Toutes pour Une (2025) de Houda Benyamina

par Selenie  -  23 Janvier 2025, 15:55  -  #Critiques de films

Second long métrage de Houda Benyamina après son magnifique "Divines" (2016). Entre temps elle a réalisé des épisodes de la série TV "The Eddy" (2020) et réalisé le film "Salam" (2022) un documentaire sur la rappeuse Diam's. ce nouveau projet lui a été proposé par son producteur via un court synopsis : "Ce qui m'a intriguée dans ce court synopsis, c'est quand j'ai découvert que d'Artagnan était morisque, une communauté de musulmans espagnols convertis de force au catholicisme et qui, après l'Inquisition, ont trouvé refuge en France, avant d'être à nouveau expulsés sous Louis XIII." L'idée a suivi son chemin quand j'ai relu le roman "Les Trois Mousquetaires" (1844) de Alexandre Dumas. La cinéaste cite dans ses inspirations les films de Akira Kurosawa et Sergio Leone, "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii pour "l'insolence et la liberté de ton" puis "Thelma et Louise" (1991) de Ridley Scott pour la "quête de liberté et l'émancipation féministe". La réalisatrice-scénariste co-écrit le scénario avec Fabien Suarez et Juliette Sales, un duo connu pour ses comédies médiocres, la trilogie "Belle et Sébastien" (2013-2018) et heureusement le sympathique "Normale" (2023) de Olivier Babinet...

Quand Sara, jeune fille en fuite, découvre que les Trois Mousquetaires qui protègent la Reine de France sont en réalité des femmes, elle décide de les suivre et de suivre leur exemple : se transformer pour être libre, se transformer pour être soi-même... La jeune fille, ou d'Artagnan au féminin est incarnée par Oulaya Amamra vue entre autre dans "Le Sel des Larmes" (2020) de Philippe Garrel, "Fumer fait Tousser" (2022) de Quentin Dupieux ou "Animale" (2024) de Emma Benestan et retrouve aussi sa réalisatrice (et accessoirement sa soeur) après "Divines" (2016) ainsi qeu son amie et partenaire Deborah Lukumuena vu entre temps dans "Les Invisibles" (2018) de Louis-Julien Petit ou "Entre les Vagues" (2021) de Anaïs Volpé. Les deux autres Mousquetaires sont jouées par Sabrina Ouazani vue récemment dans "Kali" (2024) de Julien Seri et "Karmapolice" (2024) de Julien Paolini, puis Daphné Patakia vue dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, "Les Cinq Diables" (2021) de Léa Mysius et "Sur la Branche" (2023) de Marie Garel-Weiss. Citons ensuite Georgina Amoros apparue dans "Tini : la Nouvelle Vie de Violetta" (2016) de Juan Pablo Buscarini ou "Rifkin's Festival" (2020) de Woody Allen, Kacey Mottet-Klein vu dans "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan, "Le Vourdalak" (2023) de Adrien Beau ou "Un Monde Violent" (2024) de Maxime Caperan, Nemo Schiffman vu dans "Elle s'en Va" (2013) de Emmanuelle Bercot, "La Promesse de l'Aube" (2017) de Eric Barbier ou "L'Empereur de Paris" (2018) de Jean-François Richet... Parlons du ridicule de la chose, la vraisemblance est plus que tendancieuse, mais surtout on sait depuis quelques années que les remakes au féminin ne sont pas une bonne idée même Hollywood s'y est cassé les dents avec entre autre "S.O.S. Fantômes" (2016) de Paul Feig et "Ocean's 8" (2018) de Gary Ross. L'idée même de femmes mousquetaires est très bonne, mais il aurait fallu assumer jusqu'au bout, en effet il a bien existé plusieurs femmes pirates !

Les premières minutes sont plutôt élégantes, un judicieux Noir et Blanc et un joli travail sur les costumes et, surtout sur des maquillages qui sont plutôt réussis même s'ils font illusions et crédibles que de loin. Mais au fur et à mesure on constate que le film souffre de moyens limités, d'où l'abus de séquences en pleine campagne où il n'y a nul besoin de décors trop onéreux, tandis que le scénario n'est qu'une succession de scénettes alternant moment de bivouac et de combats plus ou moins inspirés, sans jamais offrir le moindre souffle épique. Certains passages sont tout bonnement râtés comme le fait que la miss d'Artagnan sache soudainement se battre et même viser juste au mousquet ou qu'une Reine ne sache pas monter à cheval. Les actrices sont excellentes par contre, entre dérision et clichés elles servent un propos certe féministe mais pas bêtement anti-virilité, en cela on savoure entre autre la scène dans la diligence entre les miss mousquetaires et un couple de nobles. Le film pousse mine de rien à quelques réflexions légitimes sur les rapports homme-femme, d'un minimum de sérieux donc dans une comédie d'aventure qui pêche par contre à contre-balancer avec de l'humour juste et efficace ; en effet les gags sont souvent poussifs et lourds, assez pour tomber à plat quasi à chaque tentative. En conclusion, Le  véritable soucis du film réside donc dans sa fausse bonne idée, faussement audacieux, faussement ambitieux.

 

Note :                 

06/20
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