Sicario, la guerre des Cartels (2018) de Stefano Sollima.
Après le joli succès public mais aussi critique de "Sicario" (2015) de Denis Villeneuve, voici donc la suite. Cette fois Villeneuve laisse sa place à Stefano Sollima (fils de Sergio),remarqué pour ses premiers films coups de poing "A.C.A.B. All Cops Are Bastards" (2012) et "Suburra" (2015). Par contre, le projet n'est pas complètement orphelin, Villeneuve reste à la production et surtout le scénariste Taylor Sheridan reprend du service après avoir écrit notamment le scénario de "Comancheria" (2016) de David MacKenzie et être passé derrière la caméra pour son premier long métrage "Wind River" (2017) ; précisons que Sheridan voyait le tryptique "Sicario"-"Comacheria"-"Wind River" comme la trilogie du "Nouvel Ouest"...
Cette fois l'actrice Emily Blunt n'est pas de la partie, une bonne chose car bien que considérée comme le rôle principal du premier opus, elle n'était qu'un faire valoir sur le fond. On retrouve donc les vrais héros des "Sicario" incarnés par Josh Brolin et Benicio Del Toro, deux acteurs qui se connaissent très bien puisqu'il s'agit de leur 5ème film ensemble après "Les Gardiens de la Galaxie" (2014) de James Gunn, "Inherent Vice" (2015) de Paul Thomas Anderson, "Sicario" évidemment et "Avengers : Infinity War" (2018) de frères Russo. A leurs côtés la toute jeune Isabela Moner vue dans "Transformers : the Last Knight" (2017) de Michael Bay, l'expérimentée Catherine Keener dont le dernier film était le très bon "Get Out" (2017) de Jordan Peele tandis que, plus anecdotique, on reconnaîtra Matthew Modine acteur révélé par "Birdy" (1984) de Alan Parker et "Full Metal Jacket" (1987) de Stanley Kubrick et abonné depuis quelques années déjà aux troisièmes rôles et/ou au film Direct-to-Vidéo... Cette fois il semble que les Cartels diversifient leurs affaires, de la cocaïne et autres stups, ils passent au trafique d'êtres humains et surtout ils investissent dans le passage de clandestins à la frontière américano-mexicaine mais aussi le passage de terroristes islamistes... Taylor Sheridan signe un scénario particulièrement dense, qui aurait pu devenir très vite fouillis mais après un prologue efficace de mise en place des tenants et aboutissants, le film se recentre sur une mission bien précise : créer une guerre des Cartels. Outre le scénario qui découpe un peu le récit en trois parties (prologue, la guerre des cartels et le "nettoyage") Stefano Sollima impose un rythme musclé, plus agressif que dans le premier grâce à une mission où "presque" tous les coups sont permis.
Sollima signe ainsi sa mise en scène d'une redoutable efficacité dans la forme, calquée sur le fond et sa violence sans détour. La fin justifie les moyens. Si le dernier acte offre son lot de surprises, on reste néanmoins perplexe sur la décision ultime (par le personnage joué par Brolin) concernant la fillette, car comment assumer et assurer une telle décision ?! Tourné à 90% dans les paysages désertiques du Nouveau-Mexique, le film est aussi poussiéreux que la morale des protagonistes. Pas de quartier, pas de pitié et des soldats de part et d'autres qui sont pourtant les pions des corruptions et des conditions médiatico-politiques. Pas plombée par un personnage féminin digne d'un simple quota, cette suite s'avère un chouïa plus cohérente, moins timorée également grâce aussi à un scénario malin. Bientôt le 3...
Note :