Les Fantômes (2024) de Jonathan Millet
Premier long métrage de Jonathan Millet, qui a jusqu'ici traverser la planète de long en large pour en faire des documentaires particulièrement remarqués dont "Ceuta, Douce Prison" (2012), "La Veillée" (2017) ou "La Disparition" (2021). Une fois encore le cinéaste avait en tête un documentaire sur un centre de soin pour victimes de guerre et de torture puis lors de ses recherches il a entendu parler de réseaux souterrains de chercheurs de preuves et de chasseurs de criminels de guerre, digne successeurs des fameux chasseurs de nazis : "Cette découverte est concomitante avec la parution en avril 2019 dans Libération de deux articles sur la cellule Yaqaza et a traque du "chimiste" en Allemagne. A partir de cet instant, je veux remonter ce fil, sentant soudain que tout mon travail documentaire en amont va pouvoir prendre corps sur un récit en mouvement..." Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Florence Rochat remarquée pour son court métrage "Poupées de Chair" (2022), puis avec Sara Wikler co-scénariste sur les récents "Quitter la Nuit" (2024) de Delphine Girard, "HLM Pussy" (2024) de Nora El Hourch et "La Famille Hennedricks" (2024) de et avec Laurence Arné...
Hamid est membre d'une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête va le mener sur la piste de son ancien bourreau qui se trouverait à Strasbourg... Hamid est incarné par Adam Bessa remarqué dans "Mosul" (2019) de Michael Carnahan, puis vu chez les américains dans le dyptique "Tyler Rake" (2020-2023) de Sam Hargrave ou chez nous dans "Haute Couture" (2021) de Sylvie Ohayon et "Le Prix du Passage" (2023) de Thierry Binisti. Il est entouré de Tawfeek Barhomvu dans "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis, "Le Rythme de la Vengeance" (2020) de Reed Morano, "La Conspiration du Caire" (2022) de Tarik Saleh ou "La Malédiction : l'Origine" (2024) de Arkasha Stevenson, Julia Franz Richter vue dans "Ondine" (2020) de Christian Petzold, "La Malédiction" (2024) de Marie Kreutzer, Hala Rajab surtout vue dans des séries TV dont "Bab Al Haara" (2014-2015) ou "Haret Al Qobba" (2022-2023), Sylvain Samson aperçu dans le film "Un Homme Abîmé" (2018) de Philippe Triboit ou le téléfilm "L'Histoire d'Annette Zelman" (2023) de Philippe Le Guay, Pascal Cervo vu entre autre dans "Jours de France" (2017) de Jérôme Reyvaud, "Drôles d'Oiseaux" (2017) de Elise Girard et "Le Lycéen" (2022) de Christophe Honoré, Marie Rémond vue dans "Jeune Femme" (2016) de Léonor Serraille, "Maryline" (2017) de Guillaume Gallienne ou "La Tour" (2023) de Guillaume Nicloux, ou encore Janty Omat vu dans "Rebel" (2022) de Adil El Arbi et Bilall Fallah... Vu le speech on peut penser à la traque de "Munich" (2005) de Steven Spielberg, mai souvent dans le genre il est question des nazis avec quelques grands films comme "Le Criminel" (1946) de et avec Orson Welles, "Les Enchaînés" (1946) de Alfred Hitchcock, "Marathon Man" (1976) de John Schelsinger ou encore "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (1979) de Franklin J. Schaffner. Si la promo nous vante ce film comme un film d'espionnage prenant Jonathan Millet opte en fait plus pour un thriller psychologique, les codes de l'espionnage se résume à une organisation secrète, une enquête en sous-marin mais toute la dimension géo-politique est survolée, le côté action absent, et même dans l'évocation de la guerre ou de la torture le film ne montre rien et reste très soft et/ou hors caméra. En effet, bien qu'issu du documentaire Jonathan Millet choisit de ne rien montrer par l'image ce qui est à la fois le bon et le défaut du film. En effet la violence inhérente à la guerre et à la torture est évoquée par des enregistrements ou les dialogues ce qui appuie les failles post-traumatiques de Hamid/Bessa, mais en même temps on ne peut comprendre que de très loin ce qui pousse à croire que sa cible est bel et bien le tortionnaire. Ainsi la voix ou l'odeur de cet étudiant qui semble bien sous tous rapports restent des indices faibles voir même ridicules qui ne seraient pas recevables dans un tribunal sans preuves plus concrètes.
Le scénario instaure en fait une facilité narrative aussi ennuyeuse qu'ennuyante puisque vu le speech on ne va évidemment pas nous faire croire à une erreur psychotique du héros ce qui biaiserait le propos derrière et donc tue dans l'oeuf tout suspense alors même que les preuves sont plus que légères - et là nous ne parlons pas de l'"intime conviction" mais de ce qui doit être factuel - Le film surnage pourtant, grâce à un soucis d'authenticité certain avec, malgré un budget qu'on devine serré, un tournage entre la France, Berlin et la Jordanie, un travail aussi sur l'accent réellement syrien de l'acteur et donc l'utilisation de la V.O., et enfin le choix judicieux de ne pas trop en dire sur l'organisation secrète même si sur certains points ça manque un peu d'infos (si ils ne connaissent pas leur noms comment savoir qui est qui, et surtout pourquoi avoir peur de trop se dévoiler si personne ne connaît l'organisation ?!). Le véritable bémol reste la façon de travailler de Hamid/Bessa, pas très discret dans ses filatures et donc pas très crédible de croire que l'étudiant suspect ne le grille jamais sans compter quelques invraisemblances... ATTENTION SPOILERS !... le face à face est subtil, sauf qu'il faudrait croire que le tortionnaire ne reconnaisse pas sa victime qu'il aurait fait souffrir chaque jour sur uen année entière il y a seulement 3-4 ans ?! FIN SPOILERS... On sourit quand la preuve qu'il soit prof serait de connaître tous les textes littéraires, par contre on salue le face à face tout en subtilité sur le En conclusion, c'est un film intéressant mais trop inabouti pour convaincre pleinement, il manque un suspense plus probant, un rythme plus tendu.
Note :