L'Ombre de la Violence (2020) de Nick Rowland
Premier long métrage d'un duo issu de la télévision, à la réalisation Nick Rowland qui a travaillé pour la série TV "Hard Sun" (2018) puis au scénario Joe Murtagh qui a écrit pour la série TV "Gangs of London" (2020). Ce projet est l'adaptation du roman "Calm with Horses" (2020) de Colin Barrett dont le titre est repris en V.O. Une oeuvre qui reprend la thématique du gang familial et plus ou moins campagnard, dans le genre on peut citer "Bullhead" (2012) de Michael P. Roskam ou "Wildland" (2021) de Jeannette Nordhal voir "À Ceux qui nous ont Offensés" (2017) de Adam Smith dans lequel jouait la star Michael Fassbender qui est justement co-producteur du film, ce qui est rare puisqu'il ne joue pas dedans alors qu'il n'avait produit que deux autres films jusqu'ici dans lesquels il était à l'affiche, il s'agit des films "Slow West" (2014) de John Maclean et "Assassin's Creed" (2016) de Justin Kurzel. Outre ce film d'Adam Smith et Fassbender, on peut citer un autre producteur, Will Clarke qui va retrouver plusieurs acteurs ayant participé à ses précédentes productions comme dans "Tyrannosaur" (2012) de Paddy Considine, "Ordure !" (2014) de Jon S. Baird ou "The Renegade" (2019) de Lance Daly. Si ce film est resté assez confidentiel il a tout de même été nommé aux BAFTA de la British Academy dans 4 catégories Meilleur film, les meilleurs seconds rôles et Meilleur directeur casting... Dans une ville reculée d'Irlande, Arm, ancien boxeur est devenu homme de main de la famille Devers qui règne sur les trafiques du secteur. Sur son temps libre, il tente d'assumer son rôle de papa auprès de son fils autiste et malgré Ursula la mère qui n'accepte pas les relations douteuses de son ex. Mais un jour tout change, alors que Ursula lui demande de participer financièrement pour que leur fils aille dans une école spécialisée, les Devers lui demande pour la première fois de tuer un homme. Tiraillé entre sa loyauté et son devoir de père Arm va devoir faire des choix et donc penser par et pour lui-même...
Le film est une production irlandaise et tout le casting est donc logiquement issu de l'ile Eire à l'exception notable de l'acteur principal, l'américain Cosmo Jarvis aperçu dans "The Young Lady" (2017) de William Oldroyd et "Annihilation" (2019) de Alex Garland. Son ex et maman du fiston est interprétée par Niamh Algar aperçue dans "Without Name" (2016) de Lorcan Finnegan et "Un Homme en Colère" (2021) de Guy Ritchie. Son acolyte au sein du gang et héritier est incarné par Barry Keoghan qui était justement dans "À Ceux qui nous ont Offensés" (2017) de Adam Smith, mais aussi remarqué entre autre dans "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos, "Dunkerque" (2017) de Christophe Nolan et récemment dans "The Green Knight" (2021) de David Lowery et "Les Eternels" (2021) de Chloé Zhao, puis retrouve retrouve après "'71" (2014) de Yann Demange son partenaire David Wilmot, gueule irlandaise bien connue vu entre autre dans "L'Irlandais" (2011), "Calvary" (2014) et "War on Everyone" (2017) tous trois de John Michael McDonagh, puis retrouve après les films "Le Général" (1998) de John Boorman, "Le Roi Arthur" (2004) de Antoine Fuqua et "Dorothy" (2008) de Agnès Merlet une autre gueule à Guinness, Ned Dennehy qui a croisé Cosmo Jarvis dans la série TV "Peaky Blinders" (2013-...), et vu dans les films "Tyrannosaur" (2012) de Paddy Considine, "Anonymous" (2012) de Roland Emmerich ou "Come Away" (2021) de Brenda Chapman. Citons une autre gueule connue avec Liam Carney vu notamment dans "The Commitments" (1991) et "Les Cendres d'Angela" (2000) tous deux de Alan Parker, "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson et "Gangs of New-York" (2003) de Martin Scorcese, puis les actrices Simone Kirby révélée dans "Jimmy's Hall" (2014) de Ken Loach puis revue dans l'oubliable "Artemis Fowl" (2019) de Kenneth Branagh, et enfin Ally Ni Chiarain qui retrouve Barry Keoghan après "The Renegade" (2019) de Lance Daly...
Le scénario n'a rien de bien folichon mais reste efficace car universel, reprenant un canevas déjà vu , soit un dur à cuir, une famille qu'il va falloir assumer, un gang comme une famille qu'il va falloir trahir. Le premier bémol concerne le héros, énième gros bras bas du front joué de façon monolithique mais l'acteur arrive à nuancer son personnage lors des scènes plus intimistes. L'acteur étant le seul non irlandais dans une histoire située dans le fin fond de l'Eire il aurait été malin d'imaginer un passé outre-Atlantique comme une fuite ou un exil. Le personnage est un bourrin peu malin qui change un peu par amour, assez d'effort en tous cas qui permet un minimum d'empathie, possible aussi parce que les membres de la famille Devers sont vraiment des pourritures abjectes. Outre l'héritier/Keoghan qui n'a encore rien prouvé, ce sont bien les deux oncles Dennehy/Wilmot qui imprègnent la pellicule de leurs gueules patibulaires inénarrables. On ne sait pas où se trouve cette ville, mais on sait qu'on est en province, une province assez pauvre et même assez sinistrée socialement. Il y a donc un côté rustique et terne, terreau idéale pour une famille mafieuse qui s'impose par la violence. Une violence qui fait peur, qui fait mal, mais qui n'est jamais filmée de façon graphique et/ou frontale. La mise en scène reste sobre et directe, parfaitement adéquate avec son récit. En conclusion un petit thriller socio-rural qui ne manque ni de tension ni d'émotion. Un bon moment à défaut de renouveler le genre.
Note :