Le Dernier Voyage (2021) de Romain Quirot
Un film de SF français pour un premier long métrage, ce qui est déjà en soit une curiosité tant le genre est quasi inexistant chez nous. Ce projet est celui de Romain Quirot, ex-futur avocat cinéphile qui s'est pris au jeu après avoir gagné les concours Nikon et Audi Talents avec son court métrage "Un Vague Souvenir" (2014) ce qui lui a permis de financer son court "Le Dernier Voyage de l'Enigmatique Paul W.R." (2015) dont le succès dans divers festivals à amener à l'adaptation en long métrage. Précisons que le court a connu un joli accueil notamment aux Festivals de Angoulême 2020 et celui de Catalogne où il a reçu le Prix Méliès du meilleur film avant d'être pré-sélectionné aux Oscars. Malgré tout le jeune cinéaste a dû batailler près de cinq ans, pour l'écriture du court au long mais aussi à la recherche d'un financement peu aisé dans le contexte français, le genre étant peu produit car souvent onéreux et risqué. Entre temps il signe un documentaire "Sans Réseau" (2019), et surtout il écrit la trilogie littéraire "Gary Cook" (2017-...) en collaboration avec Antoine Jaunin. Assez logiquement, Ce dernier rejoint Romain Quirot pour écrire le scénario du film, puis sont rejoint par Laurent Turner scénariste plus expérimenté notamment sur des films comme "Prêt à Tout" (2014) de Nicolas Cuche, "L'Outsider" (2016) de Christophe Barratier, "L'Odyssée" (2017) de Jérôme Salle et "Le Petit Spirou" (2017) de Nicolas Bary. Finalement, il trouve un producteur en la personne de David Danesi, fondateur de la firme d'effets spéciaux Digital District, et donc en fait pas producteur de films de fiction au sens strict du terme. Pour info sa société a surtout supervisé les effets spéciaux de films comme "Kaena la Prophétie" (2003) de , "La Môme" (2007) de Olivier Dahan, "Colombiana" (2011) de Olivier Megaton, "La French" (2014) de Cédric Jimenez, "Ballerina" (2016) de Eric Simmer et Eric Warin et bien évidemment de "Le Dernier Voyage"...
Dans un futur proche, une Lune Rouge est surexploitée pour son énergie appelée la Lumina. Mais quand elle quitte sa ligen de gravitation pour se diriger vers la Terre l'urgence est de trouver Paul W.R. seule capable de détruire la Lune Rouge avant l'impact. Mais celui-ci refuse la mission et s'enfuit. Traqué Paul croise la route de Elma, ado à caractère explosif qui va l'accompagner dans sa mystérieuse fuite... Le héros est incarné par Hugo Becker vu dans "Damsels in Distress" (2012) de Whit Stillman, "Paradise Beach" (2019) de Xavier Durringer et "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi. Son frère est joué par Paul Hamy vu récemment dans "Deux Moi" (2020) de Cédric Klapish et "Madame Claude" (2021) de Sylvie Verheyde, tandis que leur père est joué par Jean Reno vu récemment dans "Anya" (2019) de Ben Cookson, "Da 5 Bloods" (2020) de Spike Lee et "Bronx" (2020) de Olivier Marchal. L'ado est interprétée par la jeune Lya Oussadit-Lessert aperçue dans "Joséphine s'arrondit" (2016) et "Quand on Crie au Loup" (2019) tous deux de et avec Marylou Berry. Citons ensuite des gueules bien connues avec Bruno Lochet en salles en ce moment dans "Mandibules" (2021) de Quentin Dupieux, et qui a joué dans un autre film de SF français avec "Dante 01" (2008) de Marc Caro, Emilie Gavois-Kahn vue dans "Pupille" (2018) de Jeanne Herry et "Parents d'Elèves" (2020) de Noémie Saglio, Jean-Luc Couchard belge jusqu'au bout des ongles dans le culte "Dikkenek" (2006) de Olivier Van Hoofstadt et vu entre autre depuis dans "Rien à Déclarer" (2010) de et avec Dany Boon puis récemment dans "Adoration" (2019) de Fabrice du Welz, et enfin l'inénarrable Philippe Katerine vu dans "Le Petit Spirou" cité plus haut, et récemment dans "Le Lion" (2020) de et avec Dany Boon et dans "La Pièce Rapportée" (2021) de Antonin Peretjatko... Le cinéaste avoue qu'il a été particulièrement influencé par le chef d'oeuvre "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott, notamment pour une raison qu'il cherche : "créer un univers dans lequel emporter le spectateur." Mais dès les premières images on est loin de l'urbanisation "Blade Runner", on constate plutôt des soldats sortis des "Star Wars" ou des paysages post-apocalyptiques façon "Mad Max". Dont première interrogation : pourquoi un monde post-apocalyptique alors que la catastrophe reste à venir ?! Très vite les interrogations se bousculent... Pourquoi Paul fuit-il ?! Pourquoi serait-il l'unique sauveur ?! Pourquoi le responsable, le père de surcroît, qui semble ordonné et commandé est-il seul malgré un probème planétaire ?!... Etc...
