Tueurs nés (1994) de Oliver Stone
Après le tournage difficile et son premier petit échec avec "Entre Ciel et Terre" (1993), Oliver Stone cherche un nouveau projet. Il entend parler d'un scénario écrit par un certain Quentin Tarantino, qui a réalisé son premier long métrage remarqué avec "Reservoir Dogs" (1992), d'un scénario issu d'un objet global dont est sorti aussi le non moins remarqué "True Romance" (1993) de Tony Scott. Cet "objet global" a été découpé et vendu en plusieurs partie par Tarantino justement pour pouvoir réaliser son premier long métrage, il a donc vendu également un scénario qui reviendra à la Warner par qui Oliver Stone va pouvoir le découvrir, tandis qu'entre temps Tarantino va clore son "projet global" en réalisant lui-même son second long métrage "Pulp Fiction" (1994). Si le script plaît au réalisateur-scénariste, Oliver Stone va le remanié avec ses collaborateurs Richard Rutowski et David Veloz, en fait Oliver Stone veut atténuer le pur produit d'action fun et décomplexé tarantinesque pour apporter du fond, un propos pamphlétaire comme il en a l'habitude comme pour ses filsm polémiques comme "Salvador" (1986), "Wall Street" (1987) ou "JFK" (1991). Cette fois le cinéaste veut dénoncer la violence mais surtout l'importance des médias dans la glorification des tueurs en série. D'ailleurs rappelons que le couple de tueurs est inspirés directement du couple Charles Starweather et Caril Ann Fugate (Tout savoir ICI !). Néanmoins Oliver Stone va garder l'essentiel des dialogues de Tarantino, pourtant le scénariste va renier la paternité du scénario, demandant juste le crédit de l'histoire originale. Tarantino précisera : "Ca ne sera pas mon film, ça sera le film d'Oliver Stone et Dieu le bénisse. J'espère qu'il fait un bon travail avec. Si je n'y étais pas émotionnellement attaché, je suis sûr que je trouverais très intéressant. Si vous aimez ce que je fais, vous pourriez ne pas aimer ce film. Mais si vous aimez ce qu'il fait, vous allez probablement l'aimer. Cela pourrait être la meilleure chose qu'il ait jamais faite, mais en aucun cas faite avec moi." Le film participe en tous cas à la réputation de film violent qui commence à planer au-dessus de la tête de Tarantino. Certains ciblent même "Natural Born Killers" (en V.O. !) comme étant responsable de quelques tueries de masse aux Etats-Unis, mais malgré les sempiternels polémiques il semblerait qu'il existe un seul cas de véritable "copycat" avec l'affaire de la famille Richardson en 2006. En tous cas le film va devenir lui-aussi (pour un Tarantino !) un film culte, avec en prime tout de même une jolie reconnaissance à la Mostra de Venise 1994 avec le Grand Prix spécial du Jury et le prix Pasinetti de la meilleure actrice pour Juliette Lewis. Le film est interdit à sa sortie en salles au moins de 17 ans aux Etats-Unis, puis au moins de 16 ans en France...
