El Buen Patron (2022) de Fernando Leon de Aranoa

par Selenie  -  30 Juin 2022, 08:00  -  #Critiques de films

8ème long métrage pour le cinéaste espagnol depuis "Familia" (1996) et après son dernier film "Escobar" (2017). Pour ce nouveau projet, Fernando Leon de Aranoa est comme à son habitude réalisateur-scénariste, de ce qu'il considère comme une tragicomédie "d'un monde ouvrier usé, sans héros ni méchants, loin de tout manichéisme. Une comédie mordante, gris foncé, presque noire. Un regard corrosif sur les relations personnelles et professionnelles au sein d'une entreprise familiale employant une centaine de travailleurs." Un film qui a été particulièrement bien reçu en Espagne avec en prime une razzia aux équivalents hispaniques des Oscars et Césars, remportant pas moins de 6 Goyas sur les 11 nominations dont Meilleur Film, Meilleur réalisateur et Meilleur acteur... Julia Blanco est le patron heureux d'une entreprise familiale florissante qui doit justement recevoir un prix d'honneur d'excellence. Malheureusement, alors que la commission doit arriver sous peu à l'entreprise tout semble aller contre lui, Julio doit vite composer avec un ex-employé qui campe devant l'usine, une stagiaire charmante, un contremaître qui met en danger la production parce qu'il est cocu... etc... Julio va tout faire pour recevoir le prix dans les meilleures conditions...  

Le patron est incarné par la star Javier Bardem qui retrouve le réalisateur après "Les Lundis au Soleil" (2001) et "Escobar" (2017), à l'instar de son partenaire Celso Bugallo qui était dans "Les Lundis au Soleil" ainsi que dans "Amador" (2010), les deux compères ayant aussi partagé l'affiche dans "Mar Adentro" (2004) de Alejandro Amenabar, et citons deux très beaux films trop méconnus avec l'acteur à l'affiche, "La Langue des Papillons" (2000) de José Luis Cuerda et "La Nuit des Tournesols" (2007) de Jorge Sanchez-Cabezudo. Celso Bugallo et le réalisateur Fernando Leon de Aranoa retrouve également après "Amador" (2010), les acteurs Manolo Solo vu aux côtés de Bardem dans "Biutiful" (2010) de Alejandro Gonzales Inarritu et récemment dans "Compétition Officielle" (2022) de Mariano Cohn et Gaston Duprat, puis Sonia Almarcha vue entre autre dans "Veronica" (2018) de Paco Plaza et "El Reino" (2019) de Rodrigo Sorogoyen après lequel elle retrouve Oscar de La Fuente et Maria de Nati vue aussi dans "Que Dios no Perdone" (2017) de Sorogoyen. Et enfin citons Almudena Amor remarquée dernièrement dans le film d'horreur "Abuela" (2022) de Paco Plaza, puis Francesc Orella vu notamment dans "Land and Freedom" (1995) de Ken Loach, "Capitaine Alatriste" (2006) de Agustin Diaz Yanes ou "Truman" (2015) de Cesc Gay... Le film surprend par un prologue violent, genre on a dû se tromper de film. Puis on entre ensuite dans un univers édulcoré du monde de l'entreprise où le rêve du libéralisme et du capitalisme fonctionne à merveille, où tous les employés semblent heureux (ou presque !) comme leur patron qui est évidemment un père pour tous.

Où comment les films comme "En Guerre" (2018) ou "Un Autre Monde" (2021) de Stephane Brizé serait repris et dynamité par un Alex de La Iglesia voir même par n'importe quel grand réalisateur italien de l'Âge d'Or. Ainsi, alors que tout semble aller au mieux, tout va commencer à se fissurer, puis à se briser jusqu'à une fin aussi sarcastique que caustique. On sourit beaucoup, on rit un peu, mais si c'est plutôt avec empathie, bienveillance, amusement au début du film les zygomatiques vont réagir de la même façon mais au fur et à mesure avec des émotions subtilement plus cyniques, plus mélancoliques voir plus amères. Les employés se laissent finalement moins prendre pour des moutons, le patron idéal peut aussi être un salaud si on l'y pousse ou si il ne peut faire autrement (?!), tandis qu'on s'aperçoit que vie personnelle et vie professionnelle sont forcément liées pour le meilleur sans doute mais surtout pour le pire. Le scénario est implacable, merveilleusement écrit, avec des situations aussi cocasses que savoureuses, aussi ironiques que drôles. Les acteurs sont impeccables de justesses et de dérisions avec en tête évidemment Javier Bardem toujours aussi génial. Le seul gros bémol vient du dénouement final (avant l'enterrement), car comment on peut imaginer que la Police n'enquête pas sur Blanco ?! Invraisemblable... Mais à part ça Fernando Leon de Aranoa signe une comédie dramatico-sociale jouissive et pertinente à voir et à conseiller. Un très très bon moment.

 

Note :      

 

16/20
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Avec son fonctionnement de "parrain", il semble à peu près bien protégé, le patron... et, si ce sont surtout ses propres turpitudes qui lui retombent sur le nez, il est tout de même assez doué pour faire porter le chapeau à autrui!
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