Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino

par Selenie  -  2 Juin 2025, 11:06  -  #Critiques de films

Troisième long métrage entant que réalisateur-scénariste pour Quentin Tarantino après les débuts tonitruants avec "Reservoir Dogs" (1992) et "Pulp Fiction" (1994), mais c'est aussi et surtout le premier film qui n'est pas tiré de son premier scénario original qu'il avait dû "découpé" en quatre avec ses premiers films mais aussi pour offrir "True Romance" (1993) de Tony Scott et "Tueurs Nés" (1994) de Oliver Stone. Ainsi pour ce nouveau projet Tarantino adapte le roman "Punch Creole" (1992) de Elmore Leonard, romancier icônique pour le cinéaste dont le goût pour les dialogues a nourri Tarantino le cinéphile. Et pourtant, le réalisateur-scénariste a pris des libertés vis à vis du roman originel notamment et surtout en transformant Jackie Burke, femme blanche aux cheveux châtains et courts en Jackie Brown, femme afro-américaine aux cheveux longs qui permet à Tarantino de rendre hommage à l'Âge d'Or de la Blaxploitation (Tout savoir ICI !). Notons que malgré les mofifications l'écrivain lui-même déclarera avoir adoré le scénario de Tarantino et affirmant qu'il s'agit de la meilleure adaptation cinémad'une de ses oeuvres ! Logiquement, le réalisateur-scénariste s'inspire de quelques films phares du genre Blaxploitation avec "Coffy, la Panthère Noire de Harlem" (1973) et "Foxy Brown" (1974) tous deux de Jack Hill, mais il avoue aussi d'autres références avec "Requiem pour des Gangsters" (1972) de Robert Culp, "Et tout le Monde riait" (1981) de Peter Bogdanovich et "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma. Si le film connaît un succès moindre au carton et à la reconnaissance de "Pulp Fiction" (1994) le film reste une belle surprise, recevant un bon accueil critique et public engrangeant 85 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 12 millions, avec en prime des nominations aux Oscars ou Golden Globes pour les résurrections de Pam Grier et Robert Forster... Jackie Brown, hôtesse de l'air pour une petite compagnie aérienne arrondit ses fins de mois en convoyant de l'argent liquide pour Ordell Robbie, un trafiquant d'armes. Mais elle se fait piéger par deux agents fédéraux qui veulent coincer Ordell, dos au mur Jackie va tenter de s'en sortir en montant un coup afin de se libérer des fédéraux tout en piégeant Ordell. Elle échafaude un plan aidé après par son prêteur sur gages tombé sous le charme de l'hôtesse de l'air... 

Le rôle titre est incarnée par Pam Grier, apparue juste avant dans "Los Angeles 2013" (1996) de John Carpenter et "Mars Attacks !" (1996) de Tim Burton mais elle est surtout alors une actrice has been après avoir été la reine de la Blaxploitation avec justement  "Coffy, la Panthère Noire de Harlem" (1973) et "Foxy Brown" (1974). Le prêteur sur gages est interprété par un autre has been, Robert Forster vu dans "L'Homme Sauvage" (1969) de Robert Mulligan, "Vigilante" (1981) de William Lustig ou "Delta Force" (1986) de Menahem Golan, et retrouvera plus tard dans "Cleaner" (2008) de Renny Harlin son partenaire Samuel L. Jackson alias Ordell Robbie, acteur fidèle de Tarantino depuis "True Romance" (1992), qui va revenir à un hommage Blaxploitation en incarnant "Shaft" (2000) de John Singleton et "Shaft" (2019) de Tim Story, pusi retrouve après le chef d'oeuvre "Les Affranchis" (1990) de Martin Scorcese le monstre sacré Robert De Niro vu cette même année dans "Copland" (1997) de James Mangold et "Des Hommes d'Infleunces" (1997) de Barry Levinson. Les deux agents fédéraux sont joué spar Michael Bowen qui retrouvera Tarantino dans "Kill Bill" (2003) et "Django Unchained" (2012) ainsi que et Samuel L. Jackson qui retrouvera aussi Michael Keaton dans "Hors d'Atteinte" (1998) de Steven Soderbergh, l'acteur étant un peu dans le creu de la vague après son apogée avec "Beetlejuice" (1988) et le dyptique "Batman" (1989-1992) tous trois de Tim Burton. Citons ensuite Bridget Fonda (petite-fille, fille et nièce de...) qui apparaît aux côtés de son père Peter Fonda dans le cultissime "Easy Rider" (1969) de et avec Dennis Hopper, qui joue la même année dans une autre adaptation de Elmore Leonard avec "Touch" (1997) de Paul Schrader, Chris Tucker futur star de la trilogie "Rush Hour" (1998-2007) de Brett Ratner et vu cette même année dans "Le Cinquième Elément" (1997) de Luc Besson retrouvant son partenaire Tim Lister Jr. apparu dans "Runaway Train" (1985) de Andreï Konchalovsky ou "Universal Soldiers" (1992) de Roland Emmerich et retrouve Pam Grier après "La Revanche de Jesse Lee" (1993) de et avec Mario Van Peebles, Lisa Gay Hamilton vue dans "L'Armée des 12 Singes" (1995) de Terry Gilliam et "Beloved" (1998) de Jonathan Demme et retrouvera dans "Jugé Coupable" (1999) de et avec Clint Eastwood l'actrice Hattie Winston remarquée dans le film français "Les Uns et les Autres" (1981) de Claude Lelouch, puis enfin Sid Haig qui retrouve Robert Forster après "Don Angelo est Mort" (1973) de Richard Fleischer, puis retrouve Pam Grier après les fameux "Coffy, la Panthère Noire de Harlem" (1973) et "Foxy Brown" (1974), puis n'oublions pas Tarantino lui-même en caméo vocal en tant que répondeur téléphonique de Jackie/Grier... Le début du film marque les esprits d'emblée avec ce long plan-séquence d'une Jackie Brown sur un tapis roulant avec en fond musical une chanson emblématique et tout de suite icônique. Une chanson parmi une B.O. parmi les plus mythique du cinéma avec donc "Across 110th Street" de Bobby Womack mais aussi Bill Withers, Foxy Brown ou les Delfonics. La bande-son géniale appuie à merveille le style cool du film et l'homme Blaxploitation.

Les personnages sont tous des "gueules" extraordinaires, à la fois personnages représentatifs du genre mais sans avoir le cliché ou le panel facile. On peut noter le look de Ordell/Jackson est impayable, le côté vieillissant et "bête mais dangereux" de Louis/De Niro ou encore l'héroïne qui n'a rien de la fille badass. On aurait peut-être aimé des seconds rôles féminins plus présents (même Bridget Fonda), mais le scénario est millimétré avec une intrigue savamment construite, du suspense et des rebondissements comme du papier à musique au fil d'une B.O. dantesque. Considéré logiquement comme le film le moins violent de Tarantino il est aussi sans doute le plus subtil que ce soit dans l'écriture des personnages ou dans les liens psychologiques qui les relient les uns aux autres. Tarantino est inspirée, du plan-séquence sur Jackie/Grier au baiser tout en pudeur en passant par le face à face final très Film Noir ou le passage de la cabine d'essayage, on savoure aussi les réactions "innocentes" des uns et des autres quand ils savent ou comprennent qu'ils se font piégés mais qu'ils sont obligés de faire avec en espérant que tout va bien se passer ! Tarantino signe une fois encore un magnifique film, néo-Film Noir à la sauce néo-Blaxploitation comme un fantasme cinéphile assuré et assumé de bout en bout. A conseiller, à voir et à revoir !

 

Note :                 

17/20
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