Luise (2023) de Matthias Luthardt

par Selenie  -  28 Juin 2024, 08:01  -  #Critiques de films

Nouveau film du méconnu Matthias Luthardt réalisateur néerlandais ayant essentiellement travaillé pour la télévision malgré quelques longs métrages dont "Pingpong" (2007) et "Die Grosse Revolution" (2016). Pour son projet autour d'une histoire d'amour inattendue et "contre nature" en 1918 il adapte en fait le roman court "Le Renard" (1922) de D.H. Lawrence auteur surtout connu pour son roman "L'Amant de Lady Chatterley" (1928). Précisons que le roman a déjà été adapté avec "Le Renard" (1967) de Mark Rydell de façon plus fidèle, ici l'adaptation est plus libre et transposé dans un autre contexte. Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Sebastian Bleyl qui a également surtout travaillé sur des séries TV avec une exception notable en signant le scénario du film "Fado" (2016) de Jonas Rothlaender... Octobre 1918, la guerre semble ne jamais pouvoir finir. Luise, jeune femme vivant seule dans une ferme isolée en Alsace, territoire allemand depuis 1870. Un jour, Hélène une jeune française en fuite arrive chez elle sans crier gare, accueillie par Luise jusqu'à ce qu'un soldat allemand, Hermann débarque à la recherche de la française. Cette dernière aurait blessé l'allemand pour une raison mystérieuse. De façon un peu inexplicable, Luise héberge Hélène et Hermann mettant en place un ménage forcé et singulier...

Luise est incarnée par l'actrice allemande Luise Aschenbrenner aperçue durant des années à la télévision allemande avant quelques films comme "Brut" (2017) de Constantin Hatz et "Fabian ou le Chemin de la Décadence" (2021) de Dominik Graf, Hélène est jouée par la française Christa Théret vue entre autre dans "Renoir" (2013) de Gilles Bourdos, "Gaspard va au Mariage" (2018) de Anhony Cordier ou "Conann" (2023) de Bertrand Mandico, et Hermann est joué par Leonard Kunz vu dans "A Cure for Life" (2016) de Gore Verbinski, "Une Vie Cachée" (2019) de Terrence Malick ou "Lands of Murders" (2019) de Christian Alvart. Citons ensuite Matthias Habich vu dans "Le Coup de Grâce" (1976) de Volker Schlöndorff, "Stalingrad" (2000) de Jean-Jacques Annaud ou "La Chute" (2004) de Oliver Hirschbiegel et retrouve après  "The Reader" (2008) de Stephen Daldry son partenaire révélé dans ce dernier, David Kross vu depuis dans "Cheval de Guerre" (2011) de Steven Spielberg, "Angélique" (2013) de Ariel Zeitoun ou "La Couleur de la Victoire" (2016) de Stephen Hopkins, puis enfin Aleksandar Jovanovic vu dans "The Lost City of Z" (2017) de James Gray, "Titan" (2018) de Lennart Ruff ou "Fly" (2021) de Katja Von Garnier... Un contexte difficile, une triangle amoureux et une passion lesbienne, un isolement loin de tout, un drame, si on délaisse 14-18 pour l'Ouest américain on pense beaucoup au récent "The World to Come" (2021) de Mona Fastvold. 

Dès le début on sent le manque de moyen, un petit film à petit budget ce qui a peut-être aussi poussé à ce huis clos avec uniquement quatre protagonistes. On se retrouve dans un contexte très champêtre, une petite ferme où vit seule une jeune femme alsacienne qui survit en attendant la finde la guerre qui la rattrape finalement quand une jeune française en fuite arrive suivi d'un soldat allemand blessé mais bien décidé à ramener cette française. Ce genre de triangle amoureux est devenu un canevas si éculé qu'on devine les grandes lignes, mais il y a le contexte géo-politique particulier de l'Alsace en 14-18 qui enrichit le récit. L'Alsace qui est alors redevenue allemande, le film intelligemment tourné en français, en alsacien et en allemand permet une immersion idéale bien aidé aussi avec des décors simples tout à fait suffisant. Les amours lesbiennes sont filmées avec pudeur, le trio d'acteurs fonctionnent bien mais on a bien du mal à croire que les soldats ne trouvent rien dans une maison aussi petite ou à comprendre pourquoi le supérieur allemand ne croit pas son soldat par exemple. Le mise en scène reste classique, on aurait aimer aussi que l'environnement (forêt, champs, animaux) soit plus présent comme un cinquième rôle mais on peut savourer par contre un poème de Renée Vivien. En conclusion un film pas déplaisant mais sans surprise, sans doute un peu trop "sage".

 

Note :                 

12/20
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