Social Club était un des groupes les plus puissants et dangereux des Etats-Unis, mais dans ce film on a surtout l'impression qu'il s'agit d'un petit gang façon secte sans envergure ce qui ne montre pas l'ampleur du phénomène. Guy Nattiv signe un long sans aucun doute très intéressant, merveilleusement incarné par des acteurs au diapason, au climax qui rend bien le contexte géo-social, mais le FBI est occulté alors que rien n'aurait pu être fait sans eux, et que l'importance des Vinlanders n'est pas du tout démontrée. On pourrait même regretter l'absence de transposition de certaines séquences du court comme par exemple l'exercice de tir. Au final un film didactique et ludique mais qui n'approfondit pas assez son sujet et qui, mine de rien, insiste sur la haine mais pas assez sur la rédemption. Un film pourtant à conseiller.
Note :