Le Ruffian (1983) de José Giovanni

par Selenie  -  25 Juillet 2023, 08:13  -  #Critiques de films

Enième adaptation pour José Giovanni, ex-taulard devenu réalisateur-scénariste de talent depuis qu'il a assumé la magnifique adaptation de son roman pour "Le Trou" (1960) de Jacques Becker. Il a depuis écrit pur les autres d'abord, porté plusieurs de ses romans sur grand écran par d'autres réalisateurs comme "Un Nommé La Rocca" (1961) de Jean Becker ou "Le Deuxième Souffle" (1966) de Jean-Pierre Melville, où réalisé par lui-même comme "Deux Hommes dans la Ville" (1973) ou "Le Gitan" (1975). Cette fois il porte à l'écran son roman "Les Ruffians" (1969) pour son 12ème film (sur 16) en tant que réalisateur-scénariste en solo... Dans le grand nord canadien, Aldo un baroudeur solitaire travaille dans une mine d'or se mêlant peu aux autres prospecteurs salariés. Un matin, alors que la paie est distribuée, le camp est attaqué avec violence par un gang de pillards. Aldo arrive à s'en sortir avec deux autres employés, ils décident de s'emparer de l'or et fuient. Dans leur fuite un concours de circonstance fait que Aldo continue seul sa route au grand dam des deux comparses mais Aldo ne peut empêcher au trésor de s'enfoncer dans le fond d'un fleuve. Aldo part et retrouve Gérard Jackson, un vieil ami en fauteuil roulant après un accident dont il se sent responsable. Il lui propose d'aller repêcher le trésor mais les deux autres survivants du massacre ont bien l'intention de récupérer également le magot... 

Aldo est incarné par le monstre sacré Lino Ventura qui connaît bien l'univers du cinéaste puisqu'il tourne là son 9ème film écrit par Giovanni depuis "Classe Tous Risques" (1960) de Claude Sautet et le 3ème réalisé directement par Giovanni après "Le Rapace" (1968) et "Dernier Domicile Connu" (1970), c'est aussi l'avant dernier film de l'acteur avant "La Septième Cible" (1984) de Claude Pinoteau. Son meilleur ami handicapé est interprété par Bernard Giraudeau qui retrouve et retrouvera son réalisateur après "Deux Hommes dans a Ville" et "Le Gitan" (1975), puis avant "Les Loup entre Eux" (1985). Un ami est joué par Pierre Frag également habitué à l'univers Giovanni après "Les Grandes Gueules" (1965) de Robert Enrico et "Dernier Domicile Connu" (1969), et retrouvera juste après l'acteur Bernard Giraudeau dans "Rue Barbare" (1983) de Gilles Bréhat. Les atouts charmes sont assumés par Beatrix Van Til qui ne poursuivra pas dans le cinéma, puis surtout Claudia Cardinale star grâce entre autre aux films de Luchino Visconti, qui retrouve José Giovanni après "La Scoumoune" (1972) de José Giovanni. Citons des antagonistes dont James E. Davis vu dans "Le Jour du Massacre" (1987) de Mark G. Gilhuis, Jacklin Webb vu plus tard dans "Terreur à Domicile" (1983) de George Pan Cosmatos, "For Hire" (1998) de Jean Pellerin ou "Café Olé" (2000) de Richard Roy, puis August Schellenberg vu plus tard dans "Chasse à Mort" (1981) de Peter Hunt, "Geronimo" (1993) de Walter Hill, la trilogie "Sauvez Willy" (1993-1997), ou "Le Nouveau Monde" (2005) de Terence Malick et même le téléfilm "Bury my Heart at Wounded Lee"... Précisons que la musique est signé du Maestro Ennio Morricone qui retrouve deux stars après "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone avec Claudia Cardinale et "Le Clan des Siciliens" (1969) de Henry Verneuil avec Lino Ventura... On reconnaît le style Giovanni, le héros plus ou moins solitaire, avare de mots, rude au travail, bougon mais toujours empreint de franche camaraderie virile. On reconnaît aussi quelques similitudes avec d'autres oeuvres, on pense ici surtout au film "Les Grandes Gueules" (1965), le bûcheron a laissé place à l'orpailleur, mais on retrouve les montagnes et les forêts, les grands espaces et surtout une amitié sans faille. 

Giovanni signe un scénario net et sans fioriture, un peu trop sec et aride sans doute sur l'évolution du récit qui manque tout de même beaucoup de fluidité. Le découpage est abrupte, les césures sont brusques. Néanmoins, le rythme soutenu et la multiplicité des lieux et des différentes actions (course auto, bateau, montagne puis mer...) participe au dépaysement. Le réalisateur-scénariste signe ici un film qui réunit à la fois tout ce qu'on aime chez lui et tout ce qu'on n'aime pas, au point que c'est à la fois un film somme et sa propre caricature. Les personnages sont stéréotypés car sans aucune nuance ni ambiguité. Pourtant l'honneur et l'amitié virile fonctionne surtout grâce à son casting quatre étoiles qui reste malheureusement trop focalisé sur la troupe des personnages principaux, occultant du même coup les autres personnages qui sont presque anecdotiques. Une sorte de film d'aventure auto-centré sur les interactions entre les héros et les grands espaces, laissant pour compte les autres, méchants et ennemis compris. Ca manque donc d'enjeu et de densité. Un film qui se regarde mais c'est clairement un des films de Giovanni les moins aboutis. Merci les acteurs... 

 

Note :                 

09/20
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