Les Règles de l'Art (2025) de Dominique Baumard

Après son film en duo "Les Méchants" (2021) co-signé avec Mouloud Achour, voici le retour de Dominique Baumard mais en solo cette fois à partir d'un idée de Benjamin Charbit, scénariste auparavant de films comme "En Liberté !" (2018) de Pierre Salvadori, "Ami-Ami" (2018) de Victor Saint Macary, "La Nuit Venue" (2020) de Frédéric Farrucci ou "La Bête" (2024) de Bertrand Bonello. Le scénariste en a eu l'idée après avoir assisté au procès de l'affaire des vols du Musée d'Art Moderne (Tout savoir ICI !). Le réalisateur précise : "Ayant réussi à nous procurer le dossier d'instruction, Benjamin et moi avons épluché ses milliers de pages. Pour nous, c'était une mine d'informations qui nous a permis de réutiliser des dialogues entiers, des échanges de SMS, avec cette idée de retracer le fait divers avec le plus de précision..." Le réalisateur avoue qu'il a voulu un ton oscillant entre thriller et comédie burlesque à la manière des frères Coen...

Yonathan est expert en montres de luxe qui vit néanmoins une vie tranquille et monotone. Un  jour il fait connaissance avec Eric, escroc et receleur qui travaille parfois avec Jo, cambrioleur.Yonathan est intrigué puis fasciné par ce monde dont il ignore tout au point que bientôt il se retrouve dans une spirale jusqu'à voler des tableaux de grands maîtres qu'il va falloir revendre... Yonathan est joué par Melvil Poupaud vu dernièrement dans "Coup de Chance" (2023) de Woody Allen et "Marcello Mio" (2024) de Christophe Honoré, tandis que sa femme est jouée par Julia Piaton omniprésente cette année avec coup sur coup "Le Secret de Khéops" (2025) de Barbara Schultz, "Le Mélange des genres" (2025) de Michel Leclerc et "Une Pointe d'Amour" (2025) de Maël Piriou. Les deux acolytes sont incarnés par Sofiane Zermani vu entre autre dans "Frères Ennemis" (2018) de David Oelhoffen ou "Barbès, Little Algérie" (2024) de Hassan Guerrar, puis Steve Tientcheu vu notamment dans "Les Misérables" (2019) de Ladj Ly, "Sage-Homme" (2023) de Jennifer Devoldère ou "L'Amour c'est Surcoté" (2025) de Mourad Winter. Citons encore Nitsa Benchetrit aperçue dans "C'est le Bouquet !" (2002) de Jeanne Labrune ou "Love Addict" (2018) de Frank Bellocq, Sophie Vannier apparue dans "Super Papa" (2024) de Léa Lando ou "Six Jours" (2025) de Juan Carlos Medina et retrouve après "Maison de Retraite 2" (2023) de Claude Zidi Jr. son partenaire Hamed Souna remarqué dans "La Vache" (2016) de Mohamed Hamidi... Le pari du film tout de même, c'est d'avoir pu tourner au Musée d'Art Moderne de Paris alors même que le vol est encore dans toutes les mémoires. Une affaire qui donne une histoire vraie romancée mais d'une authenticité certaine grâce à la documentation qu'ont pu lire le duo réalisateur-scénariste. Le film débute comme un polar à la façon de Guy Ritchie et un trio façon "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966) de Sergio Leone. Ainsi, un as de la cambriole se voit comme un artiste du vol, un vendeur est un simple escroc beau parleur, et enfin un expert looser aussi gentil qu'influençable se rêve en flambeur mais qui n'assume pas.

Le scénario est légèrement rythmé, en mesure, juste de quoi instauré un minimum de suspense et d'enjeu mais aussi juste atténué de façon judicieuse avec une fantaisie presque absurde. Le charme opère grâce à ce mix singulier entre le réalisme du fait divers et les détails plutôt drôle qui repose sur la naïveté enfantine de l'expert. Bon choix d'image aussi, un visuel au grain qui donne une dimension sérieuse à une affaire qui le reste malgré le ton léger du récit. D'ailleurs bon point pour la photographie signée de Julien Poupard qui avait oeuvré entre autre sur les excellents films "Divines" (2016) de Houda Beniyamina, "Les Misérables" (2019) de Ladj Ly ou "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel. Le trio n'est pas pour rien dans le charme du film, Poupaud est impeccable en pleutre naîf, Zermani est en plein show tchatcheur de l'esbroufe et Tientcheu est particulièrement génial au physique qui contraste avec la finesse de son art. Trois pieds nickelés qui se perdent dans leurs combines. Joli personnage de l'épouse également jouée par Julia Piaton joliment compréhensive, sans oublier la fille du couple, la jeune Sophie Vannier en deux scènes dont le regard en dit long. On peut par contre trouver dommage que la dimension gag n'ait pas été plus fouillée, ou qu'il n'y ait pas plus de folie dans l'emballement général. En conclusion, une comédie policière sympa et rafraîchissante à laquelle il manque juste un peu de folie. Un très bon moment.

Note :