Loin du Périph (2022) de Louis Leterrier

par Selenie  -  10 Juin 2022, 07:59  -  #Critiques de films

10 ans après "De l'Autre Côté du Périph" (2012) de David Charhon, voici donc la suite pas spécialement attendue malgré un joli succès au box-office à sa sortie avec 2,23 millions de spectateurs. Ce projet a vu le jour surtout grâce à l'envie des deux acteurs du films, Omar Sy et Laurent Lafitte de jouer à nouveau ensemble et donc cela aurait pu être tout à fait un autre film. Exit David Charhon, réalisateur-scénariste original, cette fois c'est Louis Leterrier, réalisateur français ayant réussi à Hollywood avec des films aussi divers que "Danny the Dog" (2005), "L'Incroyable Hulk" (2008) ou "Insaisissables" (2013), qui prend les commandes de cette suite surtout parce qu'il s'est très bien entendu avec Omar Sy sur quelques épisodes de la série TV "Lupin" (2021) et que, semble-t-il, Leterrier a adoré le scénario qui est lui signé de Stéphane Kazandjian réalisateur-scénariste des oubliables "Sexy Boys" (2001) ou "Modern Love" (2008), et qui a écrit pour les autres notamment "Pattaya" (2015) et "Taxi 5" tous deux de et avec Franck Gastambide... Dix après, Ousmane et François se retrouvent à contre coeur et à l'insu de leur plein gré pour une nouvelle enquête. Si ils étaient égaux il y a 10 ans, désormais François est le subalterne de Ousmane ce qui ne facilité pas les questions d'égos des deux flics qui doivent s'expatrier en Province pour suivre une piste qui mène vers une organisation fasciste. Etonnament, malgré le succès en salles obscures cette suite est siglée exclusivement Netflix.. 

Le duo est toujours incarné par Omar Sy et Laurent Lafitte qui s'était déjà retrouvé entre temps pour "L'Ecume des Jours" (2013) de Michel Gondry, et qui ont depuis encore gravit l'échelle du star system, le premier vu précédemment en "vrai" flic dans "Police" (2020) de Anne Fontaine, le second vu récemment dans "L'Origine du Monde" (2020) de lui-même et "Guermantes" (2021) de Christophe Honoré, et qui retrouve après "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller sa partenaire Izia Higelin remarque auparavant dans "Mauvaise Fille" (2012) de Patrick Mille et "La Belle Saison" (2015) de Catherine Corsini. Les deux antagonistes principaux sont joués par Dimitri Storoge vu notamment dans "Les Lyonnais" (2011) de Olivier Marchal, "L'Odeur de la Mandarine" (2015) de Gilles Legrand et "Notre-Dame Brûle" (2022) de Jean-Jacques Annaud, puis Jo Prestia évidemment remarqué dans "Irréversible" (2002) de Gaspard Noé et vu aussi dans "Calvaire" (2004) ou "Colt 45" (2014) tous deux de Fabrice Du Welz. Citons ensuite de plus petits rôles interprétés par Marie-Christine Adam spécialiste des seconds rôles de "L'Amour Braque" (1985) de Andrzej Zulawski à "Docteur ?" (2019) de Tristan Séguéla en passant par "Les Trois Frères" (1995) de et avec Les Inconnus ou "Joyeuse Retraite !" (2019) de Fabrice Bracq, l'humoriste Djimo apparu auparavant dans "Rendez-Vous chez les Malawas" (2019) de James Huth et "Le Dernier Mercenaire" (2021) de David Charhon et qui retrouve Omar Sy après "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard, Elodie Hesme qu'on n'avait pas vu depuis "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche, puis plus en caméo Sabrina Ouazani vue récemment dans "Kung Fu Zohra" (2022) de Mabrouk El Mechri et "Les Folies Fermières" (2022) de Jean-Pierre Améris et qui retrouve ses acolytes après "De l'Autre Côté du Périph", ainsi que le scénariste de "Pattaya" et "Taxi 5"... Dès les premières minutes on se sait mal parti avec une mise en avant aveugle un peu stupide de la star Ousmane/Sy, où comment on ne croit pas une seconde qu'il puisse survivre fasse à un champion de full contact, que l'entrée façon flic seul au monde même pas peur ne tient pas la route surtout quand c'est fait au premier degré, et quand on apprend qu'il est devenu commissaire on se marre (pas dans le bon sens !) tant on sait que les commissaires ne sont certainement pas sur le terrain et encore moins façon Bébel surtout au 21ème siècle. Bref ça commence mal.

L'entrée en scène de François/Lafitte est plus probante, on sent une auto-dérision plus simple et honnête dans toute son narcissisme maladroit. Ensuite c'est surtout une collection d'invraisemblances et d'incohérences, outre ce commissaire il est peu plausible effectivement de voir un capitaine d'une autre service secondé dans l'enquête surtout qu'on a droit à une ellipse facile pour occulter ce soucis. On est presque choqué lors de l'explosion finale qui s'évapore comme par magie. Le scénario use de cordes plus que de ficelles (on la voit venir la taupe !!!) mais le plus agaçant reste toute la propagande très politisée qui finit par agacer et ce, même si on acquiesce sur le fond. Mais l'écriture est si lourde, si poussive, si insistante qu'on finit par souffler de lassitude. Malheureusement c'est à l'image de la mise en scène, et pourtant au vu des films précédents de Leterrier, même s'il n'est pas dans la subtilité on aurait pu croire à un minimum d'efficacité au service de l'histoire. Que nenni ! À l'image d'une voiture choisit en clin d'oeil au film "Bad Boys" (1995) de Michael Bay le réalisateur ne fait aucunement dans la dentelle, d'ailleurs rendons à César car c'est sûr Leterrier est plus proche d'un Michael Bay que de "L'Arme Fatale" (1987) de Richard Donner. Le plus ridicule est son abus de drônes, avec des cadrages de l'espace et des tourbillons en veux-tu en voilà dans tous les sens pour bien montrer qu'il s'est amusé avec ses joujous. Il oublie que la mise en scène doit servir l'histoire et le film, la gratuité du concept, les gros sabots visuels font qu'on s'en moque et qu'on se moque. Pourtant il y a de belles idées comme la décapitation singulière ou la reconstitution express mais c'ets bien peu. Il reste le face à face qui fonctionne encore bien, le sourire de miss Higelin, des décors bien choisis et bien mis en valeur, et en prime deux méchants charismatiques. Mais dans l'ensemble c'est tristement râté, on sent la main mise de Omar Sy sur le film avec tout ce qu'il y a de moralisateur et de donneur de leçon jusqu'au dégoût. À oublier. 

 

Note :      

 

07/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

08/20
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