Le Solitaire (1981) de Michael Mann
À ne pas confondre avec le frenchy "Le Solitaire" (1987) de Jacques Deray avec notre Bebel national. Après avoir créer la série TV "Vegas" (1978), signé son premier téléfilm "Comme un Homme Libre" (1979), Michael Mann réalise enfin son premier long métrage avec une ambition déjà bien présente. Il choisit d'adapter le livre "The Home Invaders" (1975) de Frank Hohimer, ce dernier qui était encore en prison au moment du tournage a écrit avec ce livre une sorte de réel "manuel de cambriolage". Le livre est surtout composé de souvenirs et d'anecdotes, le réalisateur-scénariste a préféré extraire du livre un certain langage, un mode opératoire précis et la description qui est faîte du milieu des gangsters. Le livre se focalise sur les années 50-60, Mann adaptera plusieurs paramètres vis à vis des avancées technologiques des années 70. Michael Mann est également co-producteur, il collabore pour ce premier film avec un certain Jerry Bruckheimer, inconnu qui venait de produire "American Gigolo" (1980) de Paul Schrader et qui va devenir un des nababs de Hollywood avec bientôt "Le Flic de Beverly Hills" (1984) de Martin Brest et "Top Gun" (1986) de Tony Scott... Après 11 ans passé en prison, Frank, perceur de coffre réputé dans le Milieu et spécialiste du vol de diamants, aimerait bien trouver l'amour et se ranger. Il trouve enfin l'amour auprès de Jessie, et pressé de se ranger et fonder une famille il accepte contre ses principes habituels de travailler pour un gros ponte pour gagner plus en moins de temps. Malheureusement, ce gros ponte n'a pas franchement l'intention de laisser partir son gagneur...
Le solitaire voleur de diamant est incarné par James Caan, alors au sommet après les succès des films "Le Parrain" (1972) de Francis Ford Coppola, "Le Flambeur" (1974) de Karel Reisz, "Rollerball" (1975) de Norman Jewison ou "Tueur d'Elite" (1975) de Sam Peckinpah. Sa petite amie est interprétée par Tuesday Weld vue dans "Une Seconde Jeunesse" (1960) de Blake Edwards et "Le Kid de Cincinnati" (1965) de Norman Jewison et qui sera encore remarquée dans "Il était une fois en Amérique" (1984) de Sergio Leone et dans "Chute Libre" (1993) de Joel Schumacher. Le ponte Leo est joué par Robert Prosky, qui n'avait jamais pratiquement jamais tourné pour les écrans, comédien de théâtre renommé il deviendra après ce film un second rôle recherché retrouvant Mann pour "La Forteresse Noire" (1983), puis on retiendra entre autre "Christine" (1983) de John Carpenter, "Mme Doubtfire" (1993) de Chris Columbus ou encore "La Dernière Marche" (1995) de Tim Robbins. Les proches du Solitaire sont joués par Willie Nelson, célèbre chanteur de country acteur occasionnel de "Le Cavalier Electrique" (1979) de Sydney Pollack à "Zoolander 2" (2016) de et avec Ben Stiller en passant par "Des Hommes d'Influence" (1997) de Barry Levinson, puis James Belushi qui avait un seul petit rôle non crédité avant dans "Furie" (1978) de Brian De Palma et qui deviendra connu avec les succès de "Un Fauteuil pour Deux" (1983) de John Landis, "Salvador" (1986) de Oliver Stone et "Double Détente" (1988) de Walter Hill. Citons ensuite plusieurs acteurs qui débutent plus ou moins directement avec ce film, William L. Petersen qui deviendra star avec "Police Fédéral, Los Angeles" (1985) de William Friedkin avant de retrouver Michael Mann pour "Le Sixième Sens" (1986) où ils retrouveront Dennis Farina ancien vrai flic qu'on verra plus tard entre autre dans "Get Shorty" (1995) de Barry Sonnenfeld, "Hors d'Atteinte" (1998) de Steven Soderbergh ou "Snatch" (2000) de Guy Ritchie, Michael Paul Chan vu plus tard dans "Chute Libre" retrouvant ainsi Tuesday Weld, "Maverick" (1994) de Richard Donner et retrouvant Michael Mann pour "Révélations" (1999), John Kapelos vu ensuite dans "The Breakfast Club" (1985) de John Hugues et "L'Avocat du Diable" (1993) de Sidney Lumet, puis enfin Bruce A. Young vu plus tard dans "La Couleur de l'Argent" (1986) de Martin Scorcese et "Basic Instinct" (1992) de Paul Verhoeven... Au casting, le réalisateur a choisi essentiellement d'authentiques voleurs et policiers qu'il s'est plus le plus souvent à offrir des rôles à contre-emploi comme Dennis Farina. Idem, le réalisateur s'est entouré de conseillers techniques étant de réels voleurs dont John Santucci qui a inspiré James Caan pour son rôle, et qui a même fournis du matériel de pros entre autre pour la scène d'ouverture !
On note que le titre français est trompeur, le Solitaire a des amis proches, une fiancée, des employés... etc... alors que le titre en V.O. est plus parlant "Thief" signifiant simplement "Voleur". Le scénario est assez classique sur le fond, un as dans son domaine veut raccrocher après un dernier gros coup mais un caïd ne veut pas que sa poule aux oeufs d'or s'arrête. Un canevas déjà vu car souvent efficace. On respecte le travail sur le réalisme des actions, sur la recherche d'authenticité mais on reste aussi bloqué par un héros/Caan qui n'est pas toujours très subtil, surjouant le dur à cuire et on s'étonne qu'un cambrioleur soit si peu discret quand il dépasse les bornes en société. Sinon, on se demande à quoi sert Willie Nelson, carrément sous-exploité pour ne pas dire complètement accessoire. Par contre on aime la douceur de Tuesday Weld et l'ignominie tranquille de Robert Prosky. Mais surtout on aime la mise en scène de Michael Mann dont on perçoit le style naissant, entre musique eighties, l'omniprésence de la vie nocturne, les néons se reflétant sur le bitume humide et les carosseries... etc... Mais si on apprécie le Michael Mann qui se cherche, le futur grand réalisateur de plusieurs chefs d'oeuvres, on ne peut nier qu'il tombe sur des écueils comme le cliché du héros qui insulte sa belle pour lui cacher ses sentiments avant le grand final, où une fusillade flamboyante mais sans fluidité et surtout peu réaliste. Le film ne rencontre pas franchement son public récoltant un peu plus de 11 millions de dollars au box-office US, ainsi qu'un peu plus de 150 000 entrées France malgré le casting et l'ambition du projet, et ce avec un budget de 5,5 millions de dollars. Le film gagnera ses galons au fur et à mesure que Mann s'améliorera sur ses prochains films, néanmoins ce film reste une curiosité comme la naissance "officielle" d'un grand réalisateur mais qui reste objectivement maladroit. Note généreuse.
Note :