Mort de Jacques Perrin

par Selenie  -  22 Avril 2022, 00:11  -  #Décès de star - Bio

Nous terminons cette journée endeuillés, en apprenant la mort du producteur-réalisateur-acteur Jacques Perrin ce 21 avril 2022 à l'âge de 80 ans alors même que nous venons de le voir dans un dernier rôle tout récemment dans "Goliath" (2002) de Frédéric Tellier.

Né en 1941 à Paris, le jeune Jacques-André Perrin-Simonet est le fils d'un régisseur de la Comédie Française et souffleur au TNP Jean Vilar puis de la  mère comédienne Marie Perrin. Enfant de la balle, il écume les coulisses des théâtres et rencontre de nombreuses personnalités du milieu grâce à quoi il est choisi avec d'autres pour être un des gamins dans le film "Les Portes de la Nuit" (1946 - ci-dessous petit bonhomme au premier plan) de Marcel Carné sans être crédité. 

À l'instar de sa soeur, la future comédienne Eva Simonet, il entre dès ses 15 ans au Conservatoire d'Art Dramatique mais le quitte assez vite après avoir obtenu des rôles, dans la pièce "César et Cléopâtre" (1957) de G.B. Shaw au théâtre Sarah Bernhardt, puis dans le long métrage "La Peau de l'Ours" (1957) de Claude Boissol sous nom de Jacques Simonet.

 

Dès lors, le jeune acteur n'arrêtera plus jamais de tourner. Il enchaîne plusieurs pièces de théâtre jusqu'en 1962 mais c'est au cinéma qu'il persévère. Après quelques petits rôles notamment dans "Les Tricheurs" (1958) de Marcel Carné il obtient coup sur coup deux succès, un rôle important dans "La Fille à la Valise" (1960 - ci-dessous) de Valerio Zurlini avec Claudia Cardinale suivi de "La Vérité" (1960) de Henri-Georges Clouzot avec entre autre Brigitte Bardot et Charles Vanel.

Il grimpe petit à petit les échelons et tourne beaucoup et notamment en Italie avec "Journal Intime" (1962) de Valerio Zurlini, "La Corruption" (1963 - ci-dessous) de Mauro Bolognini, "Le Procès des Doges" (1963) de Duccio Tessari ou "La Vie Ardente" (1964) de Florestano Vancini... 

Il commence ensuite à se démarquer avec des choix de carrière plus pointus ou plus audacieux avec d'abord le film de guerre "La 317ème Section" (1965 - ci-dessous face à Bruno Cremer) de Pierre Schoendoerffer puis "Compartiment Tueurs" (1965) de Costa-Gravas.

Il retrouve l'Italie avec "Le Chevalier à la Rose Rouge" (1966 - ci-dessous) de Steno, puis tourne dans "La Ligne de Démarcation" (1966) de Claude Chabrol, reçoit le Coupe Volpi à la Mostra de Venise pour sa performance dans "Un Homme à Moitié" (1966) de Vittorio De Seta, puis retrouve Catherine Deneuve dans "Les Demoiselles de Rochefort" (1967)  de Jacques Demy, puis retrouve celui qui est devenu un ami pour "Un Homme de Trop" (1967) de Costa-Gravas.

Avec ce dernier il devient aussi co-producteur en fondant sa société Reggane Films pour le film "Z" (1969) dans lequel il joue également. Après d'autres films dont "Peau d'Âne" (1970 - ci-dessous) de Jacques Demy où il retrouve une nouvelle fois Catherine Deneuve, il retrouve Costa-Gravas pour "Etat de Siège" (1973) et "Section Spéciale" (1974) dans lesquels il joue et surtout il est de nouveau à la production, un domaine qu'il affectionne assez pour refaire de même avec un autre réalisateur fétiche pour le magnifique "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini.

Peau d'âne

Après avoir co-produit sans y jouer le film "La Victoire en Chantant" (1976) de Jean-Jacques Annaud, puis après avoir jouer dans le remarqué et salué "Le Crabe-Tambour" (1977 - ci-dessous avec Jean Rochefort) de Pierre Schoendoerffer, l'artiste aborde le documentaire pour la première fois en prêtant sa voix comme narrateur sur "Raoni" (1977) de Jean-Pierre Dutilleux. 

Les années qui suivent restent prolifiques mais sans rôles ou films d'ampleur. Citons tout de même "La Légion saute sur Kolwezi" (1978) de Raoul Coutard, "Une Robe Noire pour un Tueur" (1980) de José Giovanni, "L'Honneur d'un Capitaine" (1982) de Pierre Schoendoerffer, "L'Année des Méduses" (1984 - ci-dessous) de Christopher Frank ou "Parole de Flic" (1985) de José Pinheiro...

Après une petite pause, l'acteur revient dans la comédie "Vanille Fraise" (1989) de Gérard Oury et surtout dans le sublime succès "Cinema Paradiso" (1989 - ci-dessous) de Giuseppe Tornatore où il joue Toto adulte, dont le personnage enfant devenait amoureux de cinéma grâce à Philippe Noiret. 

Une année charnière puisque cette même année il produit le documentaire écolo-animalier "Le Peuple Singe" (1989) de Gérard Vienne. Après "Raoni", Jacques Perrin va prendre un virage assez radical ensuite puisque tout en tournant comme acteur très régulièrement il va se lancer comme un des producteurs-réalisateurs majeurs de documentaires engagés dans la cause écologique et animale. Mais après quelques films comme acteur il choisit un hommage au cinéma pour son premier documentaire, "Les Enfants de Lumière" (1995).