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Mickey et Mallory tombent fous amoureux, mais leur passé trouble va les pousser dans une spirale de violence. Ils vont se servir des médias pour devenir de stars dans une virée sanglante... Mickey est incarné par Woody Harrelson remarqué alors dans "Les Blancs ne savent pas Sauter" (1992) de Ron Shelton et "Proposition Indécente" (1993) de Adrian Lyne, tandis que Mallory est incarnée par Juliette Lewis remarquée avec "Les Nerfs à Vif" (1991) de Martin Scorcese et " "Kalifornia" (1993) de Dominic Sena et qui retrouvera Tarantino pour "Une Nuit en Enfer" (1996) de Robert Rodriguez, puis retrouvera aussi dans "Strange Days" (1959) de Kathryn Bigelow son partenaire Tom Sizemore qui retrouve plusieurs membres de l'équipe après "Né un 4 Juillet" (1990) de Oliver Stone et "True Romance" (1993) de Tony Scott. Citons ensuite Robert Downey Jr. vu dans "Chaplin" (1992) de Richard Attenborough ou "Short Cuts" (1993) de Robert Altman, Sean Stone, fils de qui est de quasi tous les films de son père depuis qu'il est bébé de "Salvador" (1986) jusqu'à "Savages" (2012) et donc retrouve après "JFK" (1991) l'acteur Dale Dye qui était aussi dans "Platoon" (1986) de Stone également, à l'instar encore de Pruitt Taylor Vince vu auparavant dans "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker ou "Sailor et Lula" (1990) de David Lynch, puis n'oublions pas Tommy Lee Jones qui retrouve son réalisateur après "Entre Ciel et Terre" (1993), qui retrouvera Downey Jr. dans "U.S. Marshals" (1998) de Stuart Baird, et qui retrouvera Harrelson dans "No Country for Old Men" (2007) des frères Coen. Citons encore Rodney Dangerfield apparu dans "Le Golf en Folie" (1980) de Harold Ramis ou "Ladybugs" (1992) de Sidney J. Furie, Arliss Howard vu dans "Le Bateau Phare" (1985) de Jerzy Skolimowski ou "Full Metal Jacket" (1987) de Stanley Kubrick, Russell Means révélé dans "Le Dernier des Mohicans" (1992) de Michael Mann après lequel il retrouve Jared Harris vu aussi dans "Horizons Lointains" (1992) de Ron Howard, Edie McClurg vue dans "Carrie au Bal du Diable" (1976) de Brian De Palma ou "Et au Milieu coule une Rivière" (1992) de Robert Redford, Lanny Flaherty apparu dans "Miller's Crossing" (1990) des frères Coen et "Sommersby" (1993) de Jon Amiel dans lequel jouait aussi Richard Lineback vu dans "Speed" (1994) de Jan de Bont, O-Lan Jones surtout vu chez Tim Buron dans "Edward aux Mains d'Argent" (1990, "Mars Attacks !" (1996) et "Miss Peregrine et les Enfants Perdus" (2016), Evan Handler révélé dans "Taps" (1981) de Harold Becker mais qui sera surtout connu plus tard avec la franchise films et séries Tv "Sex and the City" (2002-2010), Steven Wright vu dans "Coffee and Cigarettes" (1986) de Jim Jarmush et entendu seulement (K-Billy DJ) dans "Reservoir Dogs" (1992), puis enfin notons le rôle non crédité de Mark Harmon qui joue la même année avec Tom Sizemore dans "Wyatt Earp" (1994) de Lawrence Kasdan...
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L'un des films le plus polémiques des années 90... Tourné après "Entre ciel et terre" (1991) et "Nixon" (1995) Oliver Stone, réalisateur habitué aux polémiques et autres scandales, tape fort avec un film très violent où il dénonce le pouvoir et le sans-gêne des médias tout en montrant les failles originelles de l'enfance. Le film est outrageusement tourné de façon cartoonesque, surjeu de acteurs (surtout ceux incarnant la loi), effets clippesques et hallucinogènes (près de 3000 plans lorsque la moyenne est de 600-700)... Emmené par un casting impressionnant on est happé par le rythme stroboscopique où le couple à la Bonnie and Clyde sous acide massacre à tout va sans le moindre remord tandis que les forces de l'ordre sont près à tout pour les tuer et les médias à tout pour créer l'audimat et l'évènement. En bref tous sons cinglés et le pouvoir des images devient l'arme ultime, l'instrument au service de l'ultra-violence. Un uppercut qui fait encore parlé de lui avec un titre qui n'est pas sans rappeler l'inscription sur le casque de "Full Metal Jacket" (1987). Le film devient une référence, cité notamment dans un autre film culte "Battle Royale" (2000) de Kinji Fukasaku, mais aussi par Tarantino lui-même quand Bill dit à la Mariée : "(Tu n'es) pas une abeille travailleuse... tu es un tueur né". La construction narrative est alambiquée mais particulièrement dense, aussi bien sur le fond que sur la forme ce qui donne une effervescence rarement vu dans un long métrage, ce qui peut aussi lasser ou irriter certain. Néanmoins, la folie à deux (mieux qu'un certain "Joker" en 2024) est assurée et assumée pleinement de façon aussi fun qu'hallucinatoire. Si Tarantino n'a pas d'animosité particulière contre Stone, il reste assurément frustré mais pourtant le film porte bel et bien la marque Tarantino et forme donc un film hybride parfait Tarantino-Stone. A voir !
Note :