Le Marginal (1983) de Jacques Deray
Après quelques films très réussis comme "Symphonie pour un Massacre" (1963) ou "La Piscine" (1969) le réalisateur Jacques Deray connaît depuis les années 70 une baisse de régime souvent avec Alain Delon en tête d'affiche qu'il compte réveillé en retrouvant son antagoniste de cinéma, la star Jean-Paul Belmondo qu'il retrouve donc ironiquement après le succès "Borsalino" (1970). Le cinéaste co-signe le scénario avec Jean Herman, réalisateur entre autre de "Adieu l'Ami" (1968) et surtout co-scénariste des succès populaires siglés Bébel "Flic ou Voyou" (1979) et "Le Guignolo" (1980) tous deux de Georges Lautner, retrouvant ainsi le dialoguiste Michel Audiard qui a oeuvré également sur ces deux derniers films et qui retrouve Deray après "Par un Beau Matin d'Eté" (1965) et avant "On ne Meurt que Deux Fois" (1985). Le film est un grand succès avec près de 5 millions d'entrées France et confirme l'énorme popularité de Bébel... Le commissaire Philippe Jordan est muté à Marseilles suivi d'une réputation qui n'est plus à faire. Sa mission est d'endiguer le trafic de stupéfiants et surtout de faire tomber le baron de la drogue Meccaci. Le commissaire est une tête brûlée qui n'hésite pas à user de méthodes peu orthodoxes pour arriver à ses fins...
Logiquement le Marginal est incarné par le monstre sacré Jean-Paul Belmondo alors au sommet depuis quelques années déjà, qui retrouvera Deray pour "le Solitaire" (1987) qui sera malheureusement le prémice d'un déclin. Autour de lui une pléthore de seconds rôles bien connus du cinéma hexagonal avec Pierre Vernier qui retrouve Bébel avec qui il a joué dans une dizaine de films ensemble de "Week-End à Zuydcoote" (1964) de Henri Verneuil à "Les Misérables" (1995) de Claude Lelouch en passant par "Stavisky" (1973) de Alain Resnais ou "Le Professionnel" (1981) de Georges Lautner, Maurice Barrier qui retrouve Deray après "Flic Story" (1975) et "Le Gang" (1977) et avant "On ne Meurt que Deux Fois" (1985), Claude Brosset qui retrouve Bébel après "L'Alpagueur" (1976) de Philippe Labro, "Le Corps de mon Ennemi" (1976) de Henri Verneuil et "Flic ou Voyou" (1979) de Lautner, Jean-Claude Dreyfuss qui débuta grâce à Michel Audiard dans son film "Comment Réussir quand on est Con et Pleurnichard" (1974), et on pourrait encore citer les filmos impressionnants de Michel Robin, Jacques Maury, Roger Dumas, Henri Attal, Jacques David, Jean-Roger Milo... etc... Pour finir, citons l'atout charme Carlos Sotto Mayor alors la compagne de Belmondo qu'elle retrouvera sur "Joyeuses Pâques" (1984) de Lautner et "Le Solitaire" (1987) de Deray, et surtout n'oublions pas le méchant incarné par Henry Silva, acteur américain surtout connu pour ses seconds rôles dan sdes westerns comme "Bravados" (1958) de Henry King et "Le Trésor du Pendu" (1959) de John Sturges, vu aussi dans "Un Crime dans la Tête" (1962) de John Frankenheimer, "Virus" (1980) de Kinji Kukasaku, "The End of Violence" (1997) de Wim Wenders et "Ghost Dog" (1999) de Jim Jarmush... Notons que la B.O. est signée du maestro Ennio Morricone qui ne s'est pas franchement beaucoup foulé mais qui signe un air entêtant tout de suite reconnaissable. Ce film est symptomatique de la popularité de la star Jean-Paul Belmondo où il devient une auto-caricature qui façonnera son "pompom padaboum" que les Guignols de l'Info rendront culte.
Ainsi avouons-le il est ici un cowboy, littéralement, un shérif qui aurait sa place aux Etats-Unis et qui tient du fantasme en France. le vrai soucis c'est qu'à aucun moment le scénario ne permet de rendre plausible une telle liberté pour ce commissaire qui frôle le ridicule d'entrée avec cette descente risible en solo et en tenant le revolver avec désinvolture. C'est le gros défaut du film. Mais effectivement on ne regarde pas ce film pour ça. Finalement on se fout royalement de l'intrigue ou de la cohérence du récit. Le film est une sorte d'exercice auto-promotionnel à la gloire de Bébel, une auto-caricature où il pastiche ses meilleurs films du genre comme "Peur sur la Ville" (1976) de Henri Verneuil ou "Le Professionnel" (1981) de Lautner. Avec son ami et cascadeur Rémy Julienne il assume et assure une nouvelle fois la totalité de ses cascades et scènes d'action comme la course poursuite hommage au film "Bullitt" (1968) de Peter Yates avec Steve McQueen décédé peu de temps avant le lancement de la production. Les dialogues de Audiard ajoute au folklore qu'on aime avec des répliques à la pelle dont la séquence culte de la leçon d'interrogatoire où Jordan/Bébel gifle son collègue Simon/Dumas en lui expliquant : "Tu frappes le type, il est pas content, il veut plus parler. Tu recognes, reblocage. (...) On obtient tout ce qu'on veut si on a la manière." En conclusion, le film vaut pour le piesdestal à Belmondo servi à merveille par Julienne et Audiard, il ne faut pas chercher plus loin.
Note :