Kinds of Kindness (2024) de Yorgos Lanthimos

par Selenie  -  27 Juin 2024, 08:31  -  #Critiques de films

À peine sorti du succès de son dernier film "Pauvres Créatures" (2023) le réalisateur grec Yorgos Lanthimos revient avec un nouveau projet où il retrouve une grande partie de son équipe, de ses producteurs qui le suivent depuis "The Lobster" (2015), son co-scénariste Efthimis Filippou qui le suit depuis son premier long métrage "Canine" (2009), ou encore Robbie Ryan son Directeur Photo depuis son chef d'oeuvre "La Favorite" (2019), sans compter une partie de son casting. Présenté au Festival de Cannes 2024, le cinéaste peut s'enorgueillir d'un nouveau prix pour son film avec le prix d'interprétation pour son acteur principal Jesse Plemons. Le film est classé R (interdit au moins de 17 ans non accompagné) aux Etats-Unis, et interdit au moins de 12 ans en France mais au moins de 16 ans à la télévision (?!)... Trois histoires liées sans l'être vraiment, avec un policier qui vit le retour de sa femme qui était disparue en mer et qui ne semble plus la même, un homme paumé qui décide de prendre le contrôle de sa vie, puis une femme déterminée dans sa quête d'une personne précise qui aurait un pouvoir spécial et qui serait destinée à être un "élu"... 

Les acteurs principaux incarnent chacun trois personnages différents respectivement dans chacune des trois histoires. Le réalisateur retrouve plusieurs acteurs, dont trois qui sortent tout juste de "Pauvres Créatures" (2023) avec Emma Stone qui était aussi dans "La Favorite" (2019) et vue entre temps dans "Retour à Zombieland" (2019) et "Cruella" (2021) de Craig Gillepsie, Margaret Qualley vue récemment dans "Drive-Away Dolls" (2024) de Ethan Coen, puis Willem Dafoe qui retrouve après "Death Note" (2017) de Adam Wingard et "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson sa partenaire Hong Chau vue aussi dans "Le Menu" (2022) de Mark Mylod ou "The Whale" (2023) de Darren Aronofsky. Citons aussi Joe Alwyn qui retrouve également le réalisateur et Emma Stone après "La Favorite" (2019), puis retrouve Margaret Qualley après "Stars at Noon" (2022) de Claire Denis. Citons ensuite Jesse Plemons vu dernièrement dans "Killers of the Flower Moon" (2023) de Martin Scorcese et "Civil War" (2024) de Alex Garland, Mamoudou Athie vu dans "Underwater" (2020) de William Eubank et "Jurassic World : le Monde d'Après" (2022) de Colin Trevorrow, puis enfin Hunter Schafer top model remarquée dans la série TV "Euphoria" (2019-...) et aperçue dans "Hunger Games : la Ballade du Serpent et de l'Oiseau Chanteur" (2023) de Francis Lawrence... Après avoir tourné en studio son dernier film le cinéaste retrouve l'extérieur et les décors naturels de la Nouvelle-Orléans, choisi pour son côté "no man's land" dixit le réalisateur. S'il s'agit d'un long métrage on peut plutôt dire que c'est surtout trois moyens métrages aux thématiques similaires déjà abordées par le réalisateur dans son oeuvre, donc doté d'une construction d'un film à sketchs qui a toujours le même défaut, celui du manque de cohérence qualitative. Forcément, chaque partie a ses qualités et ses défauts qui poussent à préférer l'une que l'autre. Finalement ce choix de dévouper les trois parties semblent avoir été prise par l'envie de faire jouer les personnages par les mêmes acteurs : "Le fait que la même actrice ou le même acteur passe d'un récit à l'autre ajoute un sentiment de continuité à un niveau subconscient. De plus, cela permettait de changer de rythme et d'exploiter les différentes facettes de jeu des comédiens." Malheureusement, c'est sans doute ce choix qui ne convainc pas tout à fait. C'est d'abord un soucis de rythme justement, les segments semblent tirés en longueur, et on se dit qu'un film choral en mêlant les trois histoires auraient justement donné du punch à l'ensemble ; d'ailleurs c'est ce que la géniale bande-annonce promettait, dommage...

Par là même, la B.A. promettait aussi du bon son mais on s'aperçoit que la musique est quasi la même tout le long des trois segments ce qui n'aide pas pour donner du rythme. Les trois histoires composent une sorte de trois fables modernes d'une misanthropie inouïe qui reste dans la lignée des films précédents du réalisateur. On pense un peu aux classiques "Le Decameron" (1349-1353) de Boccace ou plus encore de "Le Pentamerone" (1634-1636) de Giambatista Basile mais en version hyper modernisée et contemporaine. Les thématiques tournent autour de l'amour et de la solitude, de l'indifférence aussi mais par la biais de l'emprise plus ou moins malsaine de rencontres ou d'événements. Le réalisateur n'hésite pas à aller loin dans la symbolique, ou plutôt ses acteurs n'hésitent pas, leur investissement est dingue et démontre une confiance entre eux et leur réalisateur. Les acteurs sont absolument impeccables et impressionnent encore, et sur ce point on rejoint le cinéaste à propos des différentes facettes de leur jeu, mais au détriment du récit fluide, dense et complexe qu'il aurait pu être. On reste donc très partagé par un film de près de 3h qui serait sans doute passé plus facilement sans la construction en segments, on aurait aimé autant de folie que la B.A. nous l'a vendu mais qui reste souvent assez dingue et/ou savoureux pour un moment cinéma singulier et original. Note indulgente ou généreuse, et donc suceptible d'évoluer... 

 

Note :                 

14/20
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