Winter Break (2023) de Alexander Payne
Réalisateur de films comme "Monsieur Schmidt" (2002), "The Descendants" (2011), du très beau "Nebraska" (2013) et du dernier en date "Downsizing" (2017) Alexander Payne revient avec un film plus différent qui lui a été inspiré après avoir vu le film "Merlusse" (1935) de Marcel Pagnol. Mais alors qu'il pensait à ce qu'il pourrait faire la chance a voulu que le scénariste David Hemingston, créateur-scénariste de séries TV comme "Voilà" (2000-2002), "Whiskey Cavalier" (2019), lui propose un projet de série TV : "David Hemingson avait écrit un excellent pilote pour une série qui se déroulait dans un lycée privé pour garçons. Je l'ai contacté et je lui ai dit que je ne souhaitais pas réaliser le pilote mais lui soumettre une idée de long métrage." Le scénariste avoue de son côté s'être inspiré du roman "Tom Brown's School Days" (1857) de Thomas Hughes constatant que finalement les personnalités des garçons des années 1850 ne différent guère d'aujourd'hui... Hiver 1970, M. Hunham, professeur d'histoire ancienne dans un prestigieux lycée privé pour garçons n'est apprécié ni par ses élèves ni par ses collègues. Alors que Noël approche il est prié de rester sur le campus pour prendre son tour de garde comme surveillant des pensionnaires. Bientôt, le professeur reste seul avec un unique élève aussi doué qu'insurbordonné, sans oublier Mary la cuisinière endeuillée par la mort récente de son fils au Viêtnam...
Le professeur est incarné par Paul Giamatti qui retrouve Alexander Payne après "Sideways" (2004) et vu dernièrement dans "Bloody Milkshake" (2021) de Navot Papushado et "Jungle Cruise" (2021) de Jaume Collet-Serra. La cuisinière est interprétée par Da'Vine Joy Randolph vue dans "Billie Hollyday, une Affaire d'Etat" (2021) de Lee Daniels et "Le Secret de la Cité Perdue" (2022) de Aaron et Adam Nee. Parmi les élèves citons les débutants Dominic Sessa, Ian Dolley, Jim Kaplan, Micheal Provost et Brady Hepner, ce dernier aperçu récemment dans "Black Phone" (2022) de Scott Derrickson. Citons encore Carrie Preston vue dans "Doute" (2008) de John Patrick Shanley ou "Vicky Cristina Barcelona" (2008) de Woody Allen, elle retrouve après "Duplicity" (2009) de Tony Gilroy l'acteur Paul Giamatti, à l'instar de Gillian Vigman après le film "Very Bad Trip 2" (2011) de Todd Phillips, et n'oublions pas Tate Donovan vu notamment dans "Rocketman" (2019) et "Ghosted" (2023) tous deux de Dexter Fletcher... La trêve hivernale n'est pas que sportive, elle existe aussi en milieu scolaire et ça tombe bien puisqu'il y a Noël. Tous les écoliers s'apprêtent donc à quitter leur collège/lycée privé et privilégié pour rejoindre leurs proches durant ces quinze jours de vacances à l'exception de quatre, puis cinq élèves malchanceux ainsi que le professeur volontaire à l'insu de son plein gré pour surveiller cette petite troupe pour leur plus grand malheur. La première partie est une plongée scolaire dans cette institution en 1970, les élèves forment un panel logique pour des ados plus ou moins bien dans leur peau face à un prof acariâtre, aigri et un brin tortionnaire bien que passionné et érudit. Mais outre ces personnages il ne faut pas oublier la cuisinière en deuil, et aussi l'école elle-même, la Barton Academy qui est en fait fictive, réunissant plusieurs lieux de tournage soit 5 écoles prestigieuses du Massassuchets. Le réalisme est d'autant plus probant, l'ensemble du film étant tourné dans les décors naturels, avec une reconstitution seventies subtile sans jouer la carte visuelle historique préférant des références sur l'actualité de l'époque, Viêtnam logiquement en première ligne.
Au départ seule la cuisinière nous touche, les gamins sont surtout pourris gâtés et/ou imbu d'eux-mêmes, le prof est l'exact specimen qu'on a tous détesté mais on va apprendre à les connaître, un peu mieux du moins, puis arrive une césure pour une seconde partie encore plus introspective, plus intime. Les êtres vont devoir ou pouvoir se livrer, s'entraider et se soutenir dans ce qui les rapproche depuis le début : la solitude. Gilles Veber a écrit "La solitude, c'est pire quand on est seul" est les personnages principaux vont finalement l'apprendre à la meilleure période comme un conte de Noël que la B.O. rappelle aussi avec quelques classiques de Noël. Heureusement, Alexander Payne ne tombe pourtant jamais dans l'écueil du genre, pas de mièvrerie, ni guimauve ni pathos mais il y a bien quelques bons sentiments, de jolis moments émotions et surtout de l'humour, parfois avec un peu de sarcasme ou de poils à gratter pour une fable moderne douce-amère, où la mélancolie peut aussi dessiner un sourire. En prime un joli trio principal, le jeune Dominic Sessa révélation du film (et classé par Variety dans le Top "10 des acteurs à surveiller pour 2023"), Da'Vine Joy Randolph qui risque enfin d'être reconnue, puis surtout Paul Giamatti dans un de ses meilleurs rôles. En conclusion, malgré quelques longueurs cette comédie douce-amère est le véritable film de Noël 2023, à voir et donc à conseiller. Un très bon moment.
Note :