Brûle le Sang (2025) de Akaki Popkhadze
Premier long métrage de Akaki Popkhadze qui a pu se lancer après que son court métrage "Je Vois" (2018) ait été remarqué par Sébastien Aubert, producteur entre autre de "Pulse" (2022) de Aino Suni ou "LaRoy" (2023) de Shane Atkinson. Le réalisateur-scénariste déclare avoir puisé dans sa vie personnelle : "Ma mère est professeur de piano, mon père était gardien dans la villa d'un oligarque russe, j'ai un petit frère avec qui j'ai des relations parfois difficiles. Quand je suis arrivé en France, c'était compliqué. Je ne parlais pas la langue, je n'avais pas d'amis, je passais mes journées à regarder des films et des séries à la télévision. J'ai appris le français, ainsi, au fur et à mesure, en regardant notamment "Hercule Poirot"... Dans les quartiers populaires de Nice, un ponte de la communauté géorgienne est assassiné. Son fils Tristan, qui aspire à devenir prêtre orthodoxe, se retrouve seul avec sa mère en deuil. C'est alors que réapparaît Gabriel, le frère aîné au passé sulfureux, qui revient d'un long exil dans le but de se racheter en lavant l'honneur de la famille...
Le cadet Tristan est joué par le scénariste Florent Hill apparu surtout dans des séries TV jusque là et vu dans "Madre" (2020) de Rodrigo Sorogoyen, tandis que son frère aîné est incarné par Nicolas Duvauchelle vu dernièrement dans "Hawaii" (2023) de Mélissa Drigeard, "Un Hiver en Eté" (2023) de Laetitia Masson et "Les Rois de la Piste" (2023) de Thierry Klifa, il retrouve après "Beau Travail" (1999) de Claire Denis son partenaire Denis Lavant vu récemment dans "Sentinelle Sud" (2022) de Mathieu Gerault ou "Roqya" (2023) de Saïd Belktibia, et retrouve également après "The Bra" (2018) de Veit Helmer l'actrice Ia Shugliashvili vue notamment dans "Une Famille Heureuse" (2017) de Nana Ekvtimishvili et Simon Grob. Citons ensuite Finnegan Oldfield vu dans "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius, "Corsage" (2022) de Marie Kreutzer ou "Vermines" (2023) de Sébastien Vanicek, Sandor Funtek vu notamment dans "Dheepan" (2015) de Jacques Audiard, "Suprêmes" (2021) de Audrey Estrougou ou "L'Histoire de ma Femme" (2021) de Ildiko Enyedi, puis Jean-Philippe Ricci vu dans "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard, "Inséparables" (2019) de Varante Soudjian ou "Voleuses" (2023) de et avec Mélanie Laurent, puis Temiko Chichinadze remarquée auparavant dans "Eka et Natia, Chronique d'une Jeunesse Géorgienne" (2013) de Nana Ekvtimishvili et Simon Grob... Il y a peu il y a eu les corses dans "Le Royaume" (2024) de Julien Colonna dans une immersion clinique et mutique, cette fois on est chez les géorgiens à Nice dans une plongée dans un milieu plus prolixe, plus ouvert mais pas moins violent ni moins portée sur une certaine idée de la virilité avec les notions d'honneur et de vengeance. La mise en scène est d'ailleurs à l'image de ces deux styles, une caméra peu mobile et précise laisse place ici à une caméra fluide et toujours en mouvement autour des personnages.
Malgré tout le film évite toute esbroufe, tout spectaculaire inutile pour un style qui reste réaliste et crédible. L'utilisation de la langue géorgienne ajoute encore un crédit qui n'est pas anodin. Le film se déroule surtout comme un drame familial sur fond d'un passé problématique et vire de plus en plus dans le thriller pur avec cette idée de vendetta omniprésente. On repense beaucoup à la déclaration du cinéaste : "Les hommes forts redeviennent des petits garçons devant leurs mamans. Je veux raconter l'échec de la violence et de la vengeance. Je crois profondément que l'obstination dans la virilité, et l'honneur mène à la destruction." Ainsi on constate qu'il y a un seul personnage féminin, la mère, si on comprend la position du cinéaste ça manque tout de même de femmes et/ou, pourquoi alors ne pas avoir étoffé un peu plus le rôle de la mère qui reste impuissante et victime collatérale. Néanmoins, Akaki Popkhadze signe un premier film brutal, âpre et viscéral, mais non dénué d'une certaine tendresse même si elle est sous-jacente avec en prime des acteurs justes et investis. Un très bon moment à conseiller.
Note :