Hot Milk (2025) de Rebecca Lenkiewicz

Premier long métrage de la cinéaste britannique Rebecca Lenkiewicz, connue jusque là comme scénariste notamment pour les très bons films "Ida" (2013) de Pawel Pawlikowski, "Désobéissance" (2017) de Sebastian Lelio ou "She Said" (2022) de Maria Schrader. Pour son projet Rebecca Lenkiewicz adapte le roman éponyme (2016) de Deborah Levy qui lui a laissé toute liberté pour porter l'histoire sur grand écran. la réalisatrice-scénariste précise qu'elle a particulièrement été touché par le personnage de Sofia et qu'elle est intéressé par les questions soulevées : la dépendance, la liberté, le désir et les liens familiaux toxiques... Par un été étouffant, Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria, une station balnéaire dans le sud de l'Espagne. Elles viennent consulter le docteur Gomez qui pourraient soigner Rose qui est en fauteuil roulant. Mais alors que Sofia s'abandonne au charme d'une baroudeuse, Rose supporte de moins en moins de voir sa fille s'émanciper... 

Sofia est incarnée par la franco-britannique Emma Mackey vue dans "Eiffel" (2021) de Martin Bourboulon, "Mort sur le Nil" (2022) de et avec Kenneth Branagh, "Emily" (2022) de Frances O'Connor et "Barbie" (2023) de Greta Gerwig, tandis que sa mère est jouée par Fiona Shaw vue entre autre dans "Ammonite" (2020) de Francis Lee ou "Enola Holmes" (2020) de Harry Bradbeer. Ingrid la baroudeuse est jouée par Vicky Krieps vue dernièrement dans le dyptique "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon, "Jusqu'au Bout du Monde" (2023) de et avec Viggo Mortensen puis "The Wall" (2023) de Philippe Van Leeuw. Le docteur est joué par Vincent Perez vu dans son propre film "Une Affaire d'Honneur" (2023), "Boléro" (2024) de Anne Fontaine et "La Venue de l 'Avenir" (2025) de Cédric Klapisch. Citons encore Patsy Ferran aperçue dans "Vivre" (2022) de Oliver Hermanus, "Le Jeu de la Reine" (2024) de Karim Aïnouz ou "Mickey 17" (2025) de Bong Joon Ho, Yann Gael apparu dans "L'Astragale" (2014) de Brigitte Sy ou "Silvio et les Autres" (2018) de Paolo Sorrentino puis enfin Yorgos Tsiantoulas remarqué dans "The Summer with Carmen" (2024) de Zacharias Mavroeidis... Le film débute avec les automatismes d'u film d'auteur qui se veut drame réaliste et subtil, en plaçant d'emblée les jalons de l'intrigue à savoir une relation mère-fille toxique et un parallèle ensuite entre la relation amoureuse de la fille et le processus médical de la mère. On note surtout qu'on est déçu par un premier paramètre, un choix annoncé par la réalisatrice qui était de créer une opposition entre la froideur des relations humaines et la canicule andalouse, entre les malaises constants et la beauté de l'Andalousie.

Malheureusement ça commence mal, d'abord parce qu'il fait chaud on ne perçoit jamais la canicule ou la forte chaleur, on n'est pas convaincu (loin de là) par la beauté de l'Andalousie (pas envie d'y retourner, la réalisatrice n'a pas su filmer le sud de l'Espagne), tandis que la "froideur des relations" n'est pas toujours palpable ou probante. Par contre on comprend vite que chaque personnage semble avoir un secret, plus ou moins important ou essentiel, et soudain le drame psychologique devient particulièrement pesant car chaque protagoniste (ou presque) a son petit mal être, vampirisant ainsi le récit chacun son tour alors que le fil conducteur doit et devrait rester cette relation mère-fille. Le rythme est aussi lancinant que monotone, pas le moindre sursaut, aucune tension, une sorte de vie tranquille et déprimante qui finit par instaurer un ennui poli. On se dit qu'une révélation (la maladie en est pas une ?! La clinique est-elle une façade ?!.. etc...) va vraiment faire bouger les choses mais non, c'est bavard mais jamais on ne se sent intrigué ou intéressé. Long, lent, sans passion on ne croit même pas à cette idylle lesbienne bien trop inoffensive pour créer de l'émoi. Et pourtant quel trio d'actrices ! On a mal pour elles. Rebecca Lenkiewicz est une scénariste passionnante, mais a priori pour les autres.

Note :