Mort de David Lynch !

par Selenie  -  16 Janvier 2025, 23:48  -  #Décès de star - Bio

Fallait bien débuter l'année avec une mauvaise nouvelle, à savoir la mort du cinéaste et artiste icônique David Lynch ce jour du 16 janvier 2025 à l'âge de 78 ans.

Néen 1946 dans le Montana, David Keith Lynch est le fils d'un père chercheur au Département de l'Agriculture des Etats-Unis et d'une mère professeure d'anglais. La famille déménage régulièrement au gré des mutations professionnelles de son père, ainsi encore bébé la famille part en Idaho, dans l'état de Washington alors qu'il a deux ans, suivent les états de Caroline du Nord, retour en Idaho puis la Virginie. Il a a une petite soeur de deux sa cadette, et sont élevés dans la religion presbytérienne. Malgré les nombreux déménagements le jeune David s'en accommode bien et n'a aucun mal à se faire de nouveaux amis. Très tôt il s'intéresse à la peinture et au dessin et pense assez vite à en faire son métier. Adolescent il rejoint les boy scouts et atteint un grade qui lui permet d'être présent à la Maison Blanche lors de l'investiture du président J.F. Kennedy il a alors 15 ans.

 

Au lycée il n'a pas de très bons résultats mais ça change relativement quand il commence à étudier la peinture à l'université de Washington D.C. à la Corcoran School of the Arts and Design avant de poursuivre à partir de 1964 à la School of the Museum of Fine Arts at Tufts de Boston. Là-bas il partage sa chambre avec Peter Wolf, futur rock star et accessoirement futur époux de Faye Dunaway mais finalement il quitte le cursus a près un an : "Je n'ai pas DU TOUT été inspiré par cet endroit." déclarera-t-il. Il décide de partir pour un tour d'Europe avec son ami Jack Fisk, futur grand Chef Décorateur, où il espère se perfectionner à la peinture auprès du peintre autrichien Oskar Kokoschka mais celui-ci ne l'accueille pas. Déçu leur voyage n'aura duré que deux semaines, les deux amis retournent chez eux.

 

En 1965 le jeune David Lynch s'installe à Philadelphie et s'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie où il rencontre sa première femme qu'il épouse en 1967 avec qui il a une fille. Devant subvenir aux besoins de sa famille David Lynch travaille dans l'impression de gravures en parallèle de ses études. Il conçoit alors l'idée de donner du mouvement à ses peintures ce qui lui inspire son premier film, le court métrage d'animation "Six Figures Getting Sick" (1967) avec lequel il gagne le 1er prix de son académie.

Un camarade de classe lui commande alors un court métrage d'animation qui sera "The Alphabet" (1968). Il apprend que l'American Film Institute accorde une bourse pour un court métrage associé à un scénario, il envoie alors "The Alphabet" et un scénario pour un moyen métrage en live. Il obtient le financement et signe ensuite le moyen métrage "The Grandmother" (1970) où il imagine un enfant délaissé qui fait "pousser" un grand-mère grâce à une graine. Un film remarqué notamment par les critiques de cinéma Michelle Le Blanc et Colin Odell qui écrivent : "Ce film est une véritable bizarrerie mais contient la plupart des thèmes et idées qui surgiront dans son oeuvre ultérieur, et montre une remarquable maîtrise du média."

 

Etudiant en arts plastiques, toujours passionné de peinture l'artiste passe des années à diverses expérimentations qui vont l'amener à réaliser son premier long métrage. Avec l'aide de l'American Film Institute il parvient à réunir un budget de 100000 dollars en autoproduction où l'artiste assure et assume les postes de Producteur-réalisateur-scénariste-chef décorateur-compositeur-Directeur Photo-monteur-Responsable son-Directeur artistique. Le film "Eraserhead" (1977 - ci-dessous) est un OFNI (Objet Filmé Non Identifié) en noir et blanc, sorte de cauchemar expérimental qui attire un public cinéphile pour atteindre box-office Monde à plus de 7 millions de dollars. Un joli succès d'estime remarqué...

