Boulevard de la Mort (2007) de Quentin Tarantino
Voici donc après "Planète Terreur" (2007) de son acolyte Robert Rodriguez, la seconde partie du projet "Grindhouse" (Tout savoir ICI !) que Tarantino a envisagé avec son ami après avoir déjà collaboré ensemble sur "Une Nuit en Enfer" (1996). Donc après que Rodriguez ait revisité le film de zombies Tarantino offre sa version du slasher mais à la sauce cascade mécanique avec des voitures "à l'épreuve de la mort". Après avoir imaginer une thématique autour des prisons de femmes il a porté son dévolu sur les courses automobiles car il dit n'avoir vu que trop peu de scènes du genre ces dernières années, en citant les deux seuls films l'ayant satisfait sur ce point, à savoir "Terminator II" (1991) de James Cameron et "Destination Finale 2" (2003) de David Richard Ellis. Précisons quele titre en V.O. "Death Proof" a été trouvé par Robert Rodriguez. Et rappelons aussi que les deux films devaient sortir à la façon Grindhouse, soit en une seule séance entrecoupée de fausses bandes annonces mais les co-producteurs, les frères Weinstein, pensèrent qu'il fallait sortir les deux films séparément dans les autres pays. Sur ce film, et comme souvent, Quentin Tarantino assume plusieurs postes, co-producteur-réalisateur-scénariste-directeur Photo... Mike, cascadeur roule dans un bolide qui ne passe pas inaperçu. Il s'arrête dans un bar où il fait la connaissance de jolies femmes. Tandis qu'une autre de bandes de jolies femmes partent en virée, Mike le stuntman porte son dévolu sur elles mais cette fois les règles du jeu vont être un peu bousculées...
Pour cette seconde partie "Grindhouse" on retrouve une partie du casting avec Quentin Tarantino lui-même dans un caméo, les jumelles Electra et Elise Avellan, Nicky Katt qui était dans "Sin City" (2005) de Robert Rodriguez, Rose McGowan vue auparavant dans "Scream" (1996) de Wes Craven ou "Le Dalhia Noir" (2006) de Brian De Palma, on retrouve certains personnages avec Marley Shelton qui était aussi dans "Sin City" et remarquée dans les derniers "Scream 4" (2011) de Wes Craven et "Scream" (2022) de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, Michael Parks alias shérif Earl McGraw qui reprend son rôle récurrent depuis "Une Nuit en Enfer", puis dans "Kill Bill" (2003-2004) de Tarantino, il est cette fois accompagné de son fils James Parks qui était dans le même rôle dans "Kill Bill", et qui retrouvera Tarantino également dans "Django Unchained" (2012) et "Les Huit Salopards" (2015) à l'instar d'autres partenaires. Pour commencer le Stuntman est incarné par Kurt Russell alors au ralenti malgré "Poséïdon" (2006) de Wolfgang Petersen mais qui retrouvera Tarantino dans "Les Huits Salopards" (2015) et "Once Upon a Time... in Hollywood" (2019), retrouvant alors plusieurs partenaires dont en premier lieu Zoé Bell, cascadeuse chez Tarantino depuis "Kill Bill" (2003-2004) qui sera aussi dans "Django Unchained" et qui retrouvera dans "L'Arène" (2013) de Josh C. Waller son amie Rosario Dawson, vue dans le dyptique "Sin City" (2005-2014) de Robert Rodriguez, qui retrouve également après "La 25ème Heure" (2002) de Spike Lee et Descent" (2007) de Talia Lugacy sa partenaire Vanessa Ferlito puis Tracie Thoms après "Descent" et "Rent" (2005) de Chris Columbus. Citons parmi les filles encore la jolie Mary Elizabeth Winstead qui gravira les échelons avec "Scott Pilgrim" (2010) de Edgar Wright jusqu'à "Kate" (2021) de Cédric Nicolas-Troyan, les "filles de" Sydney Tamiia Poitier (fille de Sydney Poitier) aperçue dans "Jugé Coupable" (1999) de et avec Clint Eastwood et "Neuf Vies" (2004) de Rodrigo Garcia, puis Jordan Ladd (petite-fille de Alan Ladd et fille de Cheryl