Mort de Jean-François Stévenin

Le cinéma perd encore un de ses grands acteurs avec Jean-François Stévenin qui nous a quitté ce 27 juillet 2021 à l'âge de 77 ans.

Né en 1944 dans le Jura il poursuit des études jusqu'à être diplômé de HEC Paris en 1967 et signe entre autre une thèse sur l'économie du cinéma. Passionné de cinéma il part à Cuba comme stagiaire sur un tournage sur la production laitière. À partir de là il va accepter tous les postes possibles sur tos les tournages qu'on peut lui proposer jusqu'à devenir assistant-réalisateur sur le film "La Chamade" (1968) de Alain Cavalier dans lequel il fait aussi une apparition.

Il joue ensuite dans "L'Enfant Sauvage" (1970) de François Truffaut ce qui lui permet de devenir son assistant réalisateur aussitôt après dans "Domicile Conjugal" (1970). Ayant soif d'apprendre il poursuit comme assistant souvent en jouant aussi devant la caméra comme sur "Out 1 : Noli Me Tangere" (1971) de Jacques Rivette et "La Nuit Américaine" (1973 - ci-dessous avec le réalisateur) de François Truffaut.

Il est encore assistant sur "Zig Zig" (1975) de Laszlo Szabo et "Maîtresse" (1976) de Barbet Shroeder puis joue notamment dans "L'Argent de Poche" (1976) de Truffaut, "Barocco" (1976) de André Téchiné, "La Machine" (1977) de Paul Vecchiali et "La Guerre des Polices" (1979) de Robin Davis.

Entre temps il apparaît pour la première fois à la télévision dans un téléfilm en 1976, la petite lucarne sera aussi sont terrain de jeu régulier ensuite. Mais surtout il devient réalisateur à part entière dans son premier long métrage en tant que tel avec "Passe Montagne" (1978 - ci-dessous) avec Jacques Villeret.

Une dernière fois assistant réalisateur sur "Eugenio" (1980) de Luigi Comencini, l'acteur part outre-Atlantique pour tourner dans "Les Chiens de Guerre" (1981 - ci-dessous premier plan à gauche) de John Irvin avec Christopher Walken et Tom Berenger, puis enchaîne avec "Allons Z'Enfants" (1981) de Yves Boisset et "À Nous la Victoire" (1981) de John Huston au sein d'un casting international prestigieux dont Sylvester Stallone, le footballeur Pelé et Michael Caine.

À partir de là Jean-François Stévenin devient un acteur incontournable même si c'est souvent pour des seconds rôles. Citons une année faste avec "Le Pont du Nord" (1982) de Jacques Rivette, "Y-a-t-il un Français dans la selle ?" (1982) de Jean-Pierre Mocky, "Une Chambre en Ville" (1982 - ci-dessous) de François Truffaut, "Passion" (1982) de Jean-Luc Godard...

Il fait montre d'une grande curiosité et touche à tous les genres avec aussi "Notre Histoire" (1984) de Bertrand Blier, "L'Île au Trésor" (1985 - fumant ci-dessous) de Raoul Ruiz, "Tenue de Soirée" (1986) de Blier, "36 Fillette" (1988) de Catherine Breillat, "La Soule" (1989) de Michel Sibra, il retrouve un casting quatre étoiles avec "La Révolution Française" (1989) de Robert Enrico et joue aux côtés de sa fille Salomé dans "Peaux de Vache" (1989) de Patricia Mazuy.

Entre temps Stévenin signe son second long métrage en tant que réalisateur avec "Double Messieurs" (1986 - ci-dessous).

