Sinners (2025) de Ryan Coogler
Retour de Ryan Coogler essentiellement connu pour les deux derniers "Black Panther" (2018-2022) et qui, avec ce nouveau projet, aborde pour la première fois le genre horrifique. Le réalisateur-scénariste explique pourquoi il a toujours adoré ce genre : "Je crois que c'est parce c'est un genre ancestral. La première histoire qu'on a racontée autour d'un feu était sans doute un récit horrifique." Le cinéaste précise également s'être beaucoup inspiré de sa famille, son grand-père maternel qui est décédé un an avant sa naissance et qui était originaire du Mississippi, et son oncle James décédé lors de la pré-production : "Il était d'une autre époque, il venait lui aussi du Mississippi, et il n'en parlait que s'il écoutait du blues et qu'il avait bu un petit verre de whisky Old Taylor. Dans ces conditions, il se mettait à raconter. Il me manque considérablement. Ce film était l'ocassion de plonger dans ma propre histoire familiale, enracinée aux Etats-Unis." En France le film est interdit au moins de 12 ans... Dans les années 30, durant la prohibition, les jumeaux Elijah et Elias reviennent dans leur ville natale de Lousiane pour repartir à zéro. Mais bientôt ils doivent se rendre à l'évidence qu'une force maléfique guette leur retour...
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Les jumeaux sont incarnés par Michael B. Jordan qui retrouve son réalisateur pour qui il a tourné depuis leurs débuts avec "Fruitvale Station" (2013), "Creed : l'Héritage de Rocky Balboa" (2015), les deux "Black Panther" (2018-2022), sans compter leur collaboration pour "Creed III" (2023) produit et co-écrit par Ryan Coogler et réalisé et joué par B. Jordan. Citons ensuite Hailee Steinfeld remarquée dans "True Grit" (2010) des frères Coen et "Bumblebee" (2018) de Travis Knight mais qui tourne peu depuis, Deloy Lindo vu dans "Domino" (2005) de Tony Scott, "Point Break" (2015) de Ericson Core ou "Da 5 Bloods" (2020) de Spike Lee, Jack O'Donnell vu récemment dans "Ferrari" (2023) de Michael Mann et "Back to Black" (2024) de Sam taylor-Johnson, Jayme Lawson qui grimpe les échelons rapidement avec successivement "The Batman" (2022) de Matt Reeves, "Emmett Till" (2022) de Chinonye Chukwu, "The Woman King" (2022) de Gina Prince-Bythewood et "Sabotage" (2023) de Daniel Goldhaber, Wunmi Mosaku aperçu dans "Batman v Superman : l'Aube de la Justice" (2016) de Zack Snyder, "Call Jane" (2022) de Phyllis Nagy et "Deadpool et Wolverine" (2024) de Shawn Levy, Omar Benson Miller apparu dans "Transformers" (2007) de Michael Bay, "Homefront" (2013) de Gary Felder ou "Above Suspicion" (2019) de Phillip Noyce, Li Jun Li révélée dans "Casse-Tête Chinois" (2013) de Cédric Klapisch et vue plus récemment dans "Babylon" (2023) de Damien Chazelle, puis Lola Kirke aperçue dans "Gone Girl" (2014) de David Fincher, "Mistress America" (2015) de Noah Baumbach ou "Barry Seal : American Traffic" (2017) de Doug Liman... Dès le départ les ingrédients promettent une recette de haut vol avec le blues en musique, le Mississippi profond en post-Krach de 1929 et ses champs de coton, une pincée de Ku Klux Klan, le culte méconnu Hoodoo (Tout savoir ICI !), et un mélange des genres effervescent et passionné. La reconstitution est vraiment réussie avec un soin certain pour la photographie et l'ambiance très négro spiritual, mais le début est pourtant un peu poussif surtout à cause du choix des jumeaux. En effet, la dualité est un peu inutile aussi bien sur le fond (fratrie à la rivalité amour-jalousie classique) que sur la forme (pas de réel duo, souvent séparé pour une facilité logique de mise en scène). Mais on adore l'atmosphère suintante du Sud, dans la veine des drames comme "La Couleur Pourpre" (2024) de Blitz Bazawule, les secrets, les drames, l'amour, le désir, mais aussi le blues et un racisme latent pesant mais qui ne vampirise jamais l'intrigue principale.
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La dimension horrifique apparaît subrepticement, par petite touche comme quelques tâches sur un tableau avant que la tension ne monte d'un cran avec les croyances et les différentes communautés du Delta (du Mississippi). On n'est un peu interloqué, entre indifférence et surprise sur une partie de la fête qui fait un melting-pot inattendu et étrange mais non dénué de symbolisme et de style. La fable à la fois moderne et anachronique souligne aussi une histoire étrange où mythe et foi se mêlent pour glisser sûrement vers l'épouvante. Cette partie "fête" est sans doute trop longue, trop de tergiversions qui posent d'éventuelles sous-intrigues ou trop de pseudo-philosophie de comptoir (culpabilité, rédemption, tolérance...). Mais on aime aussi la sensualité omniprésente, les personnages aussi bien croqués qu'interprétés, toujours le Blues envoûtant et le climax qui en découle mais pas que ! La dernière partie offre enfin la partie trash attendue, une montée en puissance particulièrement efficace avec de très bons jumpscares, des idées assez savoureuses (danse irish-zombie !), Ryan Coogler signe un film aussi tragique, gore que fun et ce malgré les quelques maladresses finales... ATTENTION SPOILERS !... on s'étonne que finalement les Choctaws ne réapparaissent pas de tout le film, valait alors lieux qu'ils ne soient pas apparus, le film aurait dû finir avant, les dix dernières minutes sont hors sol hors genres, gratuites, tirées en longueur... FIN SPOILERS !... Malgré ce final très long et superflu qui coûte un note au cran en-dessous (on frôle le 16 en milieu de film, puis ça baisse ensuite à un bon 15 avant cette fin) ça reste du très bon cinoche.
Note :