Les Bad Guys (2022) de Pierre Perifel
Issu de la prestigieuse école des Gobelins, l'artiste Pierre Perifel est ensuite parti en 2008 outre-Atlantique pour travailler chez Dreamworks où il a été animateur sur des films d'animation comme la franchise des "Kung-Fu Panda" (2008-2016) ou "Skrek 4 : il était une Fin" (2010) de Mike Mitchell. Après être passé çà la réalisation avec son court métrage "Bilby" (2018) il a eu l'idée d'un projet : "Je suis alors tombé sur le projet de Bad Guys tiré d'une série de livres. Quand j'ai vu la couverture du premier livre avec les 5 animaux crapuleux cela m'a fait penser à Reservoir Dogs. Du Tarantino pour les enfants !" La série de livres éponymes (2015) de Aaron Blabey a été vendu à plus de 16 millions d'exemplaires et a été primé dans la célèbre liste des best-sellers du New-York Time ce qui a facilité les choses pour que le projet soit accepté par Dreamworks. Le cinéaste français Pierre Perfiel précise : "En fait, le but n'était pas de faire totalement de la "sauce Dreamworks". Aaron Blabey, l'écrivain, n'était pas un dessinateur à la base et donc ses illustrations sont très simples. On ne pouvait pas les adapter telles quelles. Et je me suis donc mis au travail pour trouver un style d'illustration animé non classique et pas dans la lignée de ce que l'on voit chez Disney ou Pixar ou même chez nous à Dreamworks." Le scénario a été écrit à plusieurs mains avec Etan Cohen auteur de live avec la comédie "Tonnerre sous les Tropiques" (2008) de et avec Ben Stiller et "Men in Black 3" (2012) de Barry Sonnenfeld, passé aussi par l'animation pour "Madagascar 2 : la Grande Evasion" (2008) de Eric Darnell-Tom McGrath, moins intéressant avec ses réalisations "En Taule : Mode d'Emploi" (2015) et "Holmes et Watson" (2018), puis Yoni Brenner scénariste notamment de "Rio 2" (2014) de Carlos Saldanha ou "L'Âge de Glace 4 : les Lois de l'Univers" (2016) de Mike Thurmeier-Galen T. Chu, et avec Hilary Winston connu pour son travail sur la série TV "Earl" (2005-2008) et le film d'animation "Lego Ninjago : le Film" (2017) de Charlie Bean-Paul Fisher-Bob Logan...
/image%2F0935117%2F20220409%2Fob_1603e5_1022416.jpg)
Cinq compères, M. Loup fringant pickpocket, M. Serpent perceur de coffre blasé, M. Requin expert en camouflage au sang très très froid, M. Piranha gros bras soupe au lait et Mlle Tarantule pirate informatique au talent aussi aiguisé que sa langue forment un gang redoutable recherché dans le monde entier mais cette fois ils se font arrêter. M. Loup conclut alors un marché pour éviter la prison : devenir honnêtes ! Sous la tutelle du Professeur Marmelade ils vont donc faire croire qu'ils peuvent et qu'ils vont changer. Mais à force de jouer la comédie M. Loup commence à changer... Pour les voix U.S. nous avons Sam Rockwell qui a déjà prêté sa voix pour "Les Trolls 2 : Tournée Mondiale" (2020) de Walt Dohrn-David P. Smith, Marc Maron et Zazie Beetz qui se retrouvent après "Joker" (2019) de Todd Phillips, Craig Robinson qui a prêté sa voix entre autre pour le délirant "Sausage Party" (2016) de Greg Tiernan-Conrad Vernon, Awkwafina qui a prêté sa voix sur "Cigognes et Compagnie" (2016) de Nicholas Stoller-Doug Sweatland et "Raya et le Dernier Dragon" (2021) de Don Hall-Carlos Lopez Estrada... Et en V.F. Pierre Niney déjà habitué de l'exercice après "Vice Versa" (2015) de Pete Docter, "Cro Man" (2018) de Nick Park et "Toy Story 4" (2019) de Josh Cooley, il retrouve derrière le micro son acolyte Igor Gotesman après son film "Five" (2016) et "Un Homme Pressé" (2018) de Hervé Mimran dans lequel jouait aussi Jean-Pascal Zadi révélation populaire de "Tout Simplement Noir" (2020), et enfin Alice Belaïdi qu'on avait plus vu (entendu plutôt !) depuis "Terrible Jungle" (2020) de Hugo Bénamozig-David Cavigioli... Le film débute à 100 à l'heure façon et va continuer à une vitesse de croisière de haute volée pendant près d'une heure avec un gang haut en couleur. On devine et on confirme alors les influences du réalisateur-animateur, à savoir "Reservoir Dogs" (1992) de Quentin Tarantino mais plus assurément encore le culte "Pulp Fiction" (1994). On constate aussi une forte influence de la saga des "Ocean's Eleven" (2001-2007) de Steven Soderbergh. Et on peut dire sans doute que le frenchy Pierre Perifel a complètement assimilé ses références et les a retranscrit avec punch et panache en animation.
/image%2F0935117%2F20220409%2Fob_4cce09_tbg-homemaincarousel-1920x1025.jpg)
Techniquement il arrive aussi à se démarquer du style propre à Dreamworks avec une animation à la fois fidèle à la BD, et un mix entre 2D et 3D utilisé judicieusement qui donne sur la forme un ton résolument moderne tout en assurant un hommage au cinéma des années 90. On note le plan séquence le plus long de l'histoire de l'animation, soit 2mn25 lors du gala, et on savoure les multiples détails qui donnent du relief comme le quatrième mur (héros qui s'adresse directement au spectateur) et les événements qui se déroule subrepticement en arrière-plan. On note un travail assez inouï sur les dialogues, plutôt rare à ce niveau dans un film d'animation, les répliques fusent et les joutes verbales sont souvent aussi drôles que les gags visuels. La première heure est un chef d'oeuvre du genre, malheureusement jusqu'à une grosse baisse de régime causé par l'écueil toujours trop systématique de l'instant émotion. Un passage un peu long qui casse le rythme effréné qui nous tenait en haleine jusque là. Le rythme repart de plus belle mais avec une dernière partie certe mouvementée mais moins drôle, comme si l'équipe avait été trop obnubilé par l'action et l'obligation sous oeillère du spectaculaire à tout prix. Dommage, on aurait aimé une suite moins stylé Michael Bay pour rester sur les rails de Tarantino et Soderbergh. Néanmoins, Pierre Perifel signe une comédie policière fun et jouissive, assez référencé pour séduire les plus grands, et assez hilarante et linéaire pour plaire aux plus petits. Malgré la frustration du virage final ça reste un très bon moment cinoche à voir et à conseiller.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :