Marathon Man (1976) de John Schlesinger

par Selenie  -  27 Janvier 2025, 09:38  -  #Critiques de films

Réalisateur remarqué avec "Un Amour pas comme les Autres" (1962), "Loin de la Foule Déchaînée" (1967) et surtout "Macadam Cowboy" (1969), John Schlesinger collabore à son tour avec Robert Evans, alors un des producteurs les plus en vus de Hollywood derrière des succès comme "Love Story" (1970) de Arthur Hiller, "Le Parrain" (1970) de F.F. Coppola ou "Chinatown" (1974) de Roman Polanski, puis avec William Goldman auréolé déjà de deux Oscars pour "Butch Cassidy et The Kid" (1969) de George Roy Hill et surtout du tout récent "Les Hommes du Président" (1976) de Alan J. Pakula. Les planètes semblent alignées avec de surcroît une star au sommet, Dustin Hoffman qui a déjà tourné avec Schlesinger, et qui joue dans le ce dernier film oscarisé du scénariste qui vient tout juste de sortir quelques mois auparavant un roman d'espionnage qui ferait un bon projet pour le grand écran. Tout ce petit monde se retrouve donc et l'auteur adapte lui-même son roman et écrit son scénario. Le projet est ambitieux, l'équipe et le budget suivent pour un succès critique et public avec en prime plusieurs prix et nominations notamment pour les Golden Globes dont une statuette du meilleur acteur de second rôle pour Laurence Olivier. Un succès mérité malgré un film interdit au moins de 16 ans à sa sortie... Alors que Babe, étudiant en Histoire, s'entraîne pour le marathon de New-York, son frère Henry "Doc" arrive à New-York pour affaire et donc en profite pour voir son frère. Babe s'est justement fait agressé dans Central Park avec sa nouvelle petite amie. Mais un soir son frère meurt devant ses yeux après avoir été assassiné. Malgré lui Babe se retrouve lui aussi menacé par un certain docteur Szell, ancien tortionnaire de Auschwitz caché depuis des années qui est lui aussi arrivé à New-York pour affaire dans laquelle était impliqué Henry "Doc". Babe apprend que son frère n'était pas celui qu'il croyait... 

L'étudiant marathonien est incarné par Dustin Hoffman alors au sommet , retrouvant son réalisateur après "Macadam Cowboy" (1969), et vu depuis dans "Les Chiens de Paille" (1971) de Sam Peckinpah, "Papillon" (1973) de Franklin J. Schaffner ou "Les Hommes du Président" (1976). Son frère est interprété par Roy Scheider qui est alors à l'apogée de sa carrière avec sa décennie phare auréolée de succès comme "French Connection" (1971) de William Friedkin ou surtout "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg. Le médecin nazi est incarné par le monstre sacré Laurence Olivier devenue une star avec "Les Hauts de Hurlevent" (1939) de William Wyler et "Rebecca" (1940) de Alfred Hitchcock et, alors que son personnage est inspiré du docteur Mengele véritable tortionnaire de Aushwitz, sera celui qui le traque justement dans "Ces Garçons qui venaient du Brésil" (1978) de Franklin J. Schaffner. Citons ensuite William Devane vu notamment dans "John Mc Cabe" (1971) de Robert Altman ou "Complot de Famille" (1976) de Alfred Hitchock, Marthe Keller actrice suisse alors surtout remarquée en France dans "Le Diable par la Queue" (1968) et "Les Caprices de Marie" (1970) tous deux de Philippe De Broca, Robin Bright vu surtout chez Sam Peckinpah dans "Guet-Apens" (1972), "Pat Garrett et Billy le Kid" (1973) et "Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia" (1974), et retrouvera dans "Hair" (1979) de Milos Forman son partenaire Treat Williams alors inconnu dans un simple apparition mais qui va être remarqué la même année dans "The Ritz" (1976) de Richard Lester ou "L'Aigle s'est envolé" (1976) de John Sturges, Marc Lawrence vu chez John Huston et plus proche du film dans les 007 "Les Diamants sont éternels" (1971) et "L'Homme au Pistolet d'Or" (1974) tous deux de Guy Hamilton, Fritz Weaver vu dans "Point Limite" (1964) de Sidney Lumet ou "Le Jour du Dauphin" (1973) de Mike Nichols, Raymond Serra aperçu dans "Le Flambeur" (1974) de Karel Reisz ou "Un Après-Midi de Chien" (1975) de Sidney Lumet, puis le frenchy Jacques Mrind, puis enfin notre frenchy Jacques Marin vu par exemple dans "La Traversée de Paris" (1956) et "En Cas de Malheur" (1958) de Claude Autant-Lara, puis n'oublions pas l'itlien Fabio Testi, non crédité, qui semble là que pour un simple caméo après avoir été vu entre autre "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone, "Le Jardin des Finzi-Contini" (1970) de Vittorio De Sica ou "L'Important c'est d'Aimer" (1975) de Andrzej Zulawski... Le film débute avec une dispute routière à l'issue tragique qui pourrait à première vue avoir droit à son article dans la rubrique des faits divers mais est en fait le premier élément d'une affaire nébuleuse dans laquelle un étudiant va être impliquer bien malgré lui. Pendant un bon tiers du film les protagonistes se rencontrent, semblent vivre des existences plus ou moins normales au détail près que certains sont dans l'ombre et ont des relations d'affaires aussi complexes qu'ambigues. Il est question d'organisations secrètes, de nazis en fuite, d'or et de diamants à l'origine nauséabondes, mais surtout le tout est saupoudré de paranoïa et d'une atmosphère anxiogène qui ne nous lâche jamais.

Parmi tous ses personnages c'est évidemment ce médecin nazi qui marque les esprits, inspiré par Josef Mengele qui était encore à l'époque du film vivant et caché en Amérique du Sud, il est incarné avec force par un Laurence Olivier inspiré pour incarner cet homme froid et sec comme la mort, un coeur de pierre fait homme, implacable messager de mort qui fait froid dans le dos. Un dentiste tortionnaire dont la courte scène de sévices buccaux a été justement raccourcie suite aux malaises lors des projections-test. Le scénario est assez alambiqué pour accentuer la sensation de secret et d'organisations agissant en marge, tout en ajoutant d'autres paramètres en filigrane comme le maccarthysme et le marathon. La mise en scène est tendue, s'appliquant à une fluidité constante. Précisons que le film est l'un des deux premiers films à utiliser la Steadicam avec "Rocky" (1976) de John G. Avildsen. Par contre on peut trouver que les flash-backs sont inutilement nombreux, que le personnage de Marthe Keller manque d'épaisseur (sert-elle vraiment à quelque chose ?!) et que Dustin Hoffman fait trop vieux à près de 40 ans pour jouer les jeunes étudiants. Malgré tout le film est prenant, sous tension constante avec des personnages qui semblent tous pourris face à un étudiant dépassé. Mais surtout il faut voir le film en V.O. ne serait-ce que pour la scène de torture avec la réplique sans cesse répétée "Is it safe ?", traduite littéralement en V.F. par un laconique "C'est sans danger ?", qui n'a donc plus la double signification originelle, en effet en anglais "safe" peut aussi désigner le mot "coffre-fort". Cette réplique a été classée dans les 100 répliques cultes du cinéma par l'American Film Institute. Le film s'impose comme un des meilleurs thrillers d'espionnage des seventies.

 

Note :                 

18/20
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