L'Homme qui en Savait Trop (1956) de Alfred Hitchcock
Après la comédie "Mais qui a tué Harry ?" (1955) et son accueil malheureusement mitigé Alfred Hitchcock se doit de revenir à ses fondamentaux poussé par la Paramount. Il relance donc une idée que David O. Selznick avait déjà suggéré dès le succès de "Rebecca" (1940), à savoir faire une remake d'une des premiers grand succès internationaux du maître, "L'Homme qui en Savait Trop" (1934). Mais entre temps le cinéaste a signé un contrat juteux pour la télévision qui lance ainsi la cultissime série TV "Alfred Hitchcock présente" (1955-1962) dont il signe les premiers épisodes fin 1955 début 1956. Il revient ensuite au grand écran et à son auto-remake reprenant donc l'histoire écrite par Charles Bennett et D.B. Wyndham-Lewis. Hitchcock collabore à nouveau et pour la dernière fois avec John Michael Hayes scénariste des précédents films du réalisateur "Fenêtre sur Cours" (1954), "La Main au Collet" (1955) et "Mais qui a tué Harry ?" (1956)... En vacances au Maroc, le docteur McKenna avec sa femme et son jeune fils font la connaissance d'un français avec qui ils se lient d'amitié. Le soir même ils doivent dîner ensemble avant une déconvenue. Le lendemain, alors que les McKenna visitent ils retrouvent le français qui meurt assassiné devant eux, ce dernier a juste le temps de souffler quelques mots à l'oreille du docteur McKenna. Les McKenna comprennent qu'ils sont tombé dans une conspiration mais ils se retrouvent piégés quand leur jeune fils est enlevé afin qu'ils ne divulguent aucune information...
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Les McKenna sont incarnés par James Stewart qui retrouve ainsi Hitchcock après "La Corde" (1948), "Fenêtre sur Cours" (1954) et avant "Sueurs Froides" (1958), son épouse est interprétée par Doris Day célèbre pour ses chansons et comédies comme "La Femme aux Chimères" (1950) de Michael Curtiz, "La Blonde du Far-West" (1953) de David Butler ou "Un Pyjama pour Deux" (1961) de Delbert Mann, et leur fils est joué par Christopher Olsen vu dans "Les Assassins meurent Aussi" (1955) de Lewis R. Foster et "Derrière le Miroir" (1956) de Nicholas Ray. Le français est incarné par Daniel Gélin vu dans "Adorables Créatures" (1952) de Christian-Jaque et "Le Plaisir" (1952) de Max Ophüls et qui retrouve après "Les Amants du Tage" (1954) de Henri Verneuil son partenaire Reggie Nalder gueule de tueur remarqué plus tard dans des films comme "Un Crime dans la Tête" (1962) de John Frankenheimer ou "L'Oiseau au Plumage de Cristal" (1970) de Dario Argento, Daniel Gélin retouvera dans "Soleil Noir" (1966) de Denys de La Patellière un autre partenaire, Yves Brainville vu dans de nombreux films dont "Entrée des Artistes" (1938) de Marc Allégret et "La Nuit des Généraux" (1966) de Anatole Litvak. Citons Ralph Truman vu dans "Oliver Twist" (1948) de David Lean, "L'Île au Trésor" (1950) de Byron Haskin et retrouve après "Le Beau Brummel" (1954) de Curtis Bernhardt son partenaire Noel Willman vu plus tard entre autre dans "Le Docteur Jivago" (1965) de David Lean et "Le Dossier Odessa" (1974) de Ronald Neame. Citons ensuite Alan Mowbray vu notamment dans "La Poursuite Infernale" (1946) de John Ford et "Barbe-Noire le Pirate" (1952) de Raoul Walsh, Hillary Brooke vue dans "Indiscrétions" (1940) et "La Femme aux Deux Visages" (1941) tous deux de George Cukor, Bernard Miles vu dans "Ceux qui servent en Mer" (1942) et "Les Grandes Espérances" (1946) tous deux de David Lean et qui retrouve James Stewart après "Sous le plus Grand Chapiteau du Monde" (1952) de Cecil B. De Mille, Brenda de Banzie vu dans "La Flamme Pourpre" (1954) de Robert Parrish et "Les 39 Marches" (1959) de Ralph Thomas remake aussi d'un classique éponyme (1935) de Hitchcock, puis pour finir citons Carolyn Jones vue dans "L'Homme au Masque de Cire" (1953) de André De Toth, "L'Invasion des Profanateurs de Sépultures" (1956) de Don Siegel et qui connaîtra surtout la gloire avec la série TV "La Famille Adams" (1964-1966)... Commençons par quelques infos, comme le fait que le compositeur Bernard Hermann assure lui-même le rôle de chef d'orchestre lors de la scène du concert, tandis que la chanson "Que Sera, Sera" chantée à deux reprises par Doris Day a été écrite sur demande de Hitchcock et elle est lauréate de l'Oscar de la meilleure chanson originale.
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La chose qui frappe comparée au film original est sa transposition de temps (logique) et surtout de lieu puisque cette fois Hitchcock choisit la carte exotique en quittant la cité anglaise pour Marrakech au Maroc. Le choc des cultures est donc un paramètre non négligeable surtout dans sa première partie, ainsi que les aléas du multi-linguisme. Evidemment, le couple star Stewart-Day en imposent, toujours comparé à, les stars ont une présence évidente et un jeu beaucoup plus émotionnel que les acteurs en 1934 avec surtout une Doris Day déchirante. A contrario, côté méchant on est à des années-lumières de l'inénarrable Peter Lorre. Le réalisateur cherche à faire mieux, plus fort que son film original mais il fait des choix qui ne sont pas toujours pertinents en allongeant surtout des passages qui deviennent ennuyeuses ou lassantes. Le pire arrive avec ce qui est pourtant considéré comme les deux scènes phares du film. La première est la scène du concert soit pas loin de 9mn (?!) d'un concert sans aucune parole jusqu'à cet instant fatidique où les cymbales sonnent l'hallali ; c'est long très long surtout quand il ne se passe rien et qu'on sait ce qu'on attend. La seconde est un autre concert, celui de la maman qui chante "Que Sera, Sera" et si, une fois de plus, Doris Day touche au coeur, on se lamente en parallèle d'un père qui tergiverse, est tout sauf discret dans ses atermoiements. Finalement, à y regarder de plus près Hitchcock a réparé les défauts de la version 34 mais dans le même temps a plutôt fait pire sur les meilleures parties. Un vice versa décevant donc, et qui est tout aussi logiquement ni meilleur ni pire que son original. Une tentative mi-figue mi-raisin...
Note :