Babygirl (2025) de Halina Reijn
D'abord actrice, la néerlandaise Halina Reijn revient après être passé à la réalisation de son premier long métrage avec "Bodies, Bodies, Bodies" (2022). L'idée lui est venue après qu'on lui ai raconté l'histoire d'une femme qui n'avait jamais eu d'orgasme avec son époux malgré 25 ans de mariage. Après cela la cinéaste avait aussi le désir de réaliser un film érotique car c'est un créneau trop dirigé par les hommes citant les grands titres du genre comme "9 Semaines 1/2" (1986) de Adrian Lyne, "Basic Instinct" (1992) de Paul Verhoeven ou "La Pianiste" (2001) de Michael Haneke, en précisant : "Dès le début, j'ai décidé que je voulais faire un film érotique, tout aussi intense que tous ces films que j'ai tant admirés, mais avec un regard entièrement féminin. Et j'en suis venue à me demander ce que cela signifiait réellement et à quoi ce film pourrait ressembler ?" Puis la réalisatrice-scénariste avoue s'être surtout inspiré de Paul Veroheven pour qui elle a joué dans "Black Book" (2007) : "Paul Verhoeven m'a toujours dit que je ne pouvais faire un film que si j'avais une question précise. Pour cette histoire, je me suis demandé : sommes-nous des animaux ou des êtres civilisés ? Pouvons-nous faire la paix avec notre part animale ? Est-il possible que différentes facettes de nous-mêmes coexistent, et encore plus, que nous les aimions, entièrement et sans honte ?" Le film a été présenté à la Mostra de Venise 2024 où il a été très bien reçu avec d'ailleurs la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine qui a été suivi d'une des plus grande ovation pour la star Nicole Kidman. Le film est logiquement interdit au moins de 12 ans...
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Romy, PDG d'une grande entreprise a tout pour être heureuse, un mari aimant, deux filles épanouies et une belle carrière. Un jour elle rencontre un jeune stagiaire dans sa société, et bientôt entame une liaison avec ce jeune ambitieux qui pourrait être son fils. Mais leur liaison devient aussi un jeu dangereux entre soumission et domination qui les mène à réaliser leurs fantasmes les plus enfouis... La PDG Romy est incarnée par Nicole Kidman vue récemment dans "The Northman" (2022) de Robert Eggers ou "Aquaman et le Royaume Perdu" (2023) de James Wan et qui retrouve des thématiques qu'elle a déjà abordé dans "Eyes Wide Shut" (1999) de Stanley Kubrick, "Paperboy" (2012) de Lee Daniels ou plus récemment dans le plus consensuel et plu sage "Les Dessous de la Famille" (2024) de Richard LaGranavese. Son époux est interprété par Antonio Banderas vu dernièrement dans "Indiana Jones et le Cadran de la Destinée" (2023) de James Mangold, "Cult Killer" (2024) de Jon Keeyes et "Paddington au Pérou" (2024) de Dougal Wilson tandis que le jeune amant est joué par Harris Dickinson vu dernièrement dans "Scrapper" (2023) de Charlotte Regan, "Iron Claw" (2024) de Sean Durkin et "Blitz" (2024) de Steve McQueen. Citons ensuite Esther-Rose McGregor aperçue tout récemment dans "La Chambre d'à-Côté" (2025) de Pedro Almodovar, Vaughan Reilly apparu dans "Hunger Games : la Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur" (2023) de Francis Lawrence, Sophie Wilde apparue dans "The Portable Door" (2023) de Jeffrey Walker ou "La Main" (2023) des frères Philippou, John Cenatiempo vu dans "Killerman" (2018) de Malik Bader ou "Boss Level" (2021) de Joe Carnahan, puis Leslie Silva aperçue dans plusieurs séries TV dont la récente "So Help me Todd" (2022-2024)... Le film est classé ou considéré comme un thriller érotique, ce qui est complètement faux ou du moins erroné, il n'est nullement question d'un crime ou d'un polar dans ce film qui reste plus ancré dans le drame de moeurs, voir intime ou conjugale avec une dimension psychologique qui n'est pas anodine. En gros disons que ce film serait plutôt une équation entre "La Secrétaire" (2003) de Steven Shainberg + "Emmanuelle" (2024) de Audrey Diwan. Les codes ne sont pas nouveau, le fait que la femme soit plus âgée et d'autorité supérieur n'est aujourd'hui pas un gage d'innovation ou d'audace mais une norme parmi tant d'autres, on est des décennies après "Harcèlement" (1995) de Barry Levinson.
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Non le plus intéressant ici réside dans les fantasmes de Romy/Kidman qui sorte un peu du commun des mortels, d'abord parce qu'elle est plus demandeuse que son époux et que c'est donc elle qui est frustrée, ensuite parce qu'il est question d'une femme qui veut volontairement être soumise on pense alors à la mode très nippone des cadres qui prennent rendez-vous dans des salons spécialement fait pour qu'ils soient soumis à des dominatrices... ATTENTION SPOILERS !... mais on a du mal à y croire au départ tant elle accepte et/ou se soumet facilement, elle obéit très et trop vite arasant de fait le "jeu" de séduction qui est trop superficiel ou trop "aisé", tandis que le jeune paraît bien maladroit, voir timoré même s'il tente de faire bonne figure... FIN SPOILERS !... Le scénario paraît peu convaincant car il semble être si peu féministe avec cette femme qui aime se soumettre à un homme, jeune de surcroît, ce qui est à contre courant de l'air du temps, tandis qu'il sème des clichés démagos ... ATTENTION SPOILERS !... comme la fille lesbienne (forcément marque de tolérance du couple bourgeois) ou ce dialogue conjugal où l'épouse s'excuse d'avoir ses fantasmes qui sont donc des tares inexcusables et même quasi une maladie mentale !... FIN SPOILERS !... La performance de Nicole Kidman n'est pas pour rien, dans une sorte d'introspection sur son propre vieillissement et l'image qu'elle renvoie de par son statut de star mondiale. L'actrice est impressionnante dans un rôle qui n'est assurément pas aisé à assumer. Le côté sulfureux reste limité et aurait pu aller largement plus loin, mais la réalisatrice a préféré se reposer sur le jeu et le visage de sa star. En conclusion un drame psycho-érotique bancal mais non dénué de questions passionnantes.
Note :