The Killer (2024) de John Woo
A l'instar de la suite "Beetlejuice Beetlejuice" (2024) de Tim Burton, voici que 36 ans après le réalisateur culte hong-kongais revient sur son succès pas moins culte "The Killer" (1989) mais pas pour une suite mais pour un reboot modernisé et même internationalisé puisqu'il semble être revenu à Hollywood après le râté "Silent Night" (2023). Il porte à l'écran un scénario repris de l'original signé Woo mais repris par des mains américaines menées par Brian Helgeland, scénariste célèbre et réputé entre autre de "L.A. Confidential" (1997) de Curtis Hanson, "Mystic River" (2003) de Clint Eastwood ou "Green Zone" (2010) de Paul Greengrass et réalisateur également notamment du récent "Finestkind" (2023), collaborant avec Josh Campbell et Matt Stuecken qui ont écrit "10 Cloverfield Lane" (2016) de Dan Trachtenberg et "Les Chevaliers du Zodiaque" (2023) de Tomasz Baginski. Cette nouvelle version voit quelques modifications notables, ainsi si la production est américaine, l'histoire se déroule en France avec un casting largement français, et le tueur originel Jeff devient une tueuse nommée Zee... Zee, une tueuse à gages redoutée et redoutable blesse aux yeux une jeune chanteuse de bar lors d'une fusillade. Mais les commanditaires lui reproche de l'avoir laissée en vie et se retrouve donc la cible de ses patrons tandis qu'elle est aussi traquée par un policier français. Zee va devoir sauver sa vie mais également celle de sa victime désormais aveugle...
Jeff, oups, Zee est incarné par Nathalie Emmanuel, révélation de la série TV "Game of Thrones" (2013-2019), qui a percé avec la saga "Fast and Furious" (2015-2023) et vue depuis dans "Army of Thieves" (2021) de Matthias Schweighöfer ou "Le Bal de l'Enfer" (2022) de Jessica M. Thompson. Son commanditaire est joué par Sam Worthington star de la saga "Avatar" (2009-...) de James Cameron qui semble depuis peu stagner malgré le récent "Horizon : une Saga Américaine" (2024) de Kevin Costner, tandis que son patron est interprété par Eric Cantona qui retrouve un rôle très similaire à celui du récent "AKA" (2023) de Morgan S. Dalibert. L'enquêteur de la police française est joué par Omar Sy vu récemment dans "Tirailleurs" (2023) de Mathieu Vadepied qui lui semble réussir son ouverture à l'international qui avait débuté avec "X-Men : Days of Future Past" (2014) de Bryan Singer, et son coéquipier est joué par Grégory Montel vu dans "Les Parfums" (2020) de Grégory Magne, "Libre Garance !" (2022) de Lisa Diaz ou "Reprise en Main" (2023) de Gilles Perret. Parmi les francophones citons encore Saïd Taghmaoui révélé par "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz mais qui effectue la majeure partie de sa carrière à Hollywood avec notamment "Les Rois du Désert" (1999) de David O. Russell, "John Wick Parabellum" (2019) de Chad Stahelski ou "The Family Man" (2023) de Simon Cellan Jones, Tchéky Karyo vu dernièrement dans "Une Sirène à Paris" (2020) de Mathias Malzieu, "Mystère" (2021) de Denis Imbert ou "Bonne Conduite" (2023) de Jonathan Barré, Mickael Erpelding vu dans "Le Lion" (2020) de Ludovic Colbeau-Justin ou "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico, Vincent Winterhalter aperçu notamment dans "Ma Vie en l'Air" (2005) et "Le Mystère Henri Pick" (2019) tous deux de Rémi Bezançon, Igor Skreblin apparu dans "Ni Pour ni Contre (Bien au Contraire)" (2003) de Cédric Klapisch, "Captifs" (2010) de Yann Gozlan ou "Le Jour Attendra" (2013) de Edgar Marie, Quentin d'Hainaut sportif de haut niveau spécialiste en arts martiaux devenu cascadeur vu auparavant dans "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan et "Balle Perdue 2" (2022) de Guillaume Pierret, Guillaume Kerbusch apparu dans "Kursk" (2018) de Thomas Vinterberg ou "La Nuit se Traîne" (2024) de Michiel Blanchart, puis enfin n'oublions pas la top model américaine Diana Silvers vue déjà dans "Ma" (2019) de Tate Taylor, "Booksmart" (2019) de Olivia Wilde ou "Ava" (2020) de Tate Taylor... Précisons d'emblée que la musique, aussi peu inspirée que possible, sans âme ni personnalité, est signée de Marco Beltrami compositeur inégal de "Scream" (1996) de Wes Craven à "Mayday" (2023) de Jean-François Richet en passant par "Hellboy" (2004) de Guillermo Del Toro ou "Logan" (2017) de James Mangold ; cette B.O. ne restera pas dans le meilleur de sa filmo. Ce reboot est une gageure en soi, où comment se compliquer la vie en voulant surfer sur la mode de la féminisation, mêler une écriture très américaine avec un contexte très français tout en faisant croire que John Woo est toujours à son prime. On constate très vite que ce film est d'un opportunisme qui est tout sauf nécessaire. Le pire est que l'essence même de l'intrigue originelle a disparu, comme le fait que dans la version 89 les protagonistes sont plus ambigus et complexes, et que les scènes d'action sont la quintessence du style John Woo (qu'on aime ou pas).
Dans cette nouvelle version les personnages sont tous des clichés, ainsi Nathalie Emmanuel est sublime mais jamais on ne croit à une tueuse de sang froid impitoyable, Omar Sy cabotine genre flic incorruptible mais au grand coeur et charmeur sourire en coin en prime, son acolyte a tout de faire valoir habituel, et ne parlons pas de Cantona énième rôle façon "Aka" (2023) même si il est vrai que son charisme fait son effet, et Tchéky Karyo qui se retrouve entre celui qu'il était dans "Nikita" (1990) de Luc Besson qui aurait fusionné avec "Kingsman" (2015) de Matthew Vaughn, et Worthington qui trouve là le genre de rôle charnière qui ouvre généralement la voie à une traversée du désert. On retrouve évidemment quelques paramètres "wooiens" obligatoires comme la chapelle, les pigeons, les gunfights aussi mais sans surprises, au style essouflé et surtout pas toujours très fluides où on perçoit le montage qui permet de faire illusion avec les doublures cascades et l'utilisation des images de synthèse pas toujours très heureuse. On ne perçoit pas non plus de complicité ou d'atomes crochus entre les acteurs dont un Sam Worthington qui semble vraiment s'emmerder (normal !). En conclusion, avouons que l'atout charme tout en cuir fait le job mais ça reste un reboot aussi inutile que superficiel, qui confirme surtout que John Woo n'y arrive plus...
Note :