First Cow (2021) de Kelly Reichardt

par Selenie  -  15 Avril 2022, 08:22  -  #Critiques de films

Après "Certaines Femmes" (2016) voici le retour de la réalisatrice-scénariste Kelly Reichardt pour un nouveau film singulier où elle retourne voir les colons de la conquête de l'Ouest après "La Dernière Piste" (2010). Pour ce nouveau projet elle est toujours soutenu par ses fidèles producteurs, Anish Savjani et Neil Kopp (6ème film ensemble), et surtout elle a choisi d'adapter le roman "The Half-Life" (2004) de Jonathan Raymond, ce dernier s'avérant être son proche et fidèle scénariste avec qui elle a collaboré sur ses films "Old Joy" (2006), "Wendy et Lucy" (2008), "La Dernière Piste" (2010) et "Night Moves" (2013)... Vers 1820, en Oregon et en pleine ruée vers les peaux de castors, Cookie un humble cuisinier pour un groupe de trappeurs, et King-Lu un immigrant chinois se lient d'amitié. Rêvant d'une vie meilleure, ils volent le lait de la seule vache du secteur qui appartient à un notable et en profitent pour faire des beignets qui font bientôt fureur chez les colons... 

Le cuistot est incarné par John Magaro vu entre autre dans "Carol" (2015) de Todd Haynes, "The Big Short" (2015) de Adam McKay et "Overlord" (2018) de Julius Avery. Le chinois est interprété par Orion Lee vu dans "Justice League" (2017) de Zack Snyder et "Star Wars VIII : les Derniers Jedi" (2017) de Rian Johnson. Le propriétaire de la vache est incarné par Toby Jones acteur éclectique vu entre autre dans "Tale of Tales" (2015) de Matteo Garrone, "Atomic Blonde" (2017) de David Leitch ou encore "Normandie Nue" (2018) de Philippe Le Guay. Citons ensuite Ewen Bremner cultissime Spud dans les "Trainspotting" (1996-2017) de Danny Boyle, René Auberjonois surtout vu chez Robert Altman et qui retrouve la réalisatrice après "Certaines Femmes" (2016), Scott Sheperd vu dans "Le Pont des Espions" (2015) de Steven Spielberg et "Hostiles" (2017) de Scott Cooper, Gary Farmer surtout remarqué en Nobody dans "Dead Man" (1995) et "Ghost Dog" (1999) tous deux de Jim Jarmush et qui retrouve après "Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)" (2013) de Arnaud Depleschin sa partenaire Lily Gladstone qui était également dans "Certaines Femmes", Alia Shawkat vue dans "Bliss" (2009) de et avec Drew Barrymore et "Green Room" (2015) de Jeremy Saulnier, puis enfin Clayton Nemrow vu dans "Speed Racer (2008) des Wachowski et "The Ghost Writer" (2010) de Roman Polanski... La première chose qu'on remarque est le format 4/3 car "Le 4/3 n'a rien de spectaculaire. C'est un format modeste." dixit la cinéaste qui veut ainsi insister sur le réalisme et le côté terre à terre de son histoire. La seconde chose est le grain particulier choisi qui donne un ton singulier à la photographie ; la cinéaste et son Directeur Photo Christopher Blauvelt indique que leur influence est issu du des films "Les Contes de la Lune Vague après le Pluie" (1953) de Kenji Mizoguchi et la trilogie d'Apu de Satyajit Ray composée des films "La Complainte du Sentier" (1955), "L'Invaincu" (1956) et "Le Monde d'Apu" (1959).

Très vite on s'aperçoit surtout que la réalisatrice semble vouloir étirer son film au maximum, la lenteur contemplative de "La Dernière Piste" est ici poussé encore plus loin. Le début est long, peu intéressant, l'ennui pointe son nez jusqu'à ce que les beignets fassent leur apparition. Enfin un petit rebondissement, enfin un fait, enfin un enjeu. Le beignet (recette du film exclusivement avec les ingrédients disponibles à l'époque !) comme source de liberté, de douceur et de voyage dans le dur labeur des colons où on s'amuse que personne ne s'interroge sur l'origine de la recette, que personne ne s'interroge sur le lait nécessaire à la recette. C'est là l'idée de génie du scénario. Malheureusement, on s'aperçoit que l'histoire n'avait nul besoin d'une durée de 2h de film. Finalement un moyen métrage aurait suffit. Mais on s'éveille quand certains détails frappent l'esprit, par exemple un chinois qui, en 1820, parle l'anglais sans accent et sans difficulté, ou un bucheron qui débute une bûche sans efficacité mais qui revient avec du bois calibré à la mode d'aujourd'hui. Kelly Reichardt impose un style plutôt envoûtant mais force le trait d'une langueur monotone sur une histoire qui manque de densité. Bref, pas grand chose à raconter. Dommage... 

 

Note :                

12/20
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