After Yang (2022) de Kogonada

par Selenie  -  15 Juillet 2022, 08:48  -  #Critiques de films

Second long métrage après "Columbus" (2017) pour le cinéaste Kogonada. Ce dernier, américain d'origine coréenne, s'est d'abord fait remarqué pour ses vidéos cinéphiles où il analyse le contenu, la forme et la structure des séries TV et des films. Il travaille également pour les magazines Sight and Sound et The Criterion Collection. Kogonada est le réalisateur-scénariste de son film qui a été présenté à la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2021. Précisons que le cinéaste aborde à nouveau les relations filiales après son précédent film... Dans un futur proche, chaque foyer possède un androïde domestique appelé "Techno-Sapiens". Dans la famille de Jake, ce "Techno-Sapiens" se nomme Yang qui s'occupe essentiellement de leur fille adoptive Mika pour qui il est autant un confident, qu'un baby-sitter. Mais un jour Yang tombe en panne l'équilibre de la famille vacille. Jake fait tout ce qu'il peut pour réparer Yang. Un processus plus compliqué que prévu et va placer Jake face à des questionnements existentiels...

Le père de famille est incarné par Colin Farrell qui confirme son virage vers un cinéma d'auteur audacieux et singulier depuis "Mademoiselle Julie" (2014) de Liv Ullmann et confirmé entre autre par les films "The Lobster" (2015) et "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) tous deux de Yorgos Lanthimos, et même en revenant au film de super-héros comme dans le récent "The Batman" (2022) de Matt Reeves. Sa conjointe est interprétée par Jodie Turner-Smith aperçue dans "The Neon Demon" (2016) de Nicolas Winding Refn avant d'être particulièrement remarquée dans le très bon "Queen and Slim" (2019) de Melina Matsoukas, puis vue dans le plus médiocre "Sans Aucun Remords" (2021) de Srefano Sollima. Leur fille est jouée par la jeune Malea Emma Tjandrawidjaja dans son premier rôle à l'écran. Le "Techno-Sapiens" est incarné par Justin H. Min surtout vu dans la série TV "Umbrella Academy" (2019-...). Citons ensuite Sarita Choudhury révélée dans "Mississippi Masala" (1991) de Mira Nair et vue depuis dans des films comme "La Maison aux Esprits" (1993) de Bille August, "She Hate Me" (2004) de Spike Lee ou "Hunger Games : la Révolte" (2014-2015) de Francis Lawrence, Clifton Collins Jr. second couteau de luxe de "Menace II Society" (1993) des frères Hughes à "Nightmare Alley" (2021) de Guillermo Del Toro en passant par "Les Lois de l'Attraction" (2002) et "Lucky Day" (2019) tous deux de Roger Avary, et retrouve aussi Colin Farrell après "Tigerland" (2000) de Joel Schumacher. Puis enfin citons Haley Lu Richardson aperçue dans "Split" (2017) de M. Night Shyamalan, vue récemment dans "Unpregnant" (2020) de Rachel Goldenberg, et qui tourne ici aux côtés de son fiancée à la ville, Brett Dier aperçu dans des films comme "Journal d'un Dégonflé" (2010) de Thor Freudenthal et "The New Romantic" (2018) de Carly Stone...

Dans un premier temps on est séduit par des décors d'un luxe sobre et épuré, une lumière subtile et tamisée, on aime déjà cette famille recomposée magnifique interprétée notamment le couple par deux acteurs d'exception. Mais on est également très gêné par des personnages dont la façon d'agir n'est en rien naturel, à tel point que les individus "normaux" agissent et réagissent exactement de la même manière que leur droïde, soit de façon très lente et contrôlée, de façon posée avec quasiment aucune nuance qui pourrait être due aux émotions les plus diverses allant jusqu'à la façon de parler, l'élocution étant tout aussi clame et monotone. La mise en scène, élégante et classieuse finalement à l'image des décors devient un problème puisqu'elle accentue toute l'échelle inhérente au rythme. Au final c'est aussi ennuyant qu'ennuyeux, le ton constamment lancinant est un somnifère puissant. Pourtant la question de l'Intelligence Artificielle est un thème aussi récurrent que passionnant et le spectre d'exploration permet un potentiel  certain. Les questionnements divers se focalisent sur la mort et le deuil et les conséquences. L'autre paramètre en plus repose sur l'idée de la famille, sur la question des relations intra-familiales, sur ce qu'est une famille. Ainsi le film est plombé par une lenteur totale et omniprésente qui n'est pas "humaine", pas naturel, poussé à un jusque-boutisme un peu stupide puisque la différence humain-droïde est ainsi atténué. Malgré des qualités esthétiques certaines, des acteurs investis, la forme tient plus d'une prétention que de l'audace, ce qui nous coupe du fond qui écume forcément des éléments déjà vu mille fois, le style choisi n'aide pas à nous y plonger. Dommage... 

 

Note :                

09/20
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