Impardonnable (2021) de Nora Fingscheidt

par Selenie  -  17 Décembre 2021, 10:42  -  #Critiques de films

Nouveau film siglé Netflix, ce qui n'est déjà pas un gage de qualité en général. Ce projet est dans les cartons depuis 2010 et au départ il devait se faire avec Angelina Jolie en tête d'affiche et être réalisé par Christopher McQuarrie qui délaissera le film pour tourner "Jack Reacher" (2012). Il aura donc fallu une dizaine d'années pour que ce projet voit le jour. Il s'agit en fait d'une adaptation de la série TV britannique "Unforgiven" (2009) créée par Sally Wainwright, cette dernière étant co-productrice du film, ainsi que la nouvelle star qui reprend donc le rôle principal Sandra Bullock. Le scénario est signé à plusieurs mains, avec Peter Craig, fils de Sally Field, qui a déjà écrit les films "The Town" (2010) de et avec Ben Affleck et "Hunger Games : la Révolte" (2014-2015), Hillary Seitz à qui on doit les scénarios de "Insomnia" (2002) de Christopher Nolan ou encore "I, Robot" (2004) de Alex Proyas, Courtenay Miles qui a écrit "Date Limite" (2010) de Todd Phillips et "Gone Girl" (2014) de David Fincher. La réalisation est confiée à Nora Fingscheidt, une cinéaste allemande peu connue mais remarquée pour son précédent et premier film "Benni" (2019), histoire d'une enfant en proie à des crises de violence...

Après 20 ans passés en prison, Ruth Slater est libérée mais son passé s'avère un bagage lourd à porter qu'on lui rappelle trop souvent tandis qu'elle désire prendre des nouvelles de soeur qui n'avait que 5 ans quand le drame a eu lieu. Le soucis est que sa soeur ne semble n'avoir aucun souvenir des événements, et les enfants de la victime ont aussi grandi et cherchent vengeance... Ruth Slater est incarnée par Sandra Bullock vue dernièrement dans "Ocean's 8" (2018) de Gary Ross et "Bird Box" (2018) de Susanne Bier. L'agent de probation est joué par Rob Morgan vu dans "Mudbound" (2047) de Dee Rees, "La Voie de la Justice" (2019) de Destin Daniel Cretton et "USS Greyhound" (2020) de Aaron Schneider. Citons ensuite Viola Davis vue récemment dans "Le Blues de Ma Rainey" (2020) de George C. Wolfe et "The Suicide Squad" (2021) de James Gunn, puis Vincent D'Onofrio vu dans son propre film "The Kid" (2019) et dernièrement "Dans les Yeux de Tammy Faye" (2021) de Michael Showalter. La soeur adoptive et sa soeur sont jouées par Emma Nelson vue dans "Bernadette a Disparu" (2020) de Richard Linklater, et Aisling Franciosi vue dans "Jimmy's Hall" (2014) de Ken Loach et surtout remarquée dans "The Nightingale" (2019) de Jennifer Kent. Et enfin citons dans un plus petit rôle l'acteur Jon Bernthal qui retrouve Viola Davis après "les Veuves" (2018) de Steve McQueen et vu cette année dans "Ceux qui Veulent ma Mort" (2021) de Taylor Sheridan, "Many Saints of Newark - une Histoire des Soprano" (2021) de Alan Taylor et "La Méthode Williams" (2021) de Reinaldo Marcus Green... La réinsertion difficile d'un condamné, ou encore le pardon pour crime de sang (froid !), des thématiques aussi récurrentes que difficiles. Rapidement on peut citer des films comme "Deux Hommes dans la Ville" (1973) de José Giovanni, "L'Impasse" (1994) de Brian De Palma, ou encore "Sur mes Lèvres" (2001) de Jacques Audiard et le très bon "Boy A" (2009) de John Crowley. Ce qui interpelle d'emblée est cette mise en abyme de l'ex-taularde mise au pied du mur, celui de l'intransigeance de la justice américaine, qui n'est assurément pas la justice française.

Ainsi en quelques minutes l'agent de probation met les points sur les i concernant les règles, notamment et surtout, en rappelant à Ruth Slater/Bullock qu'elle sera toujours une "tueuse de flic" et que rien ne changera cela ! Le ton est donné, la société t'offre un moyen de survie (au sens premier du terme !) mais nullement le pardon, ou la rédemption, ou même prend à peine en compte que la condamnée a purgé sa peine, normalement. 20 ans de prison ça marque, l'actrice se dévoile sans maquillage, et avec ses 57 ans elle est parfaitement crédible en ex-taularde marquée par le temps et l'enfermement. Le scénario est logique et implacable : l'ex-taularde doit trouver un travail et être à la fois honnête sur son passé et le taire dès que possible, une position antinomique qui montre tout le paradoxe, toute l'incongruité de la situation. Puis, tout aussi logique, après 20 ans sous nouvelles elle désire prendre des nouvelles de sa jeune soeur, qui doit avoir désormais au moins 25 ans. Première interrogation, dans le film cette soeur semble plutôt être une plus jeune étudiante. Mais surtout on est un peu déçu par ce personnage de petite soeur aussi peu exploitée que peu approfondie avec une scène finale qui s'avère alors un peu gratuite. Le plus gros soucis restent les flash-backs, car rien que le fait d'en avoir annonce forcément le twist qui n'en est donc pas un. Flash-backs = pas de suspense. Par contre, on peut s'étonner que l'enquête (même aux States il y en aurait une non ?!) de démontre pas la vérité ou un soupçon de vérité ou même de doute ?! Mais pourquoi pas, ce n'est effectivement pas vraiment le sujet du film. Nora Fingscheidt signe un drame touchant et très efficace même si le "twist" arase un peu la portée du propos, avec en prime une performance habitée de Sandra Bullock.

 

Note :            

 

13/20
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