Le Vol du Phénix (1965) de Robert Aldrich
Déjà un grand réalisateur avec entre autre "Vera Cruz" (1954) ou "Le Grand Couteau" (1955) le cinéaste Robert Aldrich se lance dans une production d'envergure avec l'adaptation du roman éponyme (1964) de Trevor Dudley-Smith, auteur déjà porté à l'écran plusieurs fois comme par exemple les films "Dunkerque" (1958) de Leslie Norman ou "80000 Suspects" (1963) de Val Guest. Le réalisateur collabore une nouvelle fois après "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" (1962) et "Chut... Chut, Chère Charlotte" (1964) avec Lukas Heller, scénariste qu'il retrouvera encore pour "Faut-il tuer Sister George ?" (1968) et "Trop Tard pour les Héros" (1970). Le film de 2h20 qui réunit un casting prestigieux sera un grand succès. Une nouvelle version verra le jour avec "Le Vol du Phénix" (2004) de John Moore mais transposé dans le désert de Gobi et à une époque plus contemporaine... Un avion cargo quitte un complexe pétrolifère du désert de Libye avec du fret et une dizaine de passagers dont deux militaires. Le pilote Frank Towns et son navigateur Lew Moran s'aperçoivent que la radio et ordinateur de bord sont défectueux mais comme les dernières données étaient rassurantes ils décident de poursuivre leur route. Malheureusement l'avion traverse une terrible tempête de sable et l'avion se crashe en plein désert du Sahara. Très vite l'équipage doit être rationné, tandis que les tensions s'éveillent entre les passagers. Quand l'un d'eux, Dorfmann, prétend pouvoir construire un second avion avec les restes de l'épaves. Les tensions se font bientôt de plus en plus vives alors que les secours n'arrivent pas...
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Le pilote est incarné par le monstre sacré James Stewart vu dans plusieurs chefs d'oeuvres comme "La Vie est Belle" (1946) de Frank Capra, "Fenêtre sur Cours" (1954) de Alfred Hitchcock ou "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de John Ford. Son co-pilote est joué par Richard Attenborough alors entre "La Grande Evasion" (1962) de John Sturges et "La Cannonière du Yang-Tse" (1966) de Robert Wise et avant de devenir lui-même un grand réalisateur avec "Ah ! Dieu ! Que la Guerre est Jolie" (1969) suivi notamment de "Un Pont trop Loin" (1977) ou "Ghandi" (1982). Citons ensuite Peter Finch vu dans "La Piste des Eléphants" (1954) de William Dieterle ou "La Fille aux Yeux Verts" (1964) de Desmond Davis, Hardy Krüger vu dans "Un Taxi pour Tobrouk" (1961) de Denys de La Patellière ou "Hatari !" (1962) de Howard Hawks, George Kennedy qui retrouvera James Stewart dans "Bandolero !" (1968) de Andrew V. McLaglen et "Les Naufragés du 747" (1977) de Jerry Jameson, mais surtout il retrouve Albert Aldrich entre "Chut... Chut, Chère Charlotte" (1964) et "Les Douzes Salopards" (1967) à l'instar pour ce dernier de Ernest Borgnine vu dans "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann ou "Les Vikings" (1958) de Richard Fleischer et qui retrouve son réalisateur après "Vera Cruz" (1954) avant de le retrouver encore plusieurs dont "Le Démon des Femmes" (1968) où il retrouvera Gabriele Tinti qui était aussi dans "Sodome et Gomorrhe" (1962) de Aldrich et Sergio Leone et remarqué plus tard en France dans "Le Gendarme de Saint-Tropez" (1964) de Jean Girault, "Le Passager de la Pluie" (1969) de René Clément et "La Folie des Grandeurs" (1971) de Gérard Oury, Ronald Fraser qui retrouvera Aldrich également dans "Faut-il tuer Sister George ?" (1968) et "Trop Tard pour les Héros" (1970), Ian Bannen vu dans "L'Armure Noire" (1955) de Henry Levin ou "La Colline des Hommes Perdus" (1965) de Sidney Lumet, Christian Marquand vu dans "Senso" (1954) de Luchino Visconti, "Et Dieu... créa la Femme" (1956) de Roger Vadim ou "Lord Jim" (1965) de Richard Brooks, Dan Duryea remarqué dans les Films Noirs "La Femme au Portrait" (1944) et "La Rue Rouge" (1945) tous deux de Fritz Lang et qui retrouve James Stewart après "Winchester 73" (1950) de Anthony Mann, puis enfin n'oublions pas Alex Montoya second couteau réduit au bon mexicain comme dans "Viva Zapata !" (1952) de Elia Kazan ou "Les Sept Mercenaires" (1962) de John Sturges... Le film débute comme n'importe quel film qui mix le genre catastrophe au survival, et cette fois le groupe s'écrase au milieu du Sahara, un contexte aride et caniculaire qui paraît comme l'antiothèse des plus récents "Les Survivants" (1993) de Frank Marshall et "Le Cercle des Neiges" (2023) de Juan Antonio Bayona, avec la différence majeure que ces deux derniers films racontent un événement réel.
Le cahier des charges du genre est rempli à la perfection, une dizaine de protagonistes très différents, qui vont devoir s'entendre (ou pas !) afin de survivre, la lutte contre la faim et surtout la soif, le temps qui passe, jusqu'à cette volonté de recréer un second avion à partir de l'épave. Les caractères associés aux capacités de chacun donne un récit dense et constructif avec un suspense fragile qui va virer vers un suspense bien plus intéressant après la révélation de Dorfmann/Krüger. On apprécie aussi le personnage du pilote/Stewart où l'acteur n'est pas aussi vertueux qu'à son habitude, presque à contre-emploi et, ironie du sort, rappelons que la star a été réellement pilote de bombardier lors de la Seconde Guerre Mondiale. L'histoire est prenante et surtout parfaitement maîtrisée, a contrario du tournage où un cascadeur a tout de même perdu la vie lors du tournage de la scène du décollage finale. Il manque peut-être un charme féminin au milieu de toute cette virilité ou un rebondissement plus forte encore, mais le film repose surtout sur les relations humaines et psychologiques et c'est tout aussi remarquable. Un très bon moment.
Note :