Remarqué par un certain Mel Brooks, producteur-réalisateur connu et reconnu qui le choisit pour réaliser un autre film en noir et blanc, tout de même plus consensuel avec le biopic "Elephant Man" (1980 - ci-dessous) avec John Hurt et Anthony Hopkins avec lequel Lynch instaure un hommage au cinéma expressionniste. Le film est un succès public et critique qui remporte de plusieurs prix dont le Grand Prix du festival d'Avoriaz et surtout le César du meilleur film étranger. 

Impressionné par ce film, Raffaella De laurentiis convainc son père le nabab Dino De laurentiis d'engager David Lynch pour un projet hors norme, l'adaptation d'un best seller littéraire signé Frank Herbert réputé inadaptable. Ce sera "Dune" (1984) avec Kyle MacLachlan, Sean Young, Dean Stockwell, Virginia Madsen ou Max Von Sydow mais la production aussi onéreuse qu'ambitieuse reçoit un accueil critique et public tiède, ce qui frustre d'autant plus le réalisateur qui n'a pas obtenu le Final Cut. David Lynch renie le film et évitera toujours de reparler de cette expérience.

Néanmoins il a une satisfaction, celui de voir son prochain projet produit par De laurentiis qui a dû accepter par contrat afin que le cinéaste réalise bien "Dune". Ecrit en amont, Lynch peut ainsi monter et réaliser "Blue Velvet" (1986 - ci-dessous) pour lequel il retrouve Kyle MacLachlan et Dean Stockwell, avec aussi Dennis Hopper ou Laura Dern et surtout Isabella Rosselini avec qui il s'engage aussi dans la vie. Ils sont ensemble pour quatre ans. Avec un budget confortable de près de 6 millions de dollars il signe un thriller érotique et sombre qui asseoit un style plus personnel.

Désormais considéré bel et bien comme un réalisateur sur qui il faut compter il réalise en suite "Sailor et Lula" (1990 - ci-dessous) avec Nicolas cage, Laura Dern et bien sûr Isabella Rosselini, sorte de variation autour d'un "Bonnie and Clyde" ravageur, road movie rock'n roll violent et lyrique. Le film est un succès (pas impressionnant aux Etats-Unis, amassant 15 millions pour un budget de 9,5 sur le sol nord américain) avec en prime surtout la Palme d'Or au Festival de Cannes 1990.

Il lance à la même période la série TV "Twin Peaks" (1990-1991) mêlant drame, fantastique et thriller dans une ville mystérieuse. Malgré un bel accueil et plusieurs nomination aux Emmy Awards les audieuces baissent sur la seconde saison au point que la série est stoppée laissant la série sur un cliffangher (pas de dénouement, donc laissé en suspens). Dans une certaine frénésie télévisuelle David Lynch et son ami Mark Frost crée également la série documentaire "American Chronicles" (1990), et les séries TV "On the Air" (1992) et "Hotel Room" (1993).

 

Mais entre temps, seulement un moins après l'annulation de la série TV  "Twin Peaks", grâce au producteur français Pierre Edelman le cinéaste signe pour une trilogie qui est initié avec l'adaptation de la série pour le cinéma avec "Twin Peaks : les Derniers Jours de Laura Palmer" (1992 - ci-dessous). Malheureusement le film est fraichement accueilli notamment dès sa présentation au Festival de Cannes. Néanmoins, dès lors, les films de David Lynch seront majoritairement produit par des français.

Durant les années 90 il signe également plusieurs clips publicitaires marquantes pour PlayStation, Calvin Klein, Nissan et la plus célèbre sans doute Barilla avec Gérard Depardieu.

 

Il revient au cinéma avec "Lost Highway" (1997 - ci-dessous) avec Bill Pullman et Patricia Arquette dans un thriller alambiqué et complexe, mêlant une fois encore fantastique et surréalisme dans un monde pourtant contemporain et réaliste et, comme ses précédents films l'accueil est tiède, critique mitigée bien que plutôt bon en France, mais le public n'est pas au rendez-vous avec un box-office Monde qui ne rembourse pas le budget de 15 millions de dollars.

