Le Loup et le Lion (2021) de Gilles de Maistre

par Selenie  -  22 Avril 2022, 15:07  -  #Critiques de films

Cinéaste de fiction comme de documentaire Gilles de Maistre a su muté et évolué en alliant les deux genres. Après la mauvaise fiction "Féroce" (2001), il s'est rattrapé avec le sublime documentaire "Un Premier Cri" (2007), et outre les documentaires suivants (télé et ciné) il a connu un joli succès avec "Mia et le Lion Blanc" (2018) un docu-fiction animalier qui permet au cinéaste globe-trotter de fixer un double regard sur son aventure. Une expérience enrichissante qui a donc poussé le réalisateur-scénariste à renouveler l'expérience avec une variation sensiblement plus fictive qui renvoie forcément à des films comme "Deux Frères" (2004) et "Le Dernier Loup" (2015) tous deux de Jean-Jacques Annaud ou plus récemment "Mystère" (2021) de Denis Imbert. Ce nouveau projet est né durant le tournage de "Mia...", alors que Gilles de Maistre avait une autre idée avec uniquement des chiens et pour laquelle il a rencontré Andrew Simpson, un des plus fameux coordinateur animalier du 7ème Art de "Agagauk" (1992) de Jacques Dorffmann à la série TV "Game of Thrones" (2017-2019) en passant par "Loup" (2009) de Nicolas Vanier et la trilogie "Belle et Sébastien" (2014-2021). Ce spécialiste canin est venu sur le tournage en Afrique du Sud, et c'est là qu'il aurait proposé de faire rencontrer deux prédateurs mythiques, le loup et le lion. Le projet est alors lancé, Gilles de Maistre co-signe comme précédemment le scénario avec son épouse Prune de Maistre, tandis que Andew Simpson assume logiquement la partie animaux, et enfin on notera à la production le défunt Jacques Perrin mort ce 21 avril 2022... 

À la mort de son grand-père, Alma jeune pianiste de 20 ans revient dans la maison familiale isolée sur une île du Canada. Sa vie bascule quand elle découvre un louveteau et un lionceau perdus et à l'origine mystérieuse. Malgré la situation forcément complexe elle décide de les garder et de les élever. Durant des années c'est le bonheur avec le loup et le lion qui grandissent comme des frères mais le paradis s'écroule soudain quand leur secret est découvert... Alma la jeune pianiste est interprétée par Molly Kunz aperçue dans quelques séries TV et dans le film "Les Veuves" (2018) de Steve McQueen. À ses côtés citons en premier lieu Graham Greene acteur amérindien révélé dans "Danse avec les Loups" (1991) de et avec Kevin Costner et vu depuis dans des films aussi divers que "Maverick" (1994) de Richard Donner, "Maïna" (2013) de Michel Poulette, "Wind River" (2017) de Taylor Sheridan ou plus récemment "Affamés" (2021) de Scott Cooper. Le reste du casting est composé d'acteurs méconnus avec Derek Johns aperçu dans "Moonfall" (2022) de Roland Emmerich, Rebecca Croll aperçue dans "The Walk - Rêver plus Haut" (2015) de Robert Zemeckis, Victor Cornfoot aperçu dans "Clown" (2017) de Jon Watts, Daniel Brochu aperçu dans "M. Nobody" (2009) de Jaco Van Dormael, Evan Buliung vu dans les séries TV "Reign : le Destin d'une Reine" (2013) et "Departure" (2019) à l'instar de son partenaire Charlie Carrick qui y jouera plus tard respectivement (2015-2017) et (2021-...), puis enfin notons les apparitions de la scénariste Prune de Maistre et de leur fille Neige de Maistre... Pour commencer rappelons que Andrew Simpson a recueilli quatre louveteaux et deux lionceaux dans sa réserve de Calgary au Canada pour préparer le film, et surtout trouver le duo où la plus belle alchimie servirait l'histoire. Par là même, dans le même lieu, l'actrice Molly Kunz s'y est rendue pour s'adapter aux animaux, et vice versa, et notamment apprendre à se mouvoir au milieu de 40 loups ! Un travail impressionnant qui donne des scènes hallucinantes, vraiment sublimes esthétiquement et terriblement touchantes sur le fond. Dès les premières minutes on fond devant le lionceaux qui rugit timidement, on finit littéralement par tomber en amour quand la petite famille se forme. Le tout dans un écrin superbe et magique de l'Alberta, aux paysages qui feraient rêver n'importe qui.

Malheureusement il y a aussi des humains, et comme dans la nature, ils sont les maillons faibles ! Dès les premières minutes on nous présente l'héroïne, jeune femme pianiste, comme  de par hasard malheureuse en insistant bien sur quelques minutes d'hyper sensiblerie et de pathos alors même que l'histoire n'est pas commencée, et alors même qu'on attend les deux vrais héros du film. Bref on s'en moque vite passons ! Le pire est que pratiquement tout ce qui touche aux humains est mal écrit, soit c'est invraisemblable soit complètement incohérent. La liste est longue et non exhaustive (Attention SPOILER !)... : un crash d'avion mais pas inquiète elle n'appelle aucun secours, va se recoucher, se réveille et va sur les lieux toujours pas inquiète elle n'appelle toujours pas les secours (?!), l'oncle semble très présent mais ne s'aperçoit de rien pendant des semaines (?!), comme tout est très subtil on a droit à une succession d'articles de journaux sur les maltraitances d'animaux dans les cirques au cas où on ne comprendrait rien à rien, comme de par hasard un gosse de 8-9 ans écoute en boucle la même musique classique de l'héroïne, deux adultes embarquent ce même gosse sans se poser une seule question ne serait-ce que légale (?!), et le pompom arrive avec le S.W.A.T. armé façon descente dans un Cartel comme arme ultime contre deux animaux domestiqués ?! Alors pas de quartier, pas de somnifère ou autre flèche déontologique ?! Cette soit disante unité d'élite râte un lion (pas un chat !) qui semble de surcroît se téléporter !... Fin SPOILER !... Du n'importe quoi de bout en bout, rien ne va. Niveau animaux, le plus gênant est lorsque les animaux sont adultes, le lion semble constamment endormi ou au ralenti, et donc moins en phase avec son ami le loup. Ceci pose soudain des questions, d'ailleurs le film impose des réflexions plutôt paradoxales où comment l'héroïne de l'histoire comme les auteurs du film ont fait font et font encore ce que leur propre morale dénonce et condamne ! Un peu la balle dans le pied. En conclusion Gilles de Maistre signe un film de fiction qui n'est pas assez sérieux, si on reste impressionné par la partie animalière, la beauté des images, tout ce qui les entourent et donc les humains frôlent le foutage de gueule tant rien ne va, tant rien n'est crédible sans compter une morale très moralisatrice qui n'est pas franchement assumée par les responsables du film. Note indulgente !

 

Note :      

 

07/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

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