Athena (2022) de Romain Gavras
Après "Notre Jour Viendra" (2010) et "Le Monde est à Toi" (2018) voici le retour Romain Gravas derrière la caméra dans un nouveau film qui se passe dans nos cités de banlieue même si le cinéaste s'en défends et qu'il met en avant ses origines grecques : "Dans cette histoire familiale qui raconte la grande histoire, la forme est essentielle. Athena est un film qui veut parler aux sens. Créer l'impression de temps réel par des plans-séquences et donner une expérience de cinéma immersive. Être avec vos personnages qui n'ont pas le temps de réfléchir. Embrasser l'épique et l'intime. Que l'intensité des visages , des émotions de no shéros nous parle autant que le bruit sourd du hors-champ qui gronde. Ne pas avoir peur de la démesure, du spectacle, de la force des images." Romain Gravas co-signe le scénario avec Elias Belkeddar qui a écrit pour "Mes Jours de Gloire" (2019) de Antoine de Bary et surtout avec Ladj Ly réalisateur-scénariste particulièrement remarqué pour son puissant "Les Misérables" (2019) avec lequel d'ailleurs la filiation semble une évidence. À noter que si ce dernier à pu cartonner en salles obscures le film de Gravas ne sera diffusé que sur la plate-forme Netflix..
Abdel est un militaire qui a dû revenir du front à la suite de la mort de son petit frère apparemment tué lors d'une bavure policière. Malgré son appel au calme la cité s'embrase menée par son propre frère cadet Karim tandis que l'aîné Moktar est un dealer qui ne s'intéresse qu'à son business en péril vu les émeutes. Alors que la police pousse Abdel à les aider à calmer tout le monde et en priorité son frère Karim, la cité s'embrase comme jamais mettant aussi en danger les habitants alors qu'une rumeur apparaît que les policiers seraient innocents... La fratrie en deuil est composé des acteurs Dali Benssalah vu dans "L'Homme Fidèle" (2018) de et avec Louis Garrel, "Mourir peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga et "Mes Frères et Moi" (2021) de Yohan Manca, Ouassini Embarek vu dans "Le Convoyeur" (2004) de Micolas Boukhrief, "Virgil" (2004) de Mabrouk El Mechri ou encore "Paradis Perdu" (2012) de Eve Deboise, puis Sami Slimane dans son premier rôle. Dans la cité citons encore Alexis Manenti qui retrouve le réalisateur-scénariste après "Le Monde est à Toi" (2018) mais surtout rôle principal dans "Les Misérables" (2019), puis Birane Ba membre de la Comédie Française qui retrouve après "La Prière" (2018) son partenaire Anthony Bajon vu récemment dans "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain et "Un Autre Monde" (2022) de Stephane Brizé. Ne citons pas, dans un quasi propre rôle, le nom d'un avocat dans la vie spécialiste de cas particuliers comme la défense de multirécidivistes ou de Tariq ramadan accusé de viol... Romain Gravas insiste et persiste à dire qu'il ne s'agit pas d'un film sur les banlieues : "Ni méchants ni gentils, mais un choeur de personnages avançant inexorablement vers la tragédie, poussés par leur destin et le piège qui leur est tendu. En écrivant ce film avec Ladj et Elias, nous voulions un postulat de départ simple ; être à l'intérieur de l'étincelle qui va embraser la nation. partir de l'intime d'une fratrie dont la douleur et la violence vont déborder sur la cité, et en hors-champ sur le pays." Si on écoute Romain Gravas, enfant de la balle fils du grand Coast Gravas, il ne parle pas des cités mais parle de révolution mené par des frères en deuil qui ne voient pas plus loin que leur haine et leur rage en tentant une sorte de variation autour de la tragédie grecque. Ben voyons... Le fil débute vite dans la violence aveugle pour partir dans une simple montée en puissance vers une cité qui s'embrase et tombe dans le chaos le plus effrayant. D'emblée le réalisateur impressionne, d'abord par un prologue impressionnant autant dans la maîtrise de la forme que sur la mise en place de l'émeute. Clairement Romain Gravas le désire, le veut et le montre, une démonstration technique et formelle pour une démonstration de force des cités fantasmée par un cinéaste né dans l'opulence loin des cités dont il voudrait faire partie.
Les plans-séquences sont magnifiques, ont une réelle force évocatrices et sont d'une efficacité redoutable. Avouons-le on est plusieurs fois scotché au siège. Malheureusement le cinéaste oublie que la mise en scène n'est pas tout dans un film, il faut aussi une histoire (un certain Gabin disait : "Un bon film c'est avant tout une bonne histoire !") et du fond. C'est là que la bât blesse. D'abord quoi qu'il en dise, Romain Gravas signe une énième variation autour du mal être des cités, en tapant sur la Police pour changer et on pourrait y voir une suite au film "Les Misérables" mais en version sans cerveau. En effet, le film est bien maladroit puisqu'il montre et démontre toute la stupidité bas du front de tout un pan de population symbolisé par Karim/ Slimane qui s'impose en une sorte de général-dictateur de la cité complètement hystérique et jamais la moindre once de pitié et/ou de réflexion, petit roquet assez crétin pour faire la guerre parce qu'il veut venger un frère mort mais prêt tuer un autre de ses frères ?!! Et que dire de l'aîné, tout aussi hystérique et aveugle mais pour d'autres raison mais de surcroît dans une surjeu outrancier en roue libre de Ouassini Embarek. Ces deux acteurs sont des caricatures qui permettent un jugement extrême qu'on ne voyait pas venir, seul le militaire est intéressant car pris entre deux feux, et joué avec beaucoup plus de nuance par Dali Benssalah malgré un retournement de situation peu compréhensible ou si mal amené. Sur le fond, le film est un vrai torchon aussi incompréhensible que bête à la morale tendancieuse aussi bien si on est d'un côté ou de l'autre façon balle dans le pied. Sur la forme Romain Gavras prouve justement qu'il en a sous le pied mais ce n'est pas suffisant. N'est pas Costa qui veut ! Quel gâchis...
Note :