L'Invasion des Profanateurs (1978) de Philip Kaufman

par Selenie  -  6 Mai 2025, 09:12  -  #Critiques de films

Seconde adaptation du roman "Invasion of Body Snatchers" (1955) de Jack Finney après "L'Invasion des Profanateurs de Sépultures" (1956) de Don Siegel auquel ce nouveau film fait directement référence par le biais d'une traduction française erronée du titre original ; en effet le terme "body snatchers" signifie en fait "voleurs de corps", la traduction est sans doute due à la confusion avec le film "Le Récupérateur de Cadavres" (1945) de Robert Wise qui est en V.O. "The Body Snatchers". Pour ce nouveau projet c'est Philip Kaufman qui prend les commandes du film, alors encore peu connu malgré "Goldstein" (1964) ou "La Légende de Jesse James" (1972) et qui va devenir un réalisateur majeur dans la décennie suivante avec entre autre "L'Étoffe des Héros" (1983) ou "L'Insoutenable Légèreté de l'Être" (1988). Ce nouveau scénario est signé de W.D. Richter qui va lui aussi connaître son apogée sur les années suivantes en signant quelques classiques avec les films "Dracula" (1979) de John Badham, "Brubaker" (1980) de Stuart Rosenberg ou "Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin" (1986) de John Carpenter. Précisons tout de même que outre la version de 1956 le film aura deux autres adaptations avec "Body Snatchers" (1993) de Abel Ferrara et "Invasion" (2007) de Oliver Hirschbiegel. Une fois n'est pas coutume, l'interdiction en salles aura été plus sévère en France avec une interdiction au moins de 12 ans, tandis qu'aux Etats-Unis une simple mise en garde pour les plus sensibles et un accord parentale souhaitable... Elizabeth Driscoll, scientifique dans un labo à San Francisco s'aperçoit que la comportement de son ami est particulièrement étrange. Elle constate  peu à peu que d'autres personnes changent également. Elle en fait part alors à son collègue Matthew Bennell, ensemble ils vont bientôt comprendre qu'une plante mystérieuse fabrique un double parfaite des êtres humains durant leur sommeil, tandis que l'original disparaît... 

Elizabeth Driscoll est incarnée par Brooke Adams remarquée juste avant dans "Les Moissons du Ciel" (1978) de Terrence Malick et retrouvera juste après dans "La Grande Attaque du Train d'Or" (1979) de Michael Crichton son partenaire Donald Sutherland vu entre autre dans "Klute" (1971) de Alan J. Pakula ou "Le Casanova de Fellini" (1976) de Federico Fellini, et retrouve de son côté après "M.A.S.H." (1970) de Robert Altman son camarade Robert Duvall qui tourne là entre "Betsy" (1978) de Daniel Patrie et "Apocalypse Now" (1979) de Francis Ford Coppola, et retrouve son réalisateur Philip Kaufman après "La Légende de Jesse James" (1972). Citons ensuite Jeff Goldblum remarqué peu avant dans "Nashville" (1975) de Robert Altman et "Annie Hall" (1977) de et avec Woody Allen et retrouvera pour "L'Étoffe des Héros" (1983) son réalisateur ainsi que l'actrice Veronica Cartwright vue auparavant dans "Les Oiseaux" (1963) de Alfred Hitchcock, et plus tard dans "Alien le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott, elle retrouvera Kaufman dans "Instincts Meurtriers" (2004) et surtout sera de nouveau dans l'horreur avec l'autre et dernière adaptation "Invasion" (2007). Citons encore Leonard Nimoy éternel Spock dans la franchise télé et ciné "Star Trek" (1966-2013), Lelia Goldoni vue dans "Shadows" (1959) de John Cassavetes, "L'Or se Barre" (1969) de Peter Collinson ou "Alice n'est plus Ici" (1974) de Martin Scorcese, Tom Luddy dans son premier rôle vu ensuite dans "Mishima" (1985) de Paul Schrader et "Barfly" (1987) de Barbet Schroeder, Jerry Garcia qui joue l'homme au banjo clin d'oeil pour celui qui fut classé 13ème des plus grands guitaristes de tous les temps par la magazine The Rolling Stones, puis enfin n'oublions pas deux caméos marquants, le réalisateur Don Siegel (chauffeur de taxi) qui a déjà fait son Hitchcock dans quelques uns de ses films comme "Le Secret du Grand Canyon" (1959), "Un Shérif à New-York" (1968) et "L'Inspecteur Harry" (1971), puis Kevin McCarthy (homme qui court) acteur justement de la première version signée de Don Siegel, aperçu entre autre dans "Mort d'un Commis Voyageur" (1951) de Laszlo Benedek ou "The Misfits" (1961) de John Huston et vu ensuite surtout chez Joe Dante pour six films entre "Piranha" (1978) et "Les Looney Tunes passent à l'Action" (2003)... Ce film se démarque de la version originelle de 1956 par un propos de fond bien différent, à savoir que la version de Don Siegel s'inscrit dans un contexte de Guerre Froide et donc au message anti-communiste, alors que plus de vingt ans après le message est plus anti-consumériste dans la lignée du fameux "La Nuit des Morts-Vivants" (1968) de George A. Romero. Néanmoins, ce second film fait le lien avec le premier de façon plutôt maline, d'abord avec les caméos, mais surtout avec celui de Kevin McCarthy qui commence le film comme il termine le premier. Clin d'oeil judicieux qui permet de faire le lien thématique.

Evidemment, l'histoire reste sur le même canevas, le scénario n'est donc pas spécialement innovant ou surprenant outre le message qui passe de l'anti-rouge à un message contre la société de consommation. La différence se fait surtout dans la mise en scène de Philip Kaufman, inspirée et inventive qui offre une multitude d'idées visuelles qui pourrait paraître comme un catalogue des possibilité technique mais qui permet de donner un certain rythme et d'instaurer un climax aussi angoissant qu'anxiogène et ce, même sur la voie publique. Le réalisateur use ainsi des plans latéraux qui appuie la détresse émotionnelle, de plans panoramiques qui donnent de l'ampleur, de focales différentes qui plongent dans le fantastique. Ainsi le réalisateur choisit un style qui se rapproche plus du Film Noir, puis du thriller psychologique voir paranoïaque où le pessimisme s'impose malgré tout. Un film à voir et à conseiller avec en prime des acteurs épatants. 

 

Note :                 

17/20
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