Toujours aussi prolifique, il est omniprésent à la télévision et continue comme jamais à tourner pour le grand écran avec entre autre "La Gamine" (1991 - ci-dessous) de Hervé Palud, "Le Grand Pardon 2" (1992) de Alexandre Arcady, "Les Patriotes" (1994) de Eric Rochant, "Noir comme le Souvenir" (1995) de Jean-Pierre Mocky, "Les Bidochon" (1996) de Serge Korber, "Les Aveux de l'Innocent" (1996) de Jean-Pierre Améris, "K" (1997) de Arcady, "Le Bossu" (1997) de Philippe De Broca, "... Comme elle Respire" (1998) de Pierre Salvadori et "À Vendre" (1998) de Laetitia Masson.

L'acteur ne ralentit pas et tourne à tour de bras, tellement qu'on est surpris de la cadence et de la qualité des films générale. Le millénaire s'ouvre avec des films comme "Love Me" (2000) de Laetitia Masson avec Johnny Hallyday, "Total Western" (2000) de Eric Rochant, "Le Pacte des Loups" (2001) de Christophe Gans et "De l'Amour" (2001 - ci-dessous) de Jean-François Richet.

Jean-François Stévenin passe ensuite derrière la caméra pour la troisième et dernière fois avec "Mischka" (2001 - ci-dessous avec sa fille) dans lequel il joue aux cotés de ses enfants Salomé et Robinson.

Il tourne toujours autant, en moyenne 3-4 films par an sans compter la télévision ce qui est énorme. Liste forcément non exhaustive avec "La Repentie" (2002) de Laetitia Masson, "L'Homme du Train" (2002) de Patrice Leconte, "Le Deal" (2006) de Jean-Pierre Mocky, "La Chambre des Morts" (2007) de Alfred Lot, "Capitaine Achab" (2008) de Philippe Ramos, "Les Yeux bandés" (2008) de Thomas Lilti, "Une Etoile dans la Nuit" (2008 - ci-dessous) de René Féret, "Nuit de Chien" (2008) de Werner Schroeter et "The Limits of Control" (2009) de Jim Jarmush.

Entre temps il aura un petit passage à vide, particulièrement touché par la mort de son ami Jacques Villeret en 2005.

L'acteur joue ensuite dans "Happy Few" (2010) de Antony Cordier, "Lignes de Front" (2010) de jean-Christophe Klotz, "La Tête en Friche" (2010) de Jean Becker, "Jeanne Captive" (2011) de Philippe Ramos, "Les Beaux Jours" (2013) de Marion Vernoux, "Le Renard Jaune" (2013) de Jean-Pierre Mocky, "Le Dernier Diamant" (2014) de Eric Barbier, "Jeunesse" (2016 - ci-dessous) de Julien Samani ou encore "Pupille" (2018) de Jeanne Herry.

Son dernier rôle actuel est dans le film "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli mais on aura droit à quelques sorties posthumes avec des films comme "Tendre et Saignant" (2021) de Christopher Thompson, "Adieu paris" (2021) de Edouard Baer et "Comédie Humaine" (2021) de Xavier Giannoli.

Anecdote littéraire : l' écrivain très controversé Marc-Edouard Nabe fait de Jean-François Stévenin un de ses personnages dans son roman "Lucette" (1995) où il est acteur-cinéaste qui cherche à adapter le roman "Nord" (1960) de Louis-Ferdinand Céline.

L'acteur Jean-François Stévenin reçoit pour son travail de réalisateur le Prix Jean Vigo d'honneur remis par Agnès Varda.

Stévenin a eu quatre enfants (tous ensemble ci-dessous) de deux femmes différentes. Sagamore (1974) devenue acteur de sa première épouse. Puis Robinson (1981) lauréat du César du meilleur espoir en 2002, Salomé (1985) et Pierre (1995) également tous acteurs de sa seconde épouse.

Jean-François Stévenin aura joué plus de 200 rôles sur plus d'un demi-siècle de cinéma et de télévision. Mais il aura aussi été réalisateur de trois films que certains qualifient de "cultes".

Jean-François Stévenin est mort ce mardi 27 juillet 2021 à l'âge de 77 ans à l'hôpital de Neuilly-sur-Seine.