Cats (2019) de Tom Hooper
Voilà un film qui a fait couler beaucoup d'encre, un des plus gros bides au box-office de ces dernières années et que certains ont même qualifié d'un des "pires films de tous les temps" ! Disons-le tout de suite, c'est aussi un des films les plus sous-estimés, un des films maudits qui ne méritent nullement sons statut actuel. Ce projet date de 2012 quand la productrice a proposé l'idée à Tom Hooper, réalisateur du succès "Le Discours d'un Roi" (2010) et qui était alors en post-production de la comédie musicale "Les Misérables" (2012) qui partagera d'ailleurs beaucoup également. Ce projet est l'adaptation en live de la célèbre comédie musicale "Cats" (1981) de tout aussi mythique auteur-compositeur Andrew Lloyd Webber ("The Phatom of the Paradise", "Evita"...) lui-même inspiré du recueil de poèmes "Old Possum's Book of Practical Cats" (1939) de T.S. Eliot. Rappelons que la comédie musicale est le plus gros succès de Broadway, restée pas moins de 21 ans durant à l'affiche, multi-primée notamment avec plusieurs Tony Awards t vu par plus de 80 millions de spectateurs dans plus de 50 pays et vue en 19 langues différentes. Si le succès de Broadway peut laisser pousser les ailes le réalisateur est lucide et conscient du défi technique et n'accepte qu'après avoir vu et reçu e soutien de Lloyd Webber. Si entre temps Tom Hooper réalise "The Danis Girl" (2015), il s'affaire sur ce projet et co-écrit le scénario avec Lee Hall, déjà auteur de comédie musicale à succès avec les films "Billy Elliott" (1999) de Stephen Daldry et "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher, mais aussi adepte des films histotiques à costumes comme "Cheval de Guerre" (2012) de Steven Spielberg et "Confident Royal" (2017) de Stephen Frears. Les deux hommes vont effectuer plusieurs changements, les plus évidents concerne la structure narrative qui est dans le film une progression dans le Londres nocturne, puis l'histoire est transposé aux années 30, symboliques de la fin du music-hall et de la crise post-1929 et pré-39... Victoria est une chatte abandonnée un soir dans Londres. Elle fait la connaissance d'un royaume des chats dont le leader, Deuteronome doit choisir une fois par an le chat qui pourra entrer au Jellicosphère, paradis où il pourra renaître dans une autre vie. Cette soirée unique arrive à grand pas et si tous rêve d'obtenir la place tous ont aussi peur de Macavity qui use des pires moyens pour forcer la décision de leur cheffe...
Victoria est incarnée par Francesca Hayward pour sa première apparition au cinéma, alors qu'elle est une des plus fameuses danseuses étoiles mondiales. Lady Deutéronome est incarnée par la grande Judi Dench qui a jouée dans la comédie musicale "Nine" (2010) de Rob Marshall, qui retrouve son scénariste de "Confident Royal", mais surtout qui retrouve "Cats" après avoir débuté dans la pièce en 1981 où elle avait été choisi pour le rôle de Grizabella mais a dû y renoncer avec une double blessure. Grizabella est cette fois jouée par Jennifer Hudson qui a donné de sa voix notamment pour "Dreamgirls" (2006) de Bill Condon, le film d'animation musicale "Tous en Scène" (2016) de Garth Jennings et plus récemment en incarnant Aretha Franklin dans "Respect" (2021) de Liesl Tommy. Le méchant chat est interprété par Idris Elba qui tournait cette même année dans le blockbuster "Fast and Furious : Hobbs and Shaw" (2019) de David Leitch. Parmi la meute on pourra reconnaître James Corden abonné aux comédies musicales avec aussi "Into the Woods" (2014) de Rob Marshall ou "The Prom" (2020) de Ryan Murphy, à l'instar de Rebel Wilson chantante et dansante dans la trilogie "Pitch Perfect" (2012-2017), Ian McKellen qui délaisse Magneto et Gandalf et retrouve ainsi après "All is True" (2018) de Kenneth Branagh sa partenaire Judi Dench, Ray Winstone qui s'aventure là dans un nouveau genre entre "Gentleman Cambrioleurs" (2018) de James Marsh et "Black Widow" (2021) de Cate Shortland, n'oublions pas les frenchies les Twins, jumeaux popularisé pat la France a un Incroyable Talent, danseurs exceptionnels "créateurs de mouvements