Elvis (2022) de Baz Luhrmann
À ne pas confondre avec le téléfilm "Le Roman d'Elvis" en France mais en V.O. "Elvis" (1979) de John Carpenter avec Kurt Russell dans le rôle titre. C'est donc un nouveau mais seulement le second biopic sur le mythique "King" Elvis Presley (Tout savoir ICI !), qui se démarque par un récit qui se base aussi et surtout sur la relation de la star du Rock'n Roll avec son impresario le Colonel Parker (Tout savoir ICI !). La musique est donc une fois de plus un élément central pour le cinéaste qui débuta avec les comédies musicales "Ballroom Dancing" (1992), "Roméo + Juliette" (1997) et "Moulin Rouge" (2001) avant de réaliser les fresques historiques "Australia" (2008) et "Gatsby le Magnifique" (2013). Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Craig Pearce fidèle collaborateur depuis les débuts à l'exception notable de "Australia", puis avec Sam Bromell qui était assistant-réalisateur sur "Gatsby..." et qui signe donc là son premier scénario, puis enfin de façon sans doute plus étonnante Jeremy Doner surtout connu pour avoir co-scénariste sur les comédies françaises "L'Arnacoeur" (2010) de Pascal Chaumeil et "Sur la Piste du Marsupilami" (2012) de Alain Chabat et Al Imran Niloy. À noter que, comme tous les précédents films du réalisateur, la direction artistique, Décors et Costumes, paramètres essentiels dans les films de Luhrmann, sont assumés et assurés par Catherine Martin qui n'est autre que l'épouse du cinéaste. Le film a fait sensation à la séance hors-compétition au dernier Festival de Cannes 2022... Le destin de Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son impresario le Colonel Parker. De ses débuts tonitruants en faisant pour l'éternité le King of Rock'n Roll sa fin sous les paillettes aveuglantes en passant par une ascension sur fond d'une Amérique en pleine révolution sociale et culturelle...
Le rôle titre du King est incarné par le méconnu (plus pour longtemps !) Austin Butler remarqué dans les séries TV "The Carrie Diaries" (2013-2014) ou "Les Chroniques de Shannara" (2016-2017) et aperçu sur grand écran dans "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush et "Once Upon a Time... in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino ; pour l'anecdote, Austin Butler jouait à Broadway dans la pièce "Le Marchand de Glace est Passé" avec un certain Denzel Washington qui n'hésita pas à appeler Baz Luhrmann pour le pousser à choisir le jeune acteur et à vanter son talent ! Son manager est interprété par la star Tom Hanks vu récemment dans "La Mission" (2020) de Paul Greengrass et "Finch" (2021) de Miguel Sapochnik, qui se retrouve pour une des rares ou seules fois à jouer un être peu recommandable, avant cela en se forçant un peu on pourrait citer "Les Sentiers de la Perdition" (2002) de Sam Mendes ou même "Ladykillers" (2004) des frères Coen. Priscilla Presley est interprétée par Olivia DeJonge aperçue dans "The Visit" (2015) de M. Night Shyamalan et "Watch Out" (2016) de Chris Peckover retrouvant ainsi après ce dernier son partenaire Dacre Montgomery vu dans l'oubliable et oublié "Power Rangers" (2017) de Dean Israelite et la série TV "Stranger Things" (2017-2022). Citons ensuite David Wenham vu dans "Le Seigneur des Anneaux" (2002-2003) de Peter Jackson mais surtout il retrouve Baz Luhrmann après "Moulin Rouge" (2001) et "Australia" (2008), puis retrouve du même coup son partenaire Richard Roxburgh après "Moulin Rouge" er après "Van Helsing" (2004) de Stephen Sommers. Citons encore Luke Bracey vu dans "Point Break" (2015) de Ericson Core et "Lucky Day" (2019) de Roger Avary, Kelvin Harrison vu notamment dans "It Comes at Night" (2017) de Trey Edward Shults, "Les Sept de Chicago" (2020) de Aaron Sorkin ou "Cyrano" (2022) de Joe Wright, Xavier Samuel souvent vu en costume comme dans "Anonymous" (2011) de Roland Emmerich, "Frankenstein" (2015) de Bernard Rose ou "Love & Friendship" (2016) de Whit Stillman, Kodi Smit-McPhee vu en Diablo dans "X-Men : Apocalypse" (2016) de Bryan Singer et "X-Men : Dark Phoenix" (2019) de Simon Kinberg et surtout remarqué récemment dans "The Power of the Dog" (2021) de Jane Campion. Pour finir n'oublions pas la chanteuse Yola dans son premier rôle au cinéma, Alton Mason premier mannequin noir à défiler pour Chanel en 2018, puis Kate Mulvany surtout connue à la télévision australienne et qui retrouve le réalisateur après "Gatsby le Magnifique"...
Comme souvent chez Luhrmann le film est une claque visuelle, la photographie est magnifique et rend hommage à la classe et au charisme du King sans pour autant jouer la carte d'un luxe ostentatoire. Le scénario suit la carrière de Elvis sur sa grande et grosse ligne, et surtout se focalise sur les années Las Vegas et les magouilles du Colonel Parker. Malheureusement, il y a beaucoup d'ellipses un peu gênantes comme le rapport d'Elvis avec les événements de son temps ou le cinéma très occulté. Pire, à l'instar de Queen avec "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer, les survivants s'imposent dans des scènes qui paraissent plus ou moins gratuites et/ou fausses comme la déclaration d'amour à Priscilla sur le tarmac de l'aéroport ; Priscilla est une ange, pas le choix elle est l'ayant-droit. Les deux autres bémols sont encore plus gênants, la voix Off du narrateur (Parker/Hanks) est souvent inutile voir inepte, et on peut être déçu de la B.O., un comble ! Du pur King, mais la liste des titres est assez courtes, trop alors que le catalogue est immense. Le vrai atout reste le King alias Austin Butler qui offre une performance dantesque digne des plus grands biopics, une révélation, aucun doute qu'il va vite devenir une star. De surcroît il chante lui-même les chansons quand on est sur la première période des années 50, puis doublé sur les dernières années ce qui est un choix judicieux pour être cohérent avec l'âge et les excès de la star. Le réalisateur signe un film flamboyant et magique, à la réalisation inspirée qui crée des étincelles et surtout de l'émotion. Les choix narratifs sont discutables mais cela permet assurément aussi de séduire les néophytes du King. Une fresque hommage qu'il faut prendre comme tel plutôt que comme un biopic pur.
Note :