Marco, l'Enigme d'une Vie (2025) de Aitor Arregi et Jon Garano

par Selenie  -  23 Mai 2025, 08:56  -  #Critiques de films

Ce projet a commencé à germer dès 2005 quand le scandale a éclaté au sujet donc d'un homme public espagnol, Enric Marco (Tout savoir ICI !) au qujet de son passé en tant que supposé survivant de la Shoah. Aitor et Jon Garano travaille sur le projet dès 2006, en pensant d'abord faire un documentaire mais ils apprennent que Enric Marco a signé en parallèle un contrat avec une équipe concurrente qui sortira donc "Ich Bin Enric Marco" (2009) de Lucas Vermal. Les deux compères persévèrent et obtiennent en 2011 des entretiens avec l'intéressé pour pas moins de 15h d'enregistrement mais qui resteront confidentielles. Entre temps sort le livre "L'Imposteur" (2014) de Javier Cercas, et finalement le duo se décide à revoir leur copie pour un film de fiction. Entre temps également Aitor Arregi réalise "Cristobal Molon" (2006) et "Lucio" (2007), Jon Garano réalise "80 Jours" (2010), "Loreak" (2014) et "Handia" (2017), avant que les deux amis co-signent "Une Vie Secrète" (2021). Pour finaliser leur scénario les deux réalisateurs-scénaristes retrouvent Jose Mari Goenaga co-scénariste de tous les films de Garano, puis avec Jorge Gil Munarriz qui a écrit "En Bonne Compagnie" (2023) de Silvia Munt. Outre les témoignages logiques des anciens déportés de l'association présidée par Enric Marco, le dossier de l'historien qui a démasqué l'imposture les co-auteurs ont pu aussi se reposer sur les 15 heures d'interviews, qui ont aussi servi à leur acteur principal pour la préparation de son rôle. Le film a obtenu 2 Goyas 2025 (équivalent espagnol des Césars), pour les meilleurs maquillages et coiffures, et surtout meilleur acteur pour Eduard Fernandez... 

Enric Marco est le président de l'association des victimes espagnoles de la Shoah, et est considéré comme un grand témoin pour la mémoire en tant que survivant du camp de concentration de Flossenburg. Mais après des décennies, à l'approche d'une commémoration, son passé est remis en cause par un historien qui entraînent une onde de choc. Soudain, le doute s'insinue et pousse d'autres à s'interroger sur la véracité de la déportation de Enric Marco... Enric Marco est incarné par Eduard Fernandez vu notamment dans "La Piel que Habito" (2011) de Perdo Almodovar ou "L'Homme aux Mille Visages" (2016) de Alberto Rodriguez, puis retrouve après "Truman" (2015) de Cesc Gay et "Lettres à Franco" (2019) de Alejandro Amenabar sa partenaire Nathalie Poza vue aussi dans "Julieta" (2016) de Pedro Almodovar, "Rifkin's Festival" (2020) de Woody Allen ou "Le Mariage de Rosa" (2020) de Iciar Bollain. L'historien est joué par Chani Martin vu dans "Le Labyrinthe de Pan" (2006) de Guillermo Del Toro, "Champions" (2018) et "Historias Lamanetables" (2020) tous deux de Javier Fesser, et citons ensuite Sonia Almarcha vue dans "El Reino" (2018) de Rodrigo Sorogoyen et "El Buen Patron" (2021) de Fernando Leon de Aranoa, Fermi Reixach dans son dernier film après des films comme "La Nuit Obscure" (1989) de Carlos Saura, "Amnesia" (2015) de Barbet Schroeder ou "Eté 97" (2017) de Carla Simon, Vicente Vergara qui retrouve ses réalisateurs après "Une Vie Secrète" (2021) et Eduard Fernandez après "Everybody Knows" (2018) de Asghar Farhadi et "Les Lignes Courbes de Dieu" (2022) de Oriol Paulo, Jordi Rico aperçu dans "J'ai failli te Dire je t'aime" (2016) de Joaquim Llamas, et enfin Inigo de La Iglesia vu dans "Les Sorcières d'Akelarre" (2021) de Alex de La Iglesia et "Prison 77" (2022) de Alberto Rodriguez... Les affabulateurs ont toujours existé, et celui-là a sans doute fait son petit scandale en Espagne mais au niveau mondial ça reste un fait divers comme un autre car, en effet, outre son mensonge il n'a commis aucun crime et a même fait un boulot important pour l'association des déportés espagnols. D'ailleurs il serait sans doute ironique de savoir comme  se porte cette association depuis ?! Le film occulte tranquillement ce détail...

Néanmoins, le destin de ce Enric Marco est plutôt passionnant et le scénario est intéressant, avec un montage narratif judicieux puisqu'il permet de créer de l'intérêt, de casser un peu un rythme qui aurait sans doute été trop linéaire et classique. On décèle surtout deux petits soucis, ou maladresses... ATTENTION SPOILERS !... à savoir que la période 1945-1969 est complètement occultée ce qui fait un trou béant tout de même, puis on n'apprend rien de comment et pourquoi Enric Marco quitte femme et enfant, sans que jamais il y ait des conséquences futures (son ex ne réagis jamais à la médiatisation future ?!), comme sa nouvelle épouse dont on apprend rien non plus, ni pour elle ni sur leur rencontre, sans compter le fait qu'elle a fermé les yeux... FIN SPOILERS !... Tout repose sur Enric Marco/Fernandez, ce qui lui donne encore une aura qui'il doit savourer outre-tombe alors qu'on aurait pu imaginer une importance plus importante de l'historien par qui tout arrive. Mais le récit pose des questions passionnantes, comme la reconnaissance ? à quel point devient-on un traître ? De la morale ? et finalement a-t-il plus apporté à l'asso que le contraire ? Cette dernière question pourrait être mise en parallèle avec la célèbre réplique dans "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de John Ford : "Quand la légende prime sur les faits, on imprime la légende"... Un film très intéressant, merveilleusement interprété, dans un montage malin, mais auquel il manque autant de tension que d'émotion (voir spoilers). A conseiller ne serait-ce que pour la singularité du sujet.

 

Note :                 

14/20
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