 

Acteur toujours et encore, comme dans "Scènes de Crimes" (2000) de Frédéric Schoendoerffer ou un petit rôle dans "Le Pacte des Loups" (2001) de Christophe Gans, désormais sa priorité reste la production et les documentaires. Il semble ainsi rester acteur de façon plus alimentaire.

 

Après avoir produit le magnifique documentaire "Microcosmos : le Peuple de l'Herbe" (1996 - ci-dessous avec son César) de Claude Nuridsany et Marie Pérennou auréolé du César du meilleur producteur, ainsi que le très beau docu-fiction "Himalaya : l'Enfance d'un Chef" (1999) de Eric Valli, Jacques Perrinil produit et co-réalise avec Jacques Cluzaud et Michel Debats son premier documentaire animalier avec "Le Peuple Migrateur" (2001 - ci-dessous) qui est un énorme succès public et critique.

Il persévère alors et enchaîne avec "Les Ailes de la Nature" (2002) toujours en collaboration avec Jacques Cluzaud, puis est le narrateur du docu "La Planète Bleue" (2003) de Alastair Fothergill et Andy Byatt.

 

Omniprésent et sur tous les fronts, il joue aussi dans "Les Choristes" (2004 - ci-dessous regardant son neveu réalisateur et la jeune révélation Jean-Baptiste Maunier) de Christophe Barratier qu'il produit également, "Le Petit Lieutenant" (2005) de Xavier Beauvois, "L'Enfer" (2005) de Danis Tanovic, il est narrateur également pour "Le Parfum, Histoire d'un Meurtrier" (2006) de Tom Tykwer, retrouve Barratier pour "Faubourg 36" (2008)...

Mais entre temps il ne délaisse pas les documentaires à tous les niveaux puisqu'il est narrateur pour "L'Odyssée de la Vie" (2005) de Nils Tavernier et producteur pour "Tabarly" (2008) de Pierre Marcel. Cette fois jacques Perrin ralentit la cadence, un peu, fait surtout moins l'acteur pour se focaliser plus que jamais sur les documentaires.

 

Ainsi il est logiquement dans "Pierre Schoendoerffer, la Sentinelle de la Mémoire" (2011) de Raphaël Millet, et surtout il enchaîne avec son acolyte Jacques Cluzaud plusieurs grands documentaires écolos avec le sublime "Océans" (2009) César du meilleur documentaire 2011, suivi de "L'Empire du Milieu du Sud" (2010), "Le Peuple des Océans" (2011) et sa dernière réalisation avec "Les Saisons" (2016).

Océans (2009) - Studio Review

Ses derniers sont à l'image de ses dernières années, il produit le film "L'Outsider" (2016) de Christophe Barratier, il joue à nouveau un personnage plus âgé dans "Rémi sans Famille" (2018 - ci-dessous) de Antoine Blossier, assure la narration dans le documentaire "La Vie Secrète du Jardin" (2018) de Samuel Guiton, et produit des films où les titres parlent d'eux-mêmes avec "Mia et le Lion Blanc" (2018) et "Le Loup et le Lion" (2022) tous deux de Gilles de Maistre et le documentaire "L'Odyssée du Loup" (2019) de Vincent Steiger.

Son dernier film en tant qu'acteur est "Goliath" (2022 - ci-dessous aux côtés de Gilles Lellouche) de Frédéric Tellier dont le sujet est une fois de plus d'actualité, à l'instar de l'écologie. Mais il était encore actif et on attendra son film posthume, "Les Derniers Hommes" (2023-2024 ?!) de David Oelhoffen sur les légionnaires poursuivis par les japonais en 1945 pour lequel Jacques Perrin est producteur-scénariste.

L'artiste était aussi actif hors cinéma, ayant entre autre le grade de Capitaine de Frégate dans la réserve citoyenne de la Marine Nationale, corps dans lequel il sera aussi nommé en 2015 Peintres Officiels de la Marine.

 

Etant militant naturel, et faisant écho au documentaire "Raoni" auquel il a participé, en 2011 il soutient officiellement le chef amérindien Raoni contre le barrage de Belo Monte en Amazonie.

Il a d'abord eu un fils d'une première relation, Mathieu Simonet (né en 1975) qui est devenu acteur et Directeur Photo sur "Le Peuple Migrateur" et "Océans", puis il a épousé Valentine Perrin en 1995 avec qui il a eu Maxence (né en 1995) également devenu acteur vu entre autre dans le rôle de Pepinot dans "les Choristes", puis "Lancelot (né en 1999). Il est l'oncle du réalisateur Christophe Barratier qui n'est autre que le fils de sa soeur Eva Simonet (morte en 2020).

 

Jacques Perrin aura incarné environ 130 rôles, produit une cinquantaine de films dont un majorité de documentaires mais il aura surtout marqué le cinéma de par son éclectisme de genre, son engagement écolo-politique, en ayant traversé plus de 6 décennies de cinéma et de déclin écologique dont il a su témoigner par ses magnifiques documentaires. Mais il ne faut pas non plus oublier ses performances devant la caméra dans quelques monuments du Septième Art.

 

Un grand du cinéma nous quitte, artiste multi-facette à la voix si chaleureuse, Jacques Perrin est mort ce jeudi 21 avril 2022 à l'âge de 80 ans... 

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Bonsoir Sellerie, un acteur que j'aimais beaucoup. Pour moi, il restera le prince dans Peau d'Ane. Et dans Compartiments tueurs que j'ai découvert tout récemment, il est craquant face à Catherine Allegret. Merci pour cet hommage.
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