Reprise en Main (2022) de Gilles Perret
Un des rares films de fiction et un des rares qui sort en salles obscures pour Gilles Perret, réalisateur pourtant déjà expérimenté mais qui a surtout signé des documentaires à dimension sociale et politique dont on peut citer notamment "La Sociale" (2016) sur la SECU, "L'Insoumis" (2018) sur Jean-Luc Mélenchon, "J'veux du Soleil" (2019) sur les Gilets Jaunes et "Debout les Femmes" (2021) tous deux co-signés par le député François Ruffin. Le réalisateur-scénariste ne se perd pas en route avec cette histoire qui reste à toujours portée sociale et politique. Il co-écrit le scénario avec Raphaëlle Valbrune-Desplechin (soeur du réalisateur Arnaud Desplechin) à laquelle on doit entre autre les scénarios des films "Tournée" (2010) de et avec Mathieu Amalric, "L'Art de la Fugue" (2015) de Brice Cauvin et "Curiosa" (2019) de Lou Jeunet, puis avec Claude Le Pape qui a écrit pour les films "Les Combattants" (2014) de Thomas Cailley, "Petit Paysan" (2017) de Hubert Charuel et "Comme des Garçons" (2018) de Julien Hallard... Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision mais pour survivre l'usine doit encore être cédée à un fonds d'investissement. Epuisés d'avoir encore à dépendre de spéculateurs cyniques Cédric et ses amis font un pari fou : racheter l'usine en se faisant passer pour des financiers...
Cédric est incarné par Pierre Deladonchamps vu récemment dans "La Page Blanche" (2022) de Murielle Magellan, et retrouve après "Vaurien" (2020) de Peter Dourountzis son partenaire Vincent Deniard vu dans "La Nuée" (2021) de Just Philippot qui retrouve de son côté après "Gaspard va au Mariage" (2018) de Antony Cordier l'actrice Laetitia Dosch vue récemment dans "Irréductible" (2022) de Jérôme Commandeur, "En Même Temps" (2022) de Kervern-Delépine puis "Libre Garance" (2022) de Lisa Siaz après lequel elle retrouve Grégory Montel vu dans "Rose" (2021) de Aurélie Saada, "Chère Léa" (2021) de Jérôme Bonnell et retrouvant Pierre Deladonchamps après "Les Chatouilles" (2018) de Andréa Bescond et Eric Métayer. Citons ensuite Finnegan Oldfield vu dans "Gagarine" (2020) de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh et "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius, puis retrouve après "La Terre des Hommes" (2020) de Naël Marandin son partenaire Samuel Churin vu dans "120 Battements par Minute" (2017) de Robin Campillo et "Normandie Nue" (2018) de Philippe Le Guay, et n'oublions pas Marie Denarnaud vue dernièrement dans "Slalom" (2020) de Charlène Favier et actrice fétiche de Mélanie Laurent avec "Les Adoptés" (2011), "Respire" (2014) et "Plonger" (2017)... La comédie sociale a toujours été une source d'inspiration riche et foisonnante et ce film le prouve encore. Sur un sujet d'actualité et proche du citoyen travailleur dans son quotidien le réalisateur met en image un scénario malin, passionnant et ce même si la vraisemblance du plan reste limitée. Mais on est dans une fiction qui est aussi là pour divertir et sur ce point le film se retrouve entre les excellents "En Guerre" (2018) de Stephane Brizé et "El Buen Patron" (2022) de Fernando Leon de Aranoa.
Moins réaliste que le docu-fiction que le premier, moins drôle et poils à gratter que le second mais avec cet optimisme et cette fantaisie qui fait passer la pilule avec sourire et espérance. La première partie montre des amis et collègues qui sont lucides mais aussi fatalistes malgré les problèmes. La suite se focalise sur l'éveil, les choix, les décisions qui vont leur permettre de tenter de prendre leur destin en main, puis enfin le plan, le mise en application qui va forcément ne pas être facile, sinon ce ne serait pas drôle ! On aime aussi la métaphore de la montagne à gravir avec d'ailleurs une sublime mise en valeur de l'environnement et des paysages qui font face à l'urbanisme. Les personnages sont bien croqués avec un panel sympa de gens différents mais jamais caricaturaux, joués par un tout aussi joli panel d'acteurs. On aurait aimé que certains soient moins sous-exploités mais dans l'ensemble ça reste cohérent et intéressant toujours mené par le fil de l'intrigue. On aime surtout que le film ne soit ni trop technique (jargon pro, finance...) ni trop simpliste, le côté ludique notamment et surtout sur la construction financière est un point essentiel. Le film est donc une sorte de braquage financier, mais au lieu des armes létales et d'un coffre fort les salariés usent des mêmes armes à cols blancs soient du papier et du vent. Gilles Perret signe une comédie sociale qui mise avant tout sur le divertissement sans trop être moralisateur (ouf !), ça manque un peu d'audace (voir Brizé et de Aranoa) mais on passe un très bon moment, à voir et à conseiller.
Note :