Tout le Monde aime Jeanne (2022) de Céline Devaux
Premier long métrage de Céline Devaux, et surtout premier film en live puisque la cinéaste est avant tout une spécialiste de l'animation qui s'est déjà fait fait particulièrement remarquée avec ses courts métrages dont "Le Repas Dominical" (2015) César du meilleur film d'animation 2016 et "Gros Chagrin" (2017) prix du meilleur film d'animation au Festival de Venise. La jeune artiste a voulu aller vers autre chose : "J'ai réussi à parler de chagrine et d'amour, des thèmes importants pour moi et j'ai découvert pour la première fois le travail avec les acteurs. Je suis heureuse d'avoir fait Gros Chagrin mais je crois que je suis restée un peu polie." La cinéaste a voulu un film "hybride" qui parle d'expatriation (parce qu'elle n'a pas grandi en France), puis d'inquiétude individuelle façon "suis-je une bonne personne ?" : "Nous sommes dans un monde où l'information est omniprésente, dans un état de vigilance permanent. Le pire c'est qu'on s'habitue presque à ça. En fait, si on analyse la situation, c'est quasiment la définition clinique de la dépression : se lever, savoir que tout est merdique et n'avoir aucune possibilité d'agir."...
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Jeanne est populaire, Jeanne est aimé de tout le monde et tout semble aller pour le mieux dans sa vie. Mais en fait elle est surendettée, seule solution désormais, vendre l'appartement de sa défunte mère qui se trouve à Lisbonne. En partance pour le Portugal afin de finaliser ce projet elle croise à l'aéroport un ancien camarade, Jean qui se trouve être toujours aussi fantasque et envahissant qu'il l'était au lycée... Jeanne est incarnée par l'humoriste Blanche Gardin qui se fait une place de choix dans le paysage français depuis quelque temps dont les récents "Effacer l'Historique" (2020) du duo grolandais Delépine-Kervern, "France" (2021) de Bruno Dumont et l'inénarrable "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse. Son camarade d'école est interprété par Laurent Lafitte toujours aussi prolifique avec entre autre "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller, "L'Heure de la Sortie" (2019) de Sébastien Marnier, "Les Fauves" (2019) de Vincent Mariette ou "L'Origine du Monde" (2021) de lui-même. Citons ensuite Maxence Tual qui retrouve Blanche Gardin après le film collectif "Selfie" (2019), et vu depuis dans "Antoinette dans les Cévennes" (2020) de Caroline Vignal, "Vers la Bataille" (2020) de Aurélien Vernhes-Lermusiaux et "Garçon Chiffon" (2021) de Nicolas Maury, Nuno Lopes acteur portugais vu notamment dans "Ma Mère" (2004) de Christophe Honoré, "Les Lignes de Wellington" (2012) de Valeria Sarmiento ou "Une Fille Facile" (2019) de Rebecca Zlotowski, Marthe Keller grande actrice de "Marathon Man" (1976) de John Schlesinger à "L'Ordre des Médecins" (2019) de David Roux en passant par "Fedora" (1978) de Billy Wilder, "Les Yeux Noirs" (1987) de Nikita Mikhalkov, "L'Ecole de la Chair" (1998) de Benoît Jacquot ou "L'Economie d'un Couple" (2061) de Joachim Lafosse, puis enfin n'oublions pas dan sun petit rôle Léa Mysius réalisatrice de "Ava" (2017) et "Les Cinq Diables" (2022)... Le film débute avec une femme ambitieuse dont le projet se casse littéralement la gueule, résultat, Jeanne devient juste dépressive sans vraiment s'en rendre compte. Une dépression symbolisé par une sorte de femme à barbe en animation aussi primaire que simpliste.
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Très vite donc on comprend que l'unique originalité du film est cette animation, une sorte d'esprit et/ou subconscient qui remplace l'habituelle dualité ange/diable mais qui est très vite un truc redondant rarement drôle car trop redondant et soulignant des choses évidentes. En plus de madame barbe il semble que la réalisatrice ait encore voulu préciser les choses avec en prime une voix Off pour rajouter les pensées de Jeanne sur des trucs tout aussi banals ou insipides. Bref, le "mauvais" génie de la femme à barbe ou la voix Off, il aurait fallu choisir. Heureusement on aime Blanche Gardin qui assure sans en faire trop mais elle est dans une histoire un peu vaine où l'introspection manque sur le fond de corps et de coeur, la réalisatrice pensant combler avec l'animation et la voix Off. Dans le genre d'ailleurs l'actrice aura connu un film bien plus riche avec le récent "France" (2021) de Bruno Dumont, et on pourrait aussi citer des femmes dépressives qui ont plus à raconter comme le drame "Une Femme sous Influence" (1974) de John Cassavetes, le plus léger "Blue Jasmine" (2013) de Woody Allen, ou encore "Cake" (2015) de Daniel Barnz voir "Jalouse" (2017) des frères Foenkinos ou la comédie US "Tully" (2018) de Jason Reitman. C'est dommage car il y a de l'idée, mais les trucs et astuces pour un semblant d'originalité et de créativité semblent surtout des artifices sur lesquels on reste trop en retrait.
Note :