Etonnament, le réalisateur revient avec un film plus linéaire et classique avec le très beau "Une Histoire Vraie" (1999 - ci-dessous) avec Richard Farnsworth, Sissy Spacek et Harry Dean Stanton sur un scénario co-écrit avec son épouse Mary Sweeney tiré d'une histoire vraie vécue par un certain Alvin Straight en 1994 d'où le titre en V.O. "The Straight Story". Le film est bien reçu au niveau critique mais malheureusement le public ne suit pas une fois de plus amassant à peine 7 millions pour un budget de 10 millions de dollars.

Après ce film presque trop "normal" le cinéaste revient avec un nouveau thriller expérimental abordant ses thématiques habituelles et retournant à son style si singulier. "Mulholland Drive" (2001) avec Laura Harring et Naomi Watts qui incarnent chacune un double rôle dans un scénario aussi incompréhensible que vertigineux. Au départ pensé pour une série TV, l'épisode pilote déplaît fortement à Lynch qui décide de tout annuler, puis le producteur et ami Pierre Edelman le convainc d'imaginer le même projet mais pour un long métrage. Finalement doté d'un budget confortable et risqué au vu de ses précédents films, le film est un joli succès (pour Lynch !) avec un bon accueil critique dont le Prix de la Mise en scène au Festival de Cannes 2001 mais ex-aequo avec "The Barber" (2001) des frères Coen, puis un bon accueil public engrangeant plus de 20 millions de dollars au box-office Monde, dont plus de 800000 entrées France (meilleur résultat), ce qui est un très bon score pour Lynch.

Il s'octroie alors une petite parenthèse, d'abord en signant le ourt métrage "Rabbits" (2002), puis en réalisant quelques épisodes de la série TV animée "Dumbland" (2002), puis est choisi comme Président du 55ème Festival de Cannes où il attribue la Palme d'Or au film "Le Pianiste" (2002) de Roman Polanski.

 

Il revient avec un projet qu'il présente à ses co-producteurs américain et franco-polonais comme ambitieux il obtient un budget d'environ 3 millions de dollars mais au départ il convainc ses producteurs de lui laisser toute son indépendance au point qu'il ne dévoile ni le scénario, ni le budget initial ni plan de tournage ! L'équipe de tournage s'isole et tourne en secret avec un joli casting composé des fidèles Laura Dern (co-productrice) et Harry Dean Stanton aux côtés de Jeremy irons ou Julia Ormond. Mais lorsque "Inland Empire" (2007) est dévoilé cette fois la dimension OFNI est grande, trop grande et le film est d'ores et déjà considéré comme un échec car "trop bizarre, incompréhensible et invendable". Et effectivement le film une échec catastrophique aussi bien critique que public avec un box-office Monde d'à peine quatre millions de dollars. Très affecté et vexé par cet échec cuisant le cinéaste annonce s'écarter du cinéma.

S'il n'a jamais abandonné la peinture ou ses expérimentations graphiques, le cinéaste s'y adonne d'autant plus passionnément en délaissant le cinéma. Il explore avec encore plus d'envie et d'assiduité les arts plastiques (peinture, lithographie, peinture et musique) et effectue plusieurs expositions souvent en France comme l'exposition "The Air is on Fire" en 2007 à Paris, ou à Gravelines et Clermont-Ferrand en 2012).

 

La musique est aussi très présente dans son univers, par exemple il participe à l'album BlueBob (2001) de John Neff où il est co-musicien, co-auteur-, co-interprète, co-compositeur et assume le mixage et le design et en extrait d'ailleurs deux morceaux pour le film "Mulholland Drive" (2001). Il sort un deux titres persos en 2010 où il surprend en abordant l'électro avec l'album "Good Day Today" et "I Know". Suit logiquement son premier album "Crazy Clown Tim" (2011) suivi de "The Big Dream" (2013).

