Le Garçon et le Héron (2023) de Hayao Miyazaki
12ème long métrage d'animation du maître japonais Hayao Miyazaki du Studio Ghibli depuis "Le Château de Cagliostro" (1979) et après son dernier film en date "Le Vent se Lève" (2013) après lequel, pourtant, il avait annoncé sa retraite à cause de son âge. Mais finalement, après un Oscar d'Honneur en 2014, très vite l'artiste avait signé le court métrage "Boro la Petite Chenille" (2018) et avait alors annoncé qu'il préparait un nouveau projet pour le plus grand bonheur des fans du cinéaste. L'histoire prend comme base le roman "Et vous, Comment vivrez-vous ?" (1937) de Genzaburo Yoshino dont le film reprend le titre original, puis s'inspire du livre pour enfant "Le Livre des Choses Perdues" (2006) de John Connolly, puis plus particulièrement du livre "La Tour Fantôme" (1937) de Edogawa Ranpo dont le réalisateur était fan étant enfant. Le réalisateur-scénariste retrouve pour ce film ses collaborateurs habituels comme le producteur Toshio Suzuki, le directeur de l'animation Takeshi Honda ou le compositeur Joe Hisaishi. Le film connaît un succès considérable dès sa sortie en salles, d'ores et déjà sur le podium de ses plus grands succès avec "Le Voyage de Chihiro" (2001) et "Le Château Ambulant" (2004)... Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito doit quitter Tokyo pour partir à la campagne s'installer chez son grand-oncle dans un vieux manoir situé sur un immense domaine. Bientôt il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide qui va lui apprendre à comprendre le monde, à pouvoir répondre à ses questionnements et donc à grandir...
Côté voix, en V.O., la grande partie des comédiens sont des habitués des prodcutions Ghibli. Néamoins, le rôle titre du jeune garçon a la voix de Soma Santoki jeune acteur surtout aperçu dans des séries TV nippones. Pour le héron c'est l'acteur Masaki Suda qui prête sa voix vu récemment dans "La Famille Asada" (2022) de Ryota Nakano ou "N'oublie pas les Fleurs" (2022) de Genki Kawamura tandis que le grand oncle a la voix de l'acteur Shohei Hino vu entre autre dans "Gozu" (1981) de Takashi Miike, "Crimes de Guerre" (2012) de Peter Webber ou "Fukushima 50" (2020) de Setsuro Wakamatsu. Parmi les autres comédiens quelques grands acteurs japonais fidèles de Ghibli citons Jun Kunimura entendu dans "Le Vent se Lève" (2013) à l'instar de son partenaire Shinobu Otake entendu également dans "Arrietty, le Petit Monde des Chapardeurs" (2010) de Hiromasa Yonebayashi, ces deux derniers films avec également la voix de Keiko Takeshita entendu entre temps dans "La Colline des Coquelicots" (2011) de Goro Miyazaki dans lequel on entendait aussi la voix de Jun Fubuki qui retrouvait le fils Miyazaki pour "Les Contes de Terremer" (2006) après lequel il retrouve l'acteur Kaoru Kobayashi qui retrouve aussi le père après le chef d'oeuvre "Princesse Mononoke" (1997). En version anglaise, le Héron a la voix de Robert Pattinson vu dernièrement dans "The Batman" (2022) de Matt Reeves, le jeune héros a la voix d'un autre Batman avec Christian Bale vu récemment dans "The Pale Blue Eye" (2023) de Scott Cooper, et le grand-oncle a la voix de Mark Hamill éternel Luke Skywalker de la saga "Star Wars" (1977-2019) et qui retrouve Miyazaki après avoir déjà prêter sa voix dans "Nausicaä de la Vallée du Vent" (1984) et "Le Château dans le Ciel" (1986). Les autres rôles ne sont pas en manque de stars avec aussi Willem Dafoe qui prêtait savoix aussi dans "les Contes de Terremer" (2006), Mamoudou Athie qui vient de prêter sa voix au film Disney "Elementaire" (2023) de Peter Sohn, Dave Bautista vu récemment dans "Knock at the Cabin" (2023) de M. Night Shyamalan et "Les Gardiens de la Galaxie Vol.3" (2023) de James Gunn, puis Florence Pugh qui a auparavant prêter sa voix pour "Le Chat Potté 2 : la Dernière Quête" (2022) de Joel Crawford et Januel Mercado et vue tout récemment dans le meilleur film de l'année "Oppenheimer" (2023) de Christopher Nolan... On constate aussitôt que le maître n'a rien perdu de son style et de ses thématiques, l'animation est sur la lignée de ses oeuvres précédentes avec en premier lieu le jeune garçon dans une quête initiatique, le deuil, la guerre et ses conséquences, la filiation aussi. Mais le film met beaucoup de temps à démarrer et à mettre en place l'intrigue avant qu'on comprenne que le récit est scindé en deux grandes parties. La première partie est donc une longue mise en place assez classique où on reste perplexe sur quelques points... ATTENTION SPOILERS !... La mère meurt il y a un an, le père s'est remarié et attend un autre enfant avec sa nouvelle femme qui était sa belle-soeur ?! Le père qui semble sans lien avec le secret du manoir qu'il doit pourtant connaître... FIN SPOILERS !...
La seconde partie lance enfin l'histoire, une énième quête initiatique qui prend cette fois la forme d'une aventure sans fin, redondante car passant continuellement d'un monde à un autre où on retrouve un bestiaire qui renvoie beaucoup trop aux films précédents Miyazaki, et qui reste limité. Il y a un gros défaut de rythme, monocorde dans l'ensemble et surtout jamais surprenant. On ne reconnaît pas la fougue et/ou l'effervescence habituelle de l'artiste, bien qu'on se souvienne de la déception de "Ponyo sur la Falaise" (2009). Le pire est peut-être bien plus subjectif, celui de ne plus supporter le design hideux et récurrent du gros nez rosacée. Mais si on aime Miyazaki on tente de pousser l'expérience, espérant un sursaut, une innovation, ne serait-ce que d'admirer la fluidité de l'animation et de la réalisation mais on finit par remarquer cette B.O. ennuyeuse et sans âme, pourtant toujours signée du fidèle Joe Hisaishi. La musique semble également tournée en rond comme une routine. Miyazaki avait annoncé sa retraite, et de surcroît vu le message sur l'héritage et la filiation on ne peut que penser au cinéaste qui a pourtant des conflits avec son propre fils à propos de Ghibli ; fais ce que je dis pas ce que je fais ?! Ce film est un peu faineant, Miyazaki reprend trop d'éléments vu et revu dans son oeuvre, dans un scénario faussement alambiqué et qui surnage essentiellement par la beauté graphique et l'émotion qu'il réussit toujours à dévoiler. Malheureusement, on est loin de "Princesse Mononoke" ou de "Le Voyage de Chihiro"...
Note :