Petite Fleur (2022) de Santiago Mitre
Nouveau film du réalisateur argentin Santiago Mitre après "El Estudiante" (2011), "Paulina" (2015) et "El Presidente" (2017), et aussi ex-scénariste attitré de Pablo Trapero notamment sur "Leonera" (2008) et "Carancho" (2010). Pour ce projet le cinéaste tourne pour la première fois hors de son pays pour la France pourtant en adaptant le roman "Pequena Flor" (2015) de Iosi Havilio, auteur argentin mais que le réalisateur- scénariste transpose car l'histoire suggère que le personnage principal vit dans un lieu éloigné de sa ville d'origine comme il l'explique : "José accueille son premier enfant avec sa compagne dans un endroit où il ne se sent pas tout à fait à l'aise. Lerécit nous montre son déracinement : il doit se débrouiller dans une langue qu'il parle à peine, alors qu'il ne se consacre plus qu'aux tâches ménagères et à l'éducation de a fille. (...) En travaillant à l'adaptation du roman, j'ai trouvé que le ton et l'histoire, notamment les éléments fantastiques du récit, rappelaient l'étrangeté des films que certains cinéastes sud-américains, comme Raul Ruiz ou Hugo Santiago, ont tournés en France. J'ai donc écrit en pensant à la France." Santiago Mitre co-signe le scénario avec Mariano Llinas, réalisateur de "Historias Extraordinarias" (2008) ou "La Flor" (2016) et qui a également aussi écrit pour d'autre et justement pour Hugo Santiago avec le film "Le Ciel du Centaure" (2015)...
José et Lucie sont un couple et des parents heureux, ou presque, la routine ayant prit le pas et l'ennui s'est installé depuis quelques temps, José est père au foyer sans le vouloir, Lucie reprend la vie professionnelle mais tout n'est pas si simple. Tandis que José fait la rencontre de son voisin Jean-Claude. il comprend qu'il a un pouvoir original : tuer sans ôter la vie ! En parallèle le couple commence à voir un psy... Vu que l'histoire se déroule en France le casting est majoritairement hexagonal à l'exception du héros, incarné par l'uruguayen Daniel Hendler, réalisateur aussi notamment de "El Candidato" (2016), mais surtout acteur sur des films comme "Le Fils d'Elias" (2004) de Daniel Burman, "Reinas" (2006) de Manuel Gomez Pereira ou "The Intruder" (2020) de Natalia Meta et qui retrouve Mariano Llinas après "Historias Extraordinarias" (2008). Son épouse est interprétée par Vimala Pons vue récemment dans "Comment je suis devenu Super-Héros" (2021) de Douglas Attal et "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico, tandis que le voisin est joué par Melvil Poupaud vu dernièrement dans "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu et "Frère et Soeur" (2022) de Arnaud Desplechin. Parmi leurs proches citons Sergi Lopez vu dans "Les Parfums" (2020) de Grégory Magne, "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich et "La Pièce Rapportée" (2021) de Antonin Peretjatko, Françoise Lebrun révélation culte de "La Maman et la Putain" (1973) de Jean Eustache puis vue depuis dans "Souvenirs d'en France" (1975) de André Téchiné, "Demain dès l'Aube" (2009) de Denis Dercourt, "La Religieuse" (2013) de Guillaume Nicloux ou "Vortex" (2021) de Gaspard Noé. Citons encore Eric Caravaca vu récemment dans "Tout s'est Bien Passé" (2021) de François Ozon et "Le Chemin du Bonheur" (2022) de Nicolas Steil, sans oublier le petit rôle joué par la vedette de la chanson Hervé Vilard, et enfin Nathalie Boyer aperçu dans quelques films pour de petits rôles dont celui d'ambulancière dans le palmé "Titane" (2021) de Julia Ducournau... D'emblée il faut noter la dimension auto-biographique du réalisateur lui-même, puisque les modifications vis à vis du roman démontrent notamment son amour de la France et la nostalgie de son enfance qui en découle ; ainsi on remarque la présence du chanteur Hervé Vilard et de son titre phare "Capri c'est Fini" ("Les chanteurs romantiques français étaient très populaires en Argentine dans les années 70-80..."), José devient dans le film un auteur-dessinateur de BD ("Ce que je savais de la France avant de la visiter vient de son cinéma mais aussi de ses bandes dessinées que j'ai lues quand j'étais enfant."), sans compter évidemment que l'histoire est transposé en France, et même aux alentours de Clermont-Ferrand là où il avait présenté son premier film "El Estudiante" (2011).
Le film débute avec une voix Off venue d'outre-tombe, concept déjà utilisé dans plusieurs films, citons parmi les plus fameux "Boulevard du Crépuscule" (1950) de Billy Wilder ou "American Beauty" (2000) de Sam Mendes. Mais ici, il est annoncé qu'on n'est pas dans un drame classique mais dans une comédie noire et déjantée, on tendrait donc plus vers des films "Mes Chers Voisins" (2002) de Alex de La Iglesia, "Why Don't You Just Die" (2020) de Kirill Sokolov ou un à la rigueur un Albert Dupontel. Le début est bien laborieux, de longues minutes autour d'un bébé et des parents inintéressants aux habitudes intimes dont on se fout royalement. Il faut attendre l'arrivée du voisin pour qu'enfin l'histoire prenne un peu d'ampleur. Il faut alors savoir que le réalisateur a librement changé l'angle de vue du roman, en effet le couple est très secondaire dans le livre alors qu'il prend beaucoup de place dans le film, le pouvoir du tuer sans donner la mort reste le fil conducteur du livre. Le cinéaste explique : "J'avais beaucoup d'affection pour l'histoire d'amour cachée dans le roman, une histoire forte, que je voulais encore renforcer. Le film développe le personnage de Lucie, la compagne de José, qui, peu après son accouchement, découvre qu'elle est incapable de créer un lien avec sa fille, incapable d'assumer son rôle de mère." Clairement pourtant cette partie familiale est peu passionnante, on s'en moque même car trop sérieuse, trop premier degré alors qu'on veut savourer le délire grinçant et décalé qui nous est promis. Le premier meurtre est prometteur, soudain et absurde même si on ne comprend pas le côté neutre et indifférent du meurtrier. Bémol puisque justement ça aurait été judicieux de mettre face à face un meurtrier à l'insu de son plein gré face à un voisin bobo snob et détaché. Mais au fil du temps le soucis réside dans deux points, essentiels au vu du film, le rythme pas très folichon, et l'absence d'un gore plus assumé dans le délire. Les meurtres restent fun et (plus ou moins) inventifs mais se font rares esnuite, mais outre les meurtres d'autres scènes restent réussies comme le dîner à la confession onanique ou le dîner de groupe psy. En conclusion, Santiago Mitre signe une comédie qui a du potentiel, des idées à foison mais qui reste trop sage, sans audace et qui nous laisse sur notre faim.
Note :