L'Amour au Présent (2024) de John Crowley
Après "Brooklyn" (2015) et "Le Chardonneret" (2019), le cinéaste britannique John Crowley revient avec un film moins ambitieux pour une comédie romantique qui paraît tout ce qu'il y a de plus classique. Le réalisateur porte sur le grand écran un scénario signé de Nick Payne remarqué en signant les scénarios de séries TV comme "The Crown" (2017) ou "Wanderlust" (2018) puis le film "La Dernière Lettre de son Amant" (2021) de Augustine Frizzell... Tobias, jeune chef prometteur rencontre Almut, jeune divorcée. Ils tombe profondément amoureux, un amour qu'on suit sur une décennie entre les instants qui nous changent et ceux qui nous construisent...
Les deux acteurs principaux avaient subtilement annoncé un prochain projet ensemble lorsqu'ils sont venus remettre ensemble un Oscar à la cérémonie 2023. C'est donc désormais chose faîte, avec Florence Pugh vue récemment dans "Don't Worry Darling" (2022) de Olivia Wilde, "Oppenheimer" (2023) de Christopher Nolan et "Dune, Deuxième Partie" (2024) de Denis Villeneuve, puis Andrew Garfield vu dans "Tick, Tick... Boom !" (2021) de Lin-Manuel Miranda et "Spider-Man : No Way Home" (2021) de Jon Watts. Citons ensuite Adam James apparu essentiellement dans des épisodes de séries TV ou le tout récent film "Wicked" (2024) de Jon M. Chu, Marama Corlett aperçue dans "The Devil's Double" (2011) de Lee Tamahori ou "Maléfique" (2014) de Robert Stromberg ou plus récemment dans les séries TV "Blood Drive" (2017) ou "Sick Note" (2017-2018), Aoife Hinds, fille de l'acteur Ciaran Hinds, aperçue dans les séries TV "Obsession" (2019) ou "Normal People" (2020) et dans le remake "Hellraiser" (2023) de David Bruckner, Heather Craney aperçue dans "Vera Drake" (2004) de Mike Leigh ou "The Duke" (2022) de Roger Michell, puis enfin Grace Molony apparue dans "Marie Stuart Reine d'Ecosse" (2018) de Josie Rourke ou "Artemis Fowl" (2020) de et avec Kenneth Branagh... Une histoire d'amour, une maladie grave, on pense forcément au mètre étalon du genre avec "Love Story" (1971) de Arthur Hiller, puis une histoire d'amour raconté sur les années qui s'écoule et on pense par exemple à "Un Jour" (2011) de Lone Scherfig. Un sous-genre hyper codifié qui ne laisse pas beaucoup de place à l'originalité ou à un minimum de surprise.
Les atouts se reposent souvent et même surtout sur le couple star, puis sur l'inspiration et/ou le talent du metteur en scène. Le couple est joué par Andrew Garfield et Florence Pugh, un duo qui fonctionne bien à tous les niveaux (âge, physique,...) mais qui va vite se trouver décalé ; en effet Florence Pugh est magnifique et n'en fais jamais trop, ce qui s'avère d'autant plus flagrant quand Andrew Garfield force l'émotion en étant constamment les yeux embués, semblant toujours fragile émotivement même dans les situations les moins singulières, il en devient insupportable voir tête à claques. Ce qui n'empêche pas que les deux acteurs sont au diapason à défaut d'être en équilibre, d'autant plus que c'est elle qui subit constamment (boulot + santé) alors que lui n'est là qu'en soutien. Niveau mise en scène la seule idée de John Crowley a été de choisir une construction narrative aléatoire, jouant avec la chronologie en alternant constamment avec des flash-backs et flash-forwards. Résultat un montage à la serpe, un manque de fluidité et surtout une émotion plus difficile à mettre en place car on alterne trop les époques et les situations aux contextes très différents. Pourquoi ne pas être resté sur un scénario linéaire ?! Heureusement, le couple a un charme certain (énorme coup de coeur pour elle !) et surtout plusieurs séquences qui ne manquent ni de grâce ni de fantaisie (jusqu'à devoir défoncer les portes des toilettes). Dans le genre le film n'évite pas les clichés mais compense par des séquences assumant les côtés malaisants que l'intimité impose. Un joli moment à défaut d'être un must du genre.
Note :