Des Feux dans la Nuit (2022) de Dominique Lienhard
Il aura fallu attendre longtemps le second long métrage de Dominique Lienhard après son premier film "Müetter" (2006). Pour ce projet il adapte la nouvelle "Naufrages" (1982) de Akira Yoshimura, auteur dont le roman "Liberté Conditionnelle" (1988) a été adapté pour le film "L'Anguille" (1997) de Shohei Imamura. Le réalisateur-scénariste précise : "Quand j'ai lu la nouvelle de Yoshimura, j'ai été ému par l'histoire de ce garçon courageux, par sa lutte pour regagner l'amour de sa mère et l'admiration de son père. J'ai été bouleversé à la fin du roman, quand il lève les yeux et voir son père revenir. En refermant le livre, j'étais persuadé qu'il y avait là matière à faire un film émouvant. Au fil de l'écriture du scénario, je me suis aperçu que le manque de maturité et la docilité du jeune garçon dans la nouvelle de Yoshimura ne me convenait pas. J'avais envie qu'il oppose à sa mère, qu'il se révolte contre les lois du village. Or, ce genre de révolte me semblait davantage correspondre à la mentalité occidentale, d'où cette transposition dans le monde européen."... Alan, jeune de 15 ans, vit avec sa famille dans un petit village isolé entre mer et montagne. La vie difficile oblige son père a quitté le village pour travailler ailleurs, laissant Alan responsable de la famille et surtout chargé de surveiller les grands feux de la plage qui servent officiellement pour le sel, mais aussi à attirer les bateaux qui s'échouent ainsi les soirs de tempête...
Le jeune Alan est interprété par Igor Van Dessel remarqué dans "L'Echange des Princesses" (2017) de Marc Dugain, "Ma Reum" (2018) de Frédéric Quiring, "L'Ecole est Finie" (2018) de Anne Depetrini ou "Ils sont Vivants" (2022) de Jérémie Elkaïm retrouvant ainsi ce dernier dans le rôle du père, réalisateur de son premier film mais surtout acteur vu récemment dans "Premières Vacances" (2019) de Patrick Cassir, "On Ment toujours à Ceux qu'on Aime" (2019) de Sandrine Dumas et "Debout sur la Montagne" (2019) de Sébastien Betbeder. La mère est incarnée par Ana Girardot vu dernièrement dans "Cinquième Set" (2021) de Quentin Reynaud et "Ogre" (2021) de Arnaud Malherbe. Citons ensuite Tom Rivoire vu dans "La Guerre des Boutons" (2011) de Yann Samuel, "Tiens-Toi Droite" (2014) de Katia Lewkowicz et "Des Nouvelles de la Planète Mars" (2016) de Dominik Moll, Virgil Amadéï aperçu dans quelques séries TV à l'instar de sa partenaire Louna Espinosa vue aussi au cinéma dans "Rumba la Vie" (2022) de et avec Franck Dubosc, Manon Chammah aperçue dans "L'Ordre des Médecins" (2019) de David Roux, puis Ophélie Bau révélation du dyptique sulfureux "Mektoub, my Love" (2018-2019) de Abdellatif Kechiche dont la polémique à freiner la carrière de la jeune actrice malgré quelques seconds rôles comme dans "Vaurien" (2020) de Peter Dourountzis... Le cinéaste voulait faire de son film un "conte se déroulant dans le passé et non pas un drame historique référencé. Le 16ème siècle lui semblait contenir en germe l'imaginaire qu'il souhaitait mettre en avant." C'est là le premier gros soucis du film car le réalisateur choisit une mise en scène très sobre et et austère, un style très réaliste qui va à l'encontre du fabuleux qui régit le genre du conte.
Ainsi loin d'être un conte ou une fable on constate qu'on serait plutôt dans un film historique rude et âpre à la façon d'un "Michael Kohlhaas" (2013) de Arnaud des Pallières. Mais si on se dit qu'on doit se trouver fin du Moyen-Âge, et qu'on sait que le tournage s'est déroulé en Corse on a aucune information qui nous permet de situer le contexte historique, géo-politique ou social. Un petit village de pêcheur dans la misère qui meurt de faim, comment et pourquoi ?! On ne saura jamais pourquoi la mer n'offre pas assez de denrées, ni pourquoi ce village semble vivre autant en autarcie, comme on ne saura jamais qui est vraiment ce marchand qui rend visite régulièrement. Le naufrage semble être un point central du récit et pourtant les conséquences restent très anecdotiques ensuite. Enfin, la reconstitution d'époque est un peu laborieuse, si le village est inspiré dans son agencement, son architecture ainsi uni aux éléments on n'est plus circonspect quand aux costumes, simplistes mais tellement propres que ça ne colle pas à ce quotidien dur et difficile. L'histoire est finalement vide de passion et de substance, reposant uniquement sur un ado qui va devenir un homme, thématique maintes fois traitée de façon bien plus enrichissante. Bref, en conclusion, un téléfilm qui manque autant d'ambition que d'audace, sans doute de moyens aussi, pour une histoire de toute façon qui manque de chair et d'une réelle ligne directrice. Dommage.
Note :