Les Pistolets en Plastique (2024) de Jean-Christophe Meurisse
Troisième long métrage de Jean-Christophe Meurisse après "Apnée" (2016) et surtout son excellent et savoureux "Oranges Sanguines" (2021) après lequel il retrouve son épouse Amélie Philippe en co-scénariste. Pour cette histoire il s'est inspiré de l'histoire de Guy Joao arrêté à Glasgow après avoir été pris pour Dupont de Ligonnès : "Préretraité chez Renault, il a été confondu avec l'homme le plus recherché de France, et, arrêté, il a passé ving-six heures d'enfer dans les geôles écossaises... On était dans un dessin de Sempé ! Je me suis dit que le vrai Dupont de Ligonnès s'est bien marré ! Peut-être qu'il buvait des jus de goyaves alcoolisés en se faisant une petite pépée en Amérique du Sud..." Le réalisateur-scénariste précise sur la question du titre: "J'ai une manière un peu surréaliste, un peu cadavres exquis, de trouver des titres, comme pour mon film précédent, "Oranges Sanguines". Ces "Pistolets en Plastique" sonnent bien, car tout le monde est un peu en plastique. Les personnages, le faux Bernardin, le vrai Bernardin, les enquêtrices, tous sont en toc. Quand j'ai relu le scénario, ma page était ouverte sur cette scène où Zavatta, le "ninja de la police", se fait tirer dessus par ses parents avec des jouets, j'ai su que j'avais trouvé mon titre.". Attention avertissement concernant une scène d'une très grande violence qui peut heurter un public sensible... Deux amies, Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin un homme soupçonné d'avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Elles décident de mener l'enquête en commençant par la maison où s'est déroulé la tuerie jusqu'à ce que les médias annoncent l'arrestation de Bernardin dans le Nord de l'Europe...
Les deux enquêtrices sont jouées par Delphine Baril aperçue entre autre dans "Un Vrai Bonhomme" (2020) de Benjamin Parent ou "Irréductible" (2022) de Jérôme Commandeur, et Charlotte Laemmel qui retrouve donc son réalisateur après "Oranges Sanguines" (2021) et vue récemment dans "Yannick" (2023) de Quentin Dupieux et le téléfilm "À la Joie" (2024) de Jérôme Bonnell après lequel elle retrouve son partenaire Gaëtan Peau apparu dans le film "Rien à Perdre" (2023) de Delphine Deloget. Le sujet au centre de l'enquête Paul Bernardin est incarné par Laurent Stocker vu récemment dans "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky, "Un Hiver en Été" (2023) de Laetitia Masson et "Bernardette" (2023) de Léa Domenach. Citons ensuite deux autres acteurs de "Oranges Sanguines" (2021) avec Anthony Paliotti vu dans "Paul Sanchez est revenu" (2018) de Patricia Mazuy ou "Les Confins du Monde" (2018) de Guillaume Nicloux, puis Vincent Dedienne qui retrouve également après "Effacer l'Historique" (2020) du duo grolandais Kervern-Delépine son partenaire Philippe Rebbot vu dans "Pétaouchnok" (2022) de Edouard Deluc ou "La Maison" (2022) de Anissa Bonnefont et retrouve après leur propre film "L'Amour Flou" (2018) son ex-conjointe Romane Bohringer vue dernièrement dans "La Fille d'Albino Rodrigue" (2023) de Christine Dory ou "L'Amour et les Forêts" (2023) de Valérie Donzelli. Citons encore Juana Acosta vue dans "11.6" (2013) de Philippe Godeau, "7 Anos" (2016) de Roger Gual ou "Perfectos Desconocidos" (2017) de Alex de La Iglesia, Fred Tousch vu notamment dans "la Loi de la Jungle" (2016) de Antonin Peretjatko ou "Le Retour du Héros" (2018) de Laurent Tirard, Jonathan Cohen vu dans "Une Année Difficile" (2023) du duo Toledano-Nakache, "Daaaaaali !" (2023) de Quentin Dupieux et "Making Of" (2023) de Cédric Khan, Nora Hamzawi vue récemment dans "Le Tableau Volé" (2024) de Pascal Bonitzer et "Hors du Temps" (2024) de Olivier Assayas, François Rollin apparu dans "Kaamelott : Premier Volet" (2021) de et avec Alexandre Astier ou "Sur la Branche" (2023) de Marie Garel-Weiss, puis enfin Estelle Galarme remarquée dans "Les Anges Exterminateurs" (2006) et "À l'Aventure" (2009) tous deux de Jean-Claude Brisseau et plus récemment dans "Ils sont Partout" (2016) de et avec Yvan Attal... Le film débute fort et annonce la couleur et le ton d'un film qui reste dans la lignée de l'excellent "Oranges Sanguines" (2021), un prologue durant le générique drôle et décalé qui part de plus en plus en vrille. On constate vite que le récit va accumuler tous les genres d'humour dans un melting-pot étonnamment cohérent. (Auto-)dérision, non sens, exagération, quiproquos, ironie, satire, grotesque ou burlesque, et le tout dans un humour noir et acide avec une dose de gore, un mélange des genres et de formes d'humour assez unique pour ne pas laisser indifférent, parfois malaisant mais toujours drôle.
Les dialogues dénoncent à peu près tout ce qui ne va pas dans l'actualité et ça gratte toujours où ça fait mal. Par contre il est vrai qu'on a des envolées hystériques parfois excessives dont le nombre et l'accumulation peut parfois agacer. Le scénario alterne entre entre mes différents protagonistes, citons pêle-mêle les enquêtrices aux inspirations éthyliques, les médecins légistes passionnés par un profiler, les policiers danois en mode pervers narcissiques, le voyageur piégé au Danemark, le couple dysfonctionnel en vacances en Argentine... Mais le film s'avère un peu moins fluide que dans "Oranges Sanguines", ici la sensation du films à sketchs est plus pregnante ce qui casse un peu le rythme au lieu de monter en tension. Constamment dans la tragi-comédie, on passe au crible les différents degrés d'humour et c'est déjà en soi une gageure joussive. En conclusion Jean-Christophe Meurisse signe un nouvel OFNI original, Impolitiquement correct et immoral mais hilarant bien que cette fois-ci ce soit moins réussi de bout en bout.
Note :