 

Adepte de la méditation transcendantale depuis 1973, il s'y plonge encore plus profondément en fondant sa Fondation David-Lynch pour la paix mondiale et une éducation fondée sur la conscience. Il assiste en 2008 à la crémation de Maharishi Mahesg Yogi et donne plusieurs conférences sur le sujet par la suite.

 

Entre temps il signe un clip publicitaire pour Lady Dior en 201 avec Marion Cotillard et, surtout il prévoit de revenir au cinéma avec le projet "Ronnie Rocket" en 2011 sur un scénario écrit après "Eraserhead" (1977) sur l'enlèvement d'un nain rocker dans une cité industrielle. C'est son ami Pierre Edelman qui pousse derrière mais il est impossible de réunir un budget ambitieux de 25 millions de dollars. David Lynch refusant la moindre concession artistique le projet est abandonné.

 

Finalement il revient par la petite lucarne en créant et signant avec son ami scénariste Mark Frost la série TV "Twin Peaks : the return" (2016 - sur un tournage) qui est donc la suite de la série TV originelle devenue entre temps une série culte. En 2020 il est annoncé la série TV "Wisteria" avant d'être annulée en 2021. Idem il est annoncé que le nouveau film du réalisateur sera présenté au Festival de Cannes en 2022 avant de Lynch lui-même nie et déclare qu'il s'agit d'une rumeur. 

Behind the scenes of the 'Twin Peaks' return: "David Lynch saw it ...

Entre temps l'artiste crée sa chaîne YouTube en 2018 où il publie des vidéos, une série "Weather Reports", des courts métrages inédits ou passés, des conseils en tous genres... etc... Mais l'annonce la plus exaltante reste son petit rôle dans le film "The Fabelmans" (2022 - ci-dessous) de Steven Spielberg où il incarne rien que moins le réalisateur John Ford.

Artiste polyvalent, cinéaste hors catégorie David Lynch aura eu une carrière atypique et inclassable où toutes ses influences graphiques et surréalistes auront nourris un cinéma surréaliste et expérimental. Il a cité avec gourmandise bon nombre des ses influences par exemple, en peinture Jérôme Bosch, Francis Bacon ou Edward Hopper, au cinéma avec les films "Boulevard du Crépuscule" (1950) de Billy Wilder, "Les Vacances de Monsieur Hulot" (19553) de et avec Jacques Tati, "Fenêtre sur Cour" (1954) de Alfred Hitchcock, "Lolita" (1962) de Stanley Kubrick, "Le Carnaval des Âmes" (1962) de Herk Harvey, "Deep End" (1970) de Jerzy Skolimowski ou "La Ballade de Bruno" (1977) de Werner Herzog, en littérature "Crime et Châtiment" (1866) de Dostoïevski, "La Métamorphose" (1915) de Franz Kafka, "The Art Spirit" (1923) de Robert Henri, "The Name above the Title : an Autobiography" (1971) de Frank Capra et ""Anonymous Photographs" (2004) de Robert Flynn Johnson. 

 

On constate un virage à la fin des années 90, entre l'alternance de "Lost Highway" (1997) et "Une Histoire Vraie" (1999), soit une filmographie globalement linéaire et compréhensible avant, puis avec le nouveau siècle une filmo plus brouillée et sophistiquée

David Lynch a un premier mariage (1968-1974), de cette union naît Jennifer Lynch future réalisatrice. Il se marie une seconde fois (1977-1987) avec un fils né en 1982. Il est le compagnon de la star Isabella Rosselini (1986-1990) puis de la productrice-monteuse Mary Sweeney en 1992 avec qui il a un fils la même année; il l'épouse finalement en 2006 pour divorcer le mois suivant. Enfin il se marie une quatrième fois en 2009 avec l'actrice Emily Stofle avec qui il a une fille en 2012. Ils divorcent en 2023.

 

Gros fumeur, le cinéaste annonce souffrir d'emphysème en 2024 tout en annonçant qu'il compte poursuivre la mise en scène de films et de séries. Malheureusement, David Lynch n'aura plus le temps, il meurt d'emphysème ce jeudi 16 janvier 2025 à l'âge de 78 ans, quatre jours avant son anniversaire.

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