urbains" devenus depuis danseurs sur la tournée de Beyoncé entre autre, et pour finir citons la pop star Taylor Swift aperçu déjà au cinéma dans "Valentine's Day" (2010) de Garry Marshall et "The Giver" (2014) de Phillip Noyce... Outre le contexte d'époque Tom Hooper et son co-scénariste ont changé d'autres points plus ou moins importants. D'abord en donnant un rôle principal, Victoria/Hayward, alors que c'était à l'origine un rôle secondaire qui n'avait d'ailleurs pas de chanson, par là même, Deutéronome/Dench était normalement un homme mais le changement de sexe était une quasi obligation au vu de la période "féministe" comme l'avoue le cinéaste. Puis on note surtout une implication de Andrew Lloyd Webber lui-même en signant avec Taylor Swift la chanson "Beautiful Ghosts", spécialement écrite pour le film, chantée par Susan Hayward durant l'histoire et par Taylor Swift au générique de fin. Niveau chanson le film est évidemment doté des sublimes chansons originelles dont "Memory" qui est depuis 1981 chantée et reprise par les plus grands. Si on lit les critiques désastreuses elles se résument à deux points : la gêne de voir des acteurs grimés en chats, animaux à poils donc qui agissent trop comme des chats (?!), et sur le fait que les chansons ne font pas avancés le récit. Critiques plus ou moins stupides et de grande mauvais foi.
En effet, déjà sur les planches les acteurs étaient grimés et ça n'a jamais gêné personnes à priori, et pourtant on ne peut que saluer les effets spéciaux absolument inouïs (après une amélioration urgente par la production suite à une première semaines en salle désastreuse, on ne convient !), et le fait que les personnages lèches la patte, sont parfois à quatre pattes, boire du lait... etc... N'est-ce pas plutôt logique pour... des chats ! Certains y décèlent même des passages plus ou moins érotiques, si oui est-ce peut-être le spectateur qui est un peu vicieux ou peut-on se dire que dans la plupart des films il y a des allusions et que ça gêne généralement personne. Ensuite, si les chansons ne font pas spécialement avancées une intrigue c'est aussi parce que les chansons sont des poèmes indépendants les uns des autres à la base, T.S. Eliot ne pouvait s'imaginer quand il les a écrit en 1935-1939 qu'ils seraient adaptés sur scènes et pour les écrans. Les décors sont magnifiquement broadwaisiens, et imposent justement une comédie musicale théâtralisée qui laisse plus facilement place l'imagination et assume ainsi le genre conte et fable, ce qui aurait été plus problématique justement avec de tels personnages dans les décors réels d'un Londres réalistes. On peut parfois juste trouver que le réalisateur manque parfois de fluidité quand il passe d'une scène à l'autre. L'autre soucis reste quelques incohérences et/ou facilités. On pense surtout à Macavity/Elba, qui semble puissant, voir le plus puissant, qui fait "évaporer" des chats sans qu'on sache comment, tandis que s'il est si puissant en quoi Deutéronome/Dench est si puissante ?! Néanmoins, les chansons sont magnifiques, les chorégraphies dynamiques et enjouées, et même s'il fait un certains temps avant de se faire à ses chats humanoïdes les effets visuels restent assez bluffants pour nous embarquer. Certes ce n'est pas parfait, ça manque sans doute d'un peu de panache notamment, mais ce film ne mérite pas la diatribe générale qu'il a reçu et le flop immense qui l'a enterré. Un flop si retentissant (on parle d'une perte sèche de 114 millions de dollars pour Universal avec seulement 75 millions au box-office mondial pour un budget de 100 millions de dollars) que Universal a retiré le film de la course aux Prix. En conclusion, une comédie musicale à revoir, avec des yeux indulgents ou du moins avec les yeux près à voir un univers parallèle aux chansons magiques et une histoire touchante. Note indulgente peut-être mais franchement plus honnête que les notes nanardesques qui dénotent surtout d'une déception subjective due sans doute à une promo bancale, des effets spéciaux qui n'étaient pas près (rectifiés au bout de quelques jours) et d'une mauvaise foi malaisante. A VOIR
Note :