Everything Everywhere All At Once (2022) de Daniel Sheinert et Daniel Kwan
Nouveelle oeuvre de ceux qu'on appelle aussi Les Daniels, reprenant ainsi les pseudso des compères Daniel Scheinert et Daniel Kwan qui ont d'abord réalisé des clips musicaux notamment pour Manchester Orchestra, écrit pour la série TV "Awkwafina is Nora from Queens" (2020) et surtout ils ont été remarqué pour leur premier long métrage "Swiss Army Man" (2016) où Paul Dano se liait d'amitié avec un cadavre incarné par Daniel Radcliffe. Les deux réalisateurs-scénaristes voulaient réaliser une histoire dense qui mêlerait drame familia, science-fiction et récit philosophique, ils précisent : "Nous pourrions dire un million de choses à ce sujet, mais la chose la plus simple et la plus honnête, c'est que c'est l'histoire d'une mère qui apprend à faire attention à sa famille au milieu du chaos. A bien des égards, le film n'est qu'un drame familial. Nous avons ensuite imaginé les métaphores et les hyperboles les plus folles, les plus énormes et les plus compliquées pour décrire les écarts entre les générations, ainsi que les erreurs de communication et les différences idéologiques au sein d'une famille." Le film est doté d'un budget de 25 millions de dollars, déjà remboursé avec le succès du film qui a amassé plus de 100 millions de dollars au box-office Monde...Evelyn Wang n'en peut plus, elle est débordée et ne sait plus où donner de la tête, elle comprend plus sa famille, elle n'en peut plus de son travail et elle croule sous les impôts. Soudain, elle est propulsée dans un autre univers où elle est une autre femme. Bientôt elle découvre qu'elle a des doubles dans une multitude d'univers très différents. Mais cette découverte s'accompagne de forces obscures contre lesquelles elle va devoir combattre pour sauver avant tout sa famille...
Evelyn Wang est incarnée par Michelle Yeoh, star asiatique et mondiale avec des films comme "Taï-Chi Master" (1993) de Yuen Woo-Ping, "Demain ne Meurt Jamais" (1997) de Roger Spottiswoode, "Tigre et Dragon" (2000) de Ang Lee, "The Lady" (2011) de Luc Besson et plus récemment vue dans "Boss Level" (2021) de Joe Carnahan, "Bloody Milkshake" (2021) de Navot Papushado et "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" (2021) de Destin Daniel Cretton. Dans sa famille citons Stephanie Hsu qui retrouve Michelle Yeoh après "Shang-Chi..." et qui retrouve les réalisateurs après la série TV "Awkwafina is Nora from Queens" (2020-2021). Citons ensuite Ke Huy Quan, acteur oublié et has been mais aussi enfant révélé dans "Indiana Jones et le Temple Maudit" (1984) de Steven Spielberg et "Les Goonies" (1985) de Richard Donner, James Hong un des acteurs les plus prolifiques avec plus de 500 rôles avec notamment quelques chefs d'oeuvres comme "La Cannonière du Yang-Tse" (1966) de Robert Wise, "Chinatown" (1974) de Roman Polanski, "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott ou encore"Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin" (1986) de John Carpenter, Jamie Lee Curtis star de la franchise "Halloween" (1978-2021) vue aussi dans "Un Poisson nommé Wanda" (1988) de Charles Crichton ou "True Lies" (1994) de James Cameron, Jenny Slate vue dans "Hotel Artemis" (2018) de Drew Pearce, "Venom" (2018) de Ruben Fleischer et "On the Rocks" (2020) de Sofia Coppola, et enfin Harry Shum Jr. remarqué dans la franchise "Street Dancer" (2004-2010) et "La Revanche des Dragons Verts" (2014) de Andrew Lau et Andrew Loo et surtout il retrouve sa partenaire Michelle Yeoh après "Tigre et Dragon 2" (2016) de Yuen Woo-Ping et "Crazy Rich Asians" (2018) de Jon Chu... Forcément, quand il est question de multiverse on pense aux derniers films du Marvel Universe dont le tout récent "Doctor Strange in the Multiverse of Madness" (2022) de Sam Raimi, l'appréhension est donc tout naturel qu'il y ait une sorte de copiage ou de similitude mais la première bonne chose est qu'on est clairement dans une toute autre approche. Le film débute avec une famille en ébullition entre leur entreprise de laverie et leur domicile juste au-dessus tout en préparant l'anniversaire de papy. L'ébullition est surtout celle de la mère, Evelyn qui est hyperactive, trop puisqu'elle semble surtout en burn-out ; on comprend soudain que Daniel Kwan est averti s'être inspiré de lui-même pour Evelyn, à savoir que le personnage a été écrit avec les caractéristiques d'une personne souffrant de TDAH (Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité). Le film va vite, avec une fluidité bluffante entre action physique et dialogues, puis avec les interactions entre individus. L'entrée dans le multiverse est tout aussi rapide et efficace avec une application à mêler humour et action.
La première heure est un petit chef d'oeuvre du genre, à la fois orignal et universel, joussif et fun. Mais quand arrive le twist (le méchant dévoilé et le bagel), le récit part un peu en vrille et plus malheureux encore les deux réalisateurs-scénaristes semblent s'être laisser trop prendre au jeu dans le délire et tout part en roue libre oscillant entre scènes géniales et passages plus bancals, maladroits, et même scabreux voir de mauvais goût. Cette seconde partie se doit d'être vu avec une tolérance certaine et de se laisser aller à passer les degrés d'humour avec légèreté et fantaisie. En fait, sur le fond les cinéastes restent cohérents avec leur délire, à savoir qu'il y a autant de type d'humour qu'il y a d'univers, on passe donc les différents degrés sans vergogne, entre gags sous la ceinture, burlesque, absurde, dérision, satire... etc... tout y passe avec plus ou moins de réussite tant la diversité et la densité fait se bousculer tout ce melting-pot. Dans ce foutoir jubilatoire il y a une Michelle Yeoh exceptionnelle qui offre une multi-performance unique qui vaut à elle seule le détour. Son époux Waymond/Ke Huy Quan qui est par contre un peu trop l'ersatz de Jackie Chan, qui devait d'ailleurs jouer le rôle principal et dont le style et le cinéma est ici un peu trop pillé. Est-ce voulu comme un hommage ?! Sûrement, et dans le genre on appréciera aussi quelques clins d'oeil amusant et souvent drôle par exemple des films "2001 l'Odyssée de l'Espace" (1967) de Stanley Kubrick, "In the Mood for Love" (2000) de Wong Kar-Wai ou encore "Ratatouille" (2007) de Brad Bird. Le plus gros défaut est sa dernière partie, et par ricochet la durée du film. En effet, soudain le film prend un coup d'arrêt, la fin est étirée encore et encore, devient redondante, insiste sur une morale déjà limpide et appuyée malgré quelques coups de génie (les cailloux !) et on se dit que m**** ce film aurait tellement gagné à retirer au moins 15mn de cette dernière partie. Forcément, une telle effervescence dans un tel capharnaüm donne aussi une multitude d'incohérences et de maladresses (faux raccords comme au niveau de la narration) mais le tout est si jubilatoire et fun qu'on se laisse aller dans ce voyage entre SF et fable moderne. Un très bon moment cinéma tant ce film est singulier et généreux mais on ne peut également qu'être frustré devant tant de potentiel.
Note :