Certaines réponses sont évidentes, soit le manque cruel de moyen, on devine que le budget a été plus que serré ce qui est ici voyant et dommageable. Le décorum est classique mais on s'interroge sur certains éléments comme un piano à queue un peu trop neuf pour se retrouver enfoncé dans le sable, des éléments trop bien éparpillés pour que ce soit crédible, on voit trop la CGI et les incrustations de paysages derrières le désert de Ouarzazate même si il y a une recherche de style. Sur d'autres questions les réponses semblent clairement fumeuses et/ou un peu ridicules, comme la raison de la fuite de Paul ce qui amène à d'autres questionnements et/ou à des incohérences ; par exemple pourquoi est-ce Paul qui a des visions ?! Et surtout, s'il faut ramener Paul pour qu'il sauve la planète pourquoi les soldats essaient de le tuer ?! Le pire arrive à la fin, où on se dit tout ça pour ça !... Les erreurs ou maladresses plus anecdotiques finissent de nous faire sortir de l'histoire comme la voix Off inutile, une gamine qui se remet sans mal d'un deuil violent, une voiture blindée au bon moment... etc... Ensuite, si on lit les déclarations du réalisateur-scénariste on est d'autant plus déçu finalement. Entre autre son casting serait un choix volontaire de trouver des acteurs de la "nouvelle génération dont le visage ne soit pas encore trop connu", mouais, c'est surtout qu'au vu du budget déjà très limité c'est déjà le grand luxe d'avoir obtenu Jean Reno. Paul Hamy est très bon, par contre Hugo Becker manque clairement de charisme pour porter un tel film sur ses épaules, tandis que la jeune Lya Oussadit-Lessert se fait une jolie place. Par là même le cinéaste semble content de sa B.O. (François Hardy, Eddy Mitchell,...) ce qui n'est pourtant pas toujours très probant même si accoler au decorum ambiant cela crée un décalage qui accentue l'effet OFNI (Objet Filmique Non Identifié). La partie qui bluffe est celle des flash-backs en Noir et Blanc, un sublime NB lunaire avec des plans magnifiques qui offrent une mélancolie et une poésie bienvenue. Pour l'anecdote, l'énergie de la Lune Rouge se nomme Lumina en hommage à Jean-Pierre Luminet, astrophysicien français renommé. En conclusion, une déception assez forte au vu du potentiel de cette histoire et au vu du court métrage originel. Mais Romain Quirot n'a assurément pas eu les moyens de ses ambitions, un tel film où les bouts de ficelles et les gros sabots tentant de compenser se voient malheureusement trop. Ce film prouve une fois de plus qu'un court réussit ne fait pas obligatoirement un long métrage idéal. Mais cela fait tout de même plaisir qu'un jeune cinéaste français ait les c******* de se lancer dans un tel projet donc Note indulgente.
Note :