Ladd) qui retrouve après "Cabin fever" (2002) et "Hostel, Chapitre II" (2007) son réalisateur Eli Roth qui joue cette fois l'acteur avant de retrouve Tarantino pour "Inglourous Bastersd" (2009). Et enfin, citons des seconds rôles, gueules tarantinesques avec Monica Staggs, cascadeuse amie et Zoe Bell sur "kill Bill" qui reviendra dans "Once Upon a Time... in Hollywood" à l'instar de Omar Doom vu aussi dans "Inglourious Basterds" retrouvant ainsi Michael Bacall qui retrouvera d'autres partenaires dans "Django Unchained"... Film hommage à un sous-genre oublié Tarantino revisite et porte aux nues à la fois en modernisant et en restant fidèle, transcendant ainsi un sous-genre qu'il affectionne en instillant clins d'oeil référencés à des films aussi cultes que "Point Limite Zero" (1971) de Richard C. Sarafian, "La Grande Casse" (1974) de Henry Blight Halicki, "Larry le Dingue, Mary la Garce" (1974) de John Hough, "Driver" (1978) de Walter Hill ou encore "le Convoi" (1978) de Sam Peckinpah dont on reconnaîtra la mascotte "canard" ("Duck"). Mais à l'instar de son compère Robert Rodriguez n'oublie pas sa propre filmo, comme par exemple le clin d'oeil au "PussyCatWaggon" ou la sonnerie de portable qui renvoie à l'air sifflé de Elle Driver dans "Kill Bill", ou des titres de chansons du tourne-disque qui renvoient au générique de "Pulp Fiction" (1994), film qui revient via les termes "Big Kahuna Burger" ou "Foot Massage".
Le film met face à face des femmes indépendantes, libres et sexy avec un homme macho et viril, qui se voit en mâle alpha symbolisé par un bolide image de sa virilité telle qu'il l'imagine. Le film débute dans une atmosphère singulière ou la féminité explose, s'assume tout en jouant du cliché sur le bavardage. Un blalbla constant, très écrit mais qui permet de nous plonger dans le quotidien des filles sans être trop explicatif, et surtout des dialogues nombreux et denses qui ne sont jamais mièvres ou ennuyeux. Les femmes dans ce film se sentent l'égal des hommes, ou en tous cas n'ont aucun complexe d'infériorité. L'homme est ici un chasseur, un psychopathe frustré qui va tomber sur un os. Si on devine que ce Stuntman a tout du Serial Killer, on devine aussi que la punition ne va pas tarder. Le récit évolue sans réel suspense, on sait que le Stuntman va tomber sur cet os, celui qui fait mal, celui où la virilité dans toute sa caricature et sa certitude va se briser. On s'attache d'abord aux filles, panel des genres, extraits de charmes, qui imposent un peu de grâce et d'humour aussi en parallèle de la violence et/ou de la dégueulasserie symbolisé par Mike le Stuntman jusqu'à ce dernier acte absolument fun et jouissif où la lâcheté du cascadeur en prend pour son grade. Tarantino offre une mise en scène maline et rythmée, qui ne prend pas la grâce féminine pour de la fragilité, qui frappe fort en signant un des films féministes les plus efficaces qui soit sans tomber dans la morale facile et académique. On note aussi une petite nuance, légère avec une première partie festive mais au ton terne, comme funeste pour ensuite avoir des couleurs éclatantes comme un soleil signe d'un changement radical à venir. Plusieurs séquences méritent le détour, du strip-tease à l'accident de voiture en passant par une Zoe Bell sur un capot en pleine vitesse... Un p***** de film ! Malheureusement, malgré un accueil critique plutôt bon le succès ne sera pas au rendez-vous, accumulant à peine plus que "Planète Terreur", les deux films feront un peu plus de 25 millions de dollars pour un budget général de 67 millions. Tarantino déclarera être "fier de son flop"... Et nous aussi ! Un film encore trop sous-estimer à voir, à revoir et à conseiller.
Note :