Rifkin's Festival (2022) de Woody Allen

par Selenie  -  14 Juillet 2022, 11:13  -  #Critiques de films

Retour de Woody Allen avec son 50ème long métrage qu'on attendait depuis deux ans mais dont la sortie a été bousculée comme bon nombre d'autres par la pandémie de Covid sans compter les scandales autour de la guerre intra-familiale - n'entrons pas dans les détails scabreux et autres rumeurs, juste trois faits sont avérés, Woody Allen n'a jamais été condamné en justice, et au sein même de la famille deux camps s'opposent à 50/50, puis enfin les acteurs hypocrites-opportunistes oublient et se souviennent comme ils veulent que les scandales autour de Woody Allen ont plusieurs décennies. Bref, le cinéaste new-yorkais quitte à nouveau sa chère ville de New-York après plusieurs films dont le dernier "Un Jour de Pluie à New-York" (2019) et fait son retour en Europe et notamment en Espagne après "Vicky Cristina Barcelona" (2009). Comme toujours Woody Allen réalise et signe le scénario de cette histoire qui se déroule durant le festival international du film de San Sebastian, et donc rien de plus logique qu'il ait été présenté à ce même festival en 2020... Un couple d'américains se rend au festival du film de San Sebastian et tombe sous les charles de l'événement et de l'Espagne. Ainsi madame a bientôt une liaison avec un beau réalisateur français tandis que monsieur tombe amoureux d'une belle espagnole...

Le couple est incarné par Gina Gershon, actrice des cultes "Showgrils" (1995) de Paul Verhoeven et "Bound" (1996) des Wachowski vue depuis entre autre dans "Killer Joe" (2012) de William Friedkin ou "Don't Look Up" (2021) de Adam McKay, puis Wallace Shawn acteur fétiche de Woody Allen ayant d'ailleurs débuté dans "Manhattan" (1979) et qui retrouve son réalisateur pour la 6ème fois. Le cinéaste français est interprété par Louis Garrel dont c'est un de ses rares films hors France après "Les Filles du Docteur March" (2019) de Greta Gerwig et "L'Histoire de ma Femme" (2020) de Ildiko Enyedi, la belle espagnole est jouée par Elena Anaya révélée par "Lucia et le Sexe" (2001) de Julio Medem, vue dans "Parle avec Elle" (2002) et "La Piel que Habito" (2011) tous deux de Pedro Almodovar et vue récemment dans "Wonder Woman" (2017)  de Patti Jenkins et "El Presidente" (2017) de Santiago Mitre. Citons ensuite Sergi Lopez vu dernièrement dans "La Pièce Rapportée" (2021) de Antonin Peretjatko et "Petite Fleur" (2022) de Santiago Mitre, Tammy Blanchard qui retrouve Woody Allen après "Blue Jasmine" (2013) et vue aussi dans "Le Stratège" (2011) de Bennett Miller ou "L'Internat" (2018) de Boaz Yakin, Steve Guttenberg has been ayant connu son heure de gloire avec la franchise "Police Academy" (1984-1987), Douglas McGrath scénariste de "Coups de Feu à Broadway" (1994) de Woody Allen et qui fait l'acteur de temps à autre pour son ami comme dans "Celibrity" (1998), "Escrocs mais pas Trop" (2000) ou "Hollywood Ending" (2002), n'oublions pas les parents de monsieur Rifkin joués par Nathalie Poza vue dans "Julieta" (2016) de Pedro Almodovar et "Lettre à Franco" (2019) de Alejandro Amenabar et Richard Kind vu notamment dans "The Visitor" (2008) de Thomas McCarthy, "Argo" (2012) de et avec Ben Affleck et "Scandale" (2020) de Jay Roach, puis enfin citons la Mort alias Christoph Waltz surtout remarqué récemment chez 007 dans "Spectre" (2015) de Sam Mendes et "Mourir peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga... Le cinéaste joue une énième fois sur les tribulations psycho-philosophique d'un alter ego. Une énième variation donc de ses films qu'il revisite souvent avec délectation et fantaisie. Pourtant aussitôt on a bien du mal à croire au couple Shawn/Gershon, aussi bien vis à vis de l'âge que de leur style. Une "presque" erreur de casting, à contrario on jubile avec un Louis Garrel en pleine auto-dérision dans le rôle d'un cinéaste français génial mais surtout narcissique, infect et imbu de son personne à un point assez inouï, ou un Sergi Lopez en peintre coureur de jupon joyeusement caricatural ou l'apparition hommage de Christoph Waltz dans une séquence aussi onirique que cinéphile renvoyant au chef d'oeuvre "Le Septième Sceau" (1957) de Ingmar Bergman.

D'ailleurs, Woody Allen en profite pour placer la cinéphilie en bonne place (logique me direz-vous avec San Sebastian) citant plusieurs maîtres comme Truffaut, Bunuel, Godard, Fellini, Chabrol... Mais on peut aussi regretter que la grande majorité des références restent à l'état de simple citation. Dans les déambulations doucement solitaires de Mort Rifkin/Shawn on aime le parallèle entre la réalité du jour, où sa femme le délaisse pour raison professionnelle (?!) et où il en profite pour rencontrer une doctoresse charmante, puis avec les nuits émaillées de rêves dans un séduisant Noir et Blanc plus ou moins désagréables mais jamais dénués d'un humour "allenien". Mais il faut aussi avouer que le cinéaste surfe sur ce qu'il a déjà fait tant de fois, jouant esthétiquement la carte postale comme il en avait abuser entre autre dans "Minuit à Paris" (2011) et "To Rome with Love" (2012), mais surtout on reste un peu sur notre faim en ce qui concerne le cinéma et le festival de San Sebastian. En effet, on aurait peut-être plus de référence ou une intrigue plus pregnante dans sa cinéphilie. De surcroît, les dernières années n'aident pas le film, forcément et le box-office s'en ressent déjà au point où ce 50ème film devrait largement monter sur le podium des plus gros échecs du réalisateur. 

 

Note